Un Lewis sous les feux de la rampe ? Hamilton, pourquoi pas, le multi-champion du monde F1 et la reusta de Drive to Survive, la telenovela du vroom-vroom. Non, plutôt Lewis OfMan, petit prince de l’électropop, chouchou de l’antenne et héritier tout désigné du regretté DJ Medhi.
« Mon album est un bouquet de fleurs, choisis celle qui te convient », confiait l’intéressé à nos confrères de Sourdoreille. Mais dans ce méli-mélo floral, festif, émouvant (« un bouquet d’émotions, un moment de partage de sentiments qu’on connaît tous : la rencontre, le coup de foudre et la désillusion amoureuse. Une thérapie très intime et poétique », toujours selon le gaillard OfMan), on aurait bien du mal à se limiter à une seule pioche, à résister à l’envie d’en cueillir plus qu’un peu, beaucoup, passionnément. C’est que cette gerbe de Sonic Poems est de celles qu’on aimerait se faire offrir plus souvent, joie de recevoir, plaisir d’entendre ces tracks enregistrées dans les studios de Tim Goldsworthy (ex-LCD Soundsystem), dont Lewis OfMan était venu nous parler au micro de la Radio Nova, dans le Nova Club.
Mais si l’album (un double LP !) est paru récemment, en février dernier, ça fait bieeeen plus longtemps qu’il nous avait convaincu de ses talents de compositeur et de producteur. Pas depuis Mathusalem, le bonhomme étant tout jeune, mais cela fait quelques années, mine de rien, mine de crayon. Que ce soit, d’ailleurs, pour autrui (Rejjie Snow, Ichon, Vendredi Sur Mer, Cola Boyy, etc.) ou pour sa pomme, avec des singles aussi imparables que cet « Attitude » et son hook mélodique pianoté au Yamaha DX-7 qui colle au crâne, tel le sparadrap aux doigts du capitaine.
Ultime date d’une grande tournée hexagonale – dont quelques-unes des haltes ont été partagées avec Polo & Pan -, ce concert bordelais sera la providentielle occasion de voir le dancy boy hypokhâgneux à l’oeuvre, tous micros et synthés allumés, dans la cale de l’IBoat, cadre propice aux voyages aériens de sa musique (comme il l’imaginait dans notre Arche des futurs désirables) influencée par les élasticités colorées à la Miró, la library music italienne, Kanye West et Joao Gilberto.
Espérons que tout ceci sera suffisant, en ces temps troubles, pour mettre un instant sous l’éteignoir les ressassements aile-de-corbeau sur l’extrême-droitisation de la France, le cynisme érigé en lucidité, la pressurisation des petit.es, la gabegie des puissant.es, la mythologie bidon du capital, le cheval de Troie climatique et la sourde oreille de beaucoup vis-à-vis des alarmes d’un GIEC cassandrique, ainsi que tout autre élément local ou global, personnel ou universel, susceptible d’altérer l’édifice sableux de votre moral.
Si la dernière énumération faisait un peu trop prospectus étalant les naïves facultés remède-à-tout d’un.e marabout (de ficelle), veuillez m’en excuser. Et pas seulement avec des mots ou des onguents pommadés à la rose, hein. Mais avec de magnifiques billets, des tickets d’or qu’on vous offre avec le mot de passe Nova Aime. Si vous entendez rafler recta cette mise, au nez et à la barbe de la fatalité comme de vos semblables – tel un Greg LeMond au Tour 89 -, ça se passe juste ci-dessous.
Lewis OfMan, le vendredi 22 avril à 20h00 @ IBoat (Bordeaux).