Le compositeur mixe Pierre Richard, le coup de boule de Zizou… et des inédits issus de son répertoire personnel.
Lorsqu’ils évoqueront, dans quelques années, les semaines qui viennent de s’écouler, les Français se souviendront du milieu du mois de mars et l’évoqueront ensemble comme un souvenir collectif dont chacun tiendra, car c’est ce qui fait la spécificité des humains (ce n’est pas la seule) à ajouter sa petite anecdote personnelle sur ce que lui aura ressenti, de si particulier, à ce moment-là. « Moi je me souviens, le soir de France-Brésil… », ou dans un autre genre « moi je me souviens, le jour du 11 septembre »… Et quels souvenirs alors, pendant le confinement lié à l’épidémie de Covid-19 ? « Moi pendant le confinement… »
David Sztanke, lui, se rappellera sans doute, passé la surprise, l’effarement, la peur, la colère etc. qui ont suivi les premières annonces, de ce moment où l’on s’est retrouvés face à une situation inédite — parce que Covid-19 et confinement chez soi oblige — de ce temps, si précieux et si fuyant, que l’on réclame toujours et qu’on nous a livré d’un coup sans qu’on n’y soit préparé. Hallelujah ? L’angoisse, d’abord. Parce que BFM TV, les morts proches ou lointains, les asphyxies générales, les murs qui se rétrécissent à vue d’œil. David, leader de feu Tahiti Boy and Palmtree Family, compositeur de musiques de film pour Dupieux, Honoré ou Éric Judor, auteur d’un album avec Sergio Dias d’Os Mutantes (We are the Lilies) et auteur d’un album franchement fascinant et indianophile — Air India — sorti l’an dernier sur Entreprise :
Air Chez-soi
« J’avais vraiment du temps au début du confinement. Je n’y suis pas habitué, il fallait l’occuper. J’étais comme tout le monde, l’ambiance était anxiogène. À ce moment-là, j’aurais bien aimé être un genre d’imbécile heureux, un mec ou une nana un peu insouciant qui ne comprend pas tout ce qui se passe mais pour qui ce n’est pas grave. Le seul moyen de se détacher de ce qui se passe c’est de ne pas le comprendre : j’avais besoin de me détacher ».
David fouille alors dans ses archives, physiques et mémorielles. Il en ressort quelques sons jamais utilisés (beaucoup de chutes de bandes originales de films, notamment), et des souvenirs de moments plus drôles que ce qu’il était en train de vivre.« Je me suis dit qu’il nous manquait un truc un peu con, saugrenu, farfelu. De manière irréfléchie, j’ai cherché une légèreté. Et je l’ai trouvé. Ça a réussi parce que quand j’ai fait ce mix, je me suis marré. »
Il m’a traité d’abruti. C’est une affaire entre lui et moi.
Un mix donc. Celui que David Sztanke, un habitué de la maison Nova — son premier passage à la radio, rappelle-t-il, date de 2003 à l’époque du 33 rue du faubourg Saint-Antoine — nous a envoyé spontanément dès lors qu’il a été terminé. Il y a donc inséré une multitude d’inédits (du jazz pimenté, du funk spatial, de la pop soleil, de la disco psyché…), un remix proposé pour Run the Jewels, et des extraits… de la finale de la Coupe du Monde de football 2006 (le coup de boule de Zidane…), des Aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury, de La Chèvre de Francis Veber (« Il m’a traité d’abruti. C’est une affaire entre lui et moi »).
Chez David Sztanke, l’imbécile heureux (qu’il fantasme, mais qui lui ressemble peu) est devenu l’imbécile audio, et ce mix que l’on vous dévoile donc aujourd’hui en exclusivité sur nova.fr. « Pour moi, travailler là-dessus a été une petite bouée de sauvetage. Pendant quelques heures, j’ai pensé à autre chose ». À votre tour, désormais, et bon déconfinement à vous.
Visuel © Pierre-Emmanuel Testard