A la découverte de l’art des îles Salomon !
Que peut-on comprendre des iles Salomon du bout du monde ?… au nord ouest de la Nouvelle Guinée, cet atoll de centaines d’iles a accueilli pendant des siècles des peuples venant d’Australie, de Papouasie mais aussi des Maoris et autres mélanésiens.
Ces arrivées des peuples environnants s’étaleraient de -27000 ans jusqu’à 1000 après notre ère, faisant de ce grand archipel pleins de lagons un lieu unique de mélange de cultures. On y parla jusqu’à 900 dialectes et ces étranges peuples fiers et fins, bien installés, produisirent un des Arts les plus côtés chez les collectionneurs d’ objets primitifs de luxe .
Les prédateurs avides de statuettes et de CRANES GRAVES firent bombance et gros business (car bien des coupeurs de têtes animaient ces tribus imaginatives). Les missionnaires prirent leur part du butin, en faisant coup double : chasser les idoles en les vendant à des pirates !
Comme tous les ARTS SACRES, ces objets étaient très raffinés, calculés au plus près d’une vision hallucinogène du monde : bref ils étaient très beaux et fascinants, et furent la proie des trafiquants .
Les artistes qui sculptaient ces dieux, armes, bijoux, proues de pirogues poussaient l’exigence jusqu’à TEINDRE LES BOIS EN NOIR, afin que les incrustations de NACRE, COQUILLAGE ou même CORAIL blanc ..se détachent fortement, par contraste.
Ainsi les statuettes ont des regards plus puissants et des décorations (des tatouages en négatifs : argent sur fond noir) qui vibrent à la lumière, les nacres étant irisés … Quelle leçon de qualité et aussi d’efficacité ! Tous les objets de culte ou rituels doivent être CHARGES au maximum.
Souvent les objets chamaniques ( Canada, Amérique..)utilisent les coquilles nacrées en INCRUSTATIONS IRISEES, ce qui ajoute à la magie et au pouvoir des objets.
Ces statuettes sont souvent des FIGURES DE PROUE de pirogues. Ces petits êtres humanoïdes ont un MUSEAU proche du chien, pour sentir, humer et guider les piroguiers, et peut être aussi qu’un ancienne figure tutélaire de CHIEN aurait enseigné aux peuples des Iles Salomon.
A ces trésors s’ajoutent de superbes PARURES DE POITRINE OU DE FRONT. Des DISQUES DE NACRE gravés de lignes géométriques, taillés dan d’énormes coquillages… De vrais soleil sur les poitrines des chefs Salomons . (en plus de bracelets, colliers et tatouages)
Certaines sont taillées en forme de BANC de POISSONS !! ces bijoux au POUVOIR surnaturel ( le MANA) , venu des ombres, des ESPRITS DES MORTS, permettait de capter force et succès.
Parfois même, les disques de nacre sont recouverts d’écaille de TORTUE entièrement découpée et appliquée en marqueterie pour la silhouette du dessin à superposer : de l’ORFEVRERIE digne des plus beaux CHEF d’OEUVRE de notre histoire.
Là encore, ils furent de magnifiques objets de COLLECTION, le rêve des amateurs d’ART PRIMITIF de haute qualité . Imaginez aussi des RELIQUAIRES en forme de grands poissons noirs, avec de superbes ailerons et au milieu du corps une cavité contenant un crâne blanc .
Autant de trésors, par la beauté des lignes et le raffinement des détails.
Ce qui est d’autant plus ironique que le navigateur portugais parti du Pérou , qui découvrit ce lointain archipel en 1568, Alvaro de Mendana, baptisa l’île SALOMON car il cherchait la source des mines d’OR de ce Roi de l’orient ancien !!!
Comme quoi les conquistadores ( conquérant de l’or ) n’avait qu’un but, et faute de mine d’or, ils se rabattaient toujours sur les OJETS DE CULTE et de rituels . La notion d’Art n’existait pas au sens ou nous l’entendons. La beauté était gratuite, au service de l’esprit des ancêtres
Le musée du quai BRANLY a fait appel à plusieurs collections inédites, pour nous présenter ces merveilles, mais comme toujours venant d’un trafic plus que douteux, dont ces peuples sont encore victimes.
Pourtant la délicatesse et la perfection des leurs œuvres aurait pu leur valoir un peu plus de respect, et nous devrions les connaître et les admirer au même titre que d’autres grands peuples d’artisans de GENIE
L’ECLAT DES OMBRES. L’Art en Noir et Blanc des Iles Salomon.
Jusqu’au 1er Février 2015 .
Musée du QUAI BRANLY à Paris .