Leur journée commence à l’aube. Ils et elles occupent des emplois précaires et vivent en décalé, parfois au péril de leur santé. Nous les avons rencontrés.
Ils se lèvent autour de quatre heures du matin, prennent plusieurs bus ou trains de banlieue pour embaucher avant sept heures. Agents d’entretien, employés de la grande distribution, ouvriers du bâtiment… Les travailleurs du matin sont aussi des travailleurs précaires, souvent immigrés. Parfois, ils travaillent aussi le soir après une coupure. Des horaires qui affectent souvent leur vie personnelle et leur santé.
« Qui sont les travailleurs du matin ? »
Épisode 1 : Ils prennent le bus ou le RER à l’aube pour embaucher à cinq, six ou sept heures du matin. Certains finissent leur nuit dans les transports, la tempe sur la vitre du wagon. Ces travailleurs du matin occupent des emplois précaires : agents de sécurité, hommes et femmes de ménage, éboueurs, ouvriers du bâtiment, caissières… Leur salaire ne leur permet souvent pas de vivre près de Paris et ils doivent faire une ou deux heures de trajet chaque matin pour arriver sur leur lieu de travail. Ce sont beaucoup de travailleurs immigrés.
« Un rythme qui use »
Épisode 2 : Des nuits de cinq ou six heures pendant des années, la course à l’aube pour ne pas rater le bus de nuit. Ces contraintes finissent par peser sur la santé physique et mentale. Des chercheurs ont mis en évidence la prévalence de symptômes dépressifs, de dettes de sommeil, de troubles nerveux, d’obésité ou encore de risques cardiovasculaires chez les travailleurs en horaires atypiques.
« Quand le travail prend toute la place »
Épisode 3 : Fatigue, temps de trajet, amplitude horaire… le travail peut grignoter peu à peu la vie privée jusqu’à prendre toute la place. Des chercheurs parlent d’une vie “à contretemps” : on travaille sur les horaires clés de la vie familiale, comme le petit-déjeuner et le dîner pour ceux qui travaillent aussi le soir. Les travailleurs en horaires atypiques font constamment des choix et des sacrifices.
« Se lever avant les autres »
Épisode 4 : Parmi les travailleurs de l’aube, on compte beaucoup de femmes et d’hommes de ménage. Ils nettoient les locaux des entreprises avant que les salariés ne prennent leur poste, vers 8h30. Souvent, ils reviennent le soir, une fois les bureaux vides. Les syndicats du secteur du nettoyage militent depuis des années pour la mise en place du travail « en journée ». Pour la CGT par exemple, les femmes et hommes de ménage pourraient travailler en même temps que les salariés d’une entreprise, sans déranger ces derniers. Cela permettrait de revaloriser leur métier.
« Tenir le coup »
Épisode 5 : Une expression revient à presque chaque rencontre : « je ne me plains pas« . Avec quelques variantes : « c’est la vie » ou « c’est comme ça ». Tous refusent de s’apitoyer sur leur sort et beaucoup disent s’être habitués à ces rythmes. Certains retirent même une sorte de fierté de ce quotidien atypique.
Reportages signés Zoé Pallier.