La structure vitrollaise qui porte l’estival Charlie Jazz Festival convie le pianiste Omar Sosa et le joueur de kora Seckou Keita pour un des ses Rendez-vous de Charlie à la Salle Obino. Ils seront précédés par Lars Danielsson et son quartet Liberetto.
Transparent Water, un premier album en 2017 avait scellé une amitié que le confinement a régénéré. En effet, lors du lockdown mondial, Omar Sosa et Seckou Keita se sont retrouvé dans la maison de de ce dernier à Minorque, entourés des enfants du virtuose de la kora. Au quotidien, pendant les longues semaines de cette période folle, ce dernier et le pianiste cubain installé en Espagne ont cuisiné au sens propre comme au figuré, partageant recettes tout en interrogeant les liens entre leurs deux mondes qui n’en font qu’un : le notre, leurs rapports aux ancêtres, aux esprits de la nature pendant que le monde était à l’arrêt. Une situation unique et sans précédent pour ces artistes habituellement emportés par le tourbillon des séances d’enregistrement et des concerts.
Suba (l’aube en malinké, une des langues de l’empire mandingue), ce deuxième opus disponible depuis une quinzaine de jours, donne à entendre les compositions de ces deux musiciens, enregistrées avec la complicité du percussionniste vénézuélien Gustavo Ovalles (qui résida à Marseille au début du troisième millénaire), ainsi quelques autres invités (Steve Argüelles qui réalise l’album, le violoncelliste Jacques Morelenbaum, le flutiste Dramane Dembélé…). Si cet instant précis de la journée, quand pointent les premiers rayons du soleil, peut être considéré comme une allégorie, une mise en lumière du renouvelement auxquel ils aspirent pour notre monde au lendemain de la pandémie ; eux se contentent d’affirmer que l’aube, qui inspira ces 11 plages, est avant tout pour Seckou, « son moment préféré de la journée», ajoutant dans la foulée que « c’est un instant de fraicheur et d’espoir. ». Sentiment partagé par le pianiste qui parle lui aussi d’unité. « Nous souhaitons avec cet album, dire au monde, que nous pouvons être ensemble, que nous pouvons vivre ensemble. ». Un message fort qui mérite d’être écouté et entendu.
Une fois de plus, le mariage des notes cristallines de la kora et les rondeurs onctueuses de celles du piano n’a rien de superfétatoire. Bien au contraire, il libère des climats apaisés et apaisants, transpercés, éclairés par la voix éminement inspirée – pour ne pas dire spirituelle – de Seckou Keita.
En première partie, En première partie, le contrebassiste et violoncelliste Lars Danielsson, figure de la scène suédoise, accompagné ce soir par son quartet Liberetto cultive au croisement des traditions musicales du Grand Nord et plus largement de celles du monde entier, des codes du baroque ou de la pop, un jazz délicat et aérien, un jazz qui sous d’autres latitudes et dans d’autres mers partage les mêmes aurores et le même sentiment de paix. La musique est un soin de l’âme, ne l’oublions pas !
Omar Sosa, Seckou Keita et Gustavo Ovalles + Lars Danielsson & Liberetto à la Salle Obino (rue Roumanille à Vitrolles). Le 6 novembre à 20h – 27,90 €