Il n’y a pas que Los Angeles qui brûle. En janvier, une autre victime des brasiers s’était déclarée, sauf qu’elle n’a pas eu le même retentissement médiatique… Cette proie méconnue des flammes s’appelle Amsterdam. Non, pas cette Amsterdam, mais l’île française du même nom, située au milieu de l’Océan Indien. Ce bijou de biodiversité part en fumée et il serait même impossible de le sauver.
Les incendies se multiplient toujours plus sur le globe. Depuis le début de l’été austral, fin décembre, les feux ravagent la Patagonie argentine. Résultat : 36 000 hectares de terres détruites et des milliers de personnes déplacées. En janvier, la Californie a été victime de brasiers historiques, dont les coûts sont déjà estimés à plus de 275 milliards de dollars (selon le journal Le Temps). Difficile d’imaginer l’étendu des dégâts. Mais il n’y a pas que la Patagonie et la Californie qui sont touchées par les flammes. Amsterdam, ça vous dit quelque chose ?
L’île d’Amsterdam en proie à des flammes gigantesques
Rassurez-vous, il ne s’agit pas de la capitale néerlandaise, mais de l’île française d’Amsterdam, un petit caillou volcanique de 58 kilomètres carrés perdu au bout du monde, au milieu de l’Océan Indien. Selon le dernier bilan de la Préfecture des Terres Australes et Antarctiques Françaises, la moitié de cette île très isolée est déjà partie en fumée. Les autorités françaises affirment ne pas avoir d’autres choix que de laisser faire cet incendie qui ravage l’île depuis le 15 janvier. « Il n’était pas possible de lutter contre un mur de feu qui avançait avec des flammes qui mesuraient entre un et deux mètres« , raconte l’informaticien Rémi Chazot, en mission sur place, au Monde.
La biodiversité menacée de disparition
Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’île constitue un fort enjeu pour la biodiversité. Ce territoire abrite aussi la plus grande population d’albatros à bec jaune au monde, ainsi qu’une espèce endémique, l’albatros d’Amsterdam, détaille l’institut polaire français sur son site. De nombreux otaries et éléphants de mer viennent aussi s’y reproduire. Un arbre endémique, appelé Phylica arborea, y est aussi présent. Pour David Renault, directeur scientifique à l’Institut polaire français Paul-Emile Victor interrogé par France Inter, des effets « majeurs » sur la biodiversité sont à craindre.
Les recherches scientifiques menées sur l’île à l’arrêt
Pour ne rien arranger, l’île d’Amsterdam abrite aussi une base scientifique mondialement reconnue pour son suivi des concentrations de gaz à effet de serre. Marc Delmotte, responsable de la station de l’île Amsterdam explique à France 24 son importance : « L’observatoire d’Amsterdam est notre plus ancienne station, celle pour laquelle nous disposons de la plus longue série de mesures dans tout l’hémisphère Sud, puisque son programme de suivi de l’atmosphère a démarré en 1981. » Pour l’instant, les bâtiments de la base scientifique sont encore debout, mais plusieurs infrastructures d’alimentation en eau et de télécommunication ne sont déjà plus opérationnelles. L’avancée rapide des flammes n’a pas laissé d’autre choix aux 31 « habitants » de l’île (essentiellement des scientifiques et militaires en mission sur place) que d’évacuer à bord de l’Austral, un bateau de pêche à la langouste qui passait à proximité. D’autant plus qu’il était impossible d’accéder à l’île en avion, puisqu’elle ne dispose pas de piste d’atterrissage.
Une mission de reconnaissance prévue par la Marine nationale
Désormais, l’objectif pour les autorités est de mesurer l’étendue des dégâts, l’évolution de l’incendie et de rechercher ses causes éventuelles. Une mission de reconnaissance à bord du Floréal, une frégate de surveillance de la Marine nationale, doit partir de La Réunion d’un jour à l’autre afin de rejoindre l’île, selon la préfecture.