C’est une histoire vraie, promis.
Dans Pour que tu rêves encore, la matinale de Nova, tous les jours à 7h30, Marie Misset vous conte une histoire, mais une histoire tout ce qu’il y a de plus vrai. Vous pouvez la lire, ici, ou bien l’écouter, en podcast.
Ceci est une histoire vraie aux sources sourcées. Notre héros s’appelle Pistelli, il est catalan. Fils d’une famille de forains ambulants, il rêve de gloire et de paillettes. En 1898, il décide de partir à Cuba et d’y importer le cinéma. Il a – pour toute fortune – une caméra et un projecteur. Léger problème, lorsqu’il arrive à la Havane, un lyonnais, envoyé par les frères Lumière, est déjà là. Il a même déjà tourné un petit film avec la star locale.
Les rêves de Pistelli s’effondrent… Enfin pas tout à fait. Un compatriote normand (apparemment, il y avait beaucoup de Français qui se baladaient à Cuba, et attendez, vous n’êtes pas au bout de vos surprises) lui propose d’être rabatteur pour le tenancier d’un bordel où les prostituées sont toutes normandes.
Dans le quartier, la concurrence est rude. Mais Pistelli, qui a toujours sa caméra, a une idée pour booster le business. Il propose alors de filmer les filles les plus délurées. Le succès est dingue et immédiat. Pistelli vient de tourner les premiers films érotique de l’histoire. Et, phénomène d’autant plus moderne, ses films s’exportent. Partout. Le roi d’Espagne, notamment, lui en commande trois.
Pistelli est riche. Et il aime toujours le cinéma d’amour. Avec ses sous, il rêve d’une vraie salle de cinéma à l’italienne avec un rideau rouge au milieu de La Havane. Ce sera le Campo Amor, qui ouvre le 15 août 1910. Il aura fallu seulement douze ans à Pistelli pour réaliser tous ses rêves. Toute La Havane se presse au Campo Amor, qui diffuse toujours des films galants, des films érotiques, quoi. Dans cette histoire il y a du sexe, il y a de l’argent il ne manque qu’une chose : la mort. Ce à quoi l’assassinat de Pistelli en 1914 remédiera définitivement.
Pour en savoir plus
Samedi 10 et dimanche 11 novembre, Festival Les Étoiles du Documentaire 2018 se tient au Forum des Halles à Paris. Parmi les trente films présentés, Le Campo Amor de la Havane de Joël Fargès, raconte l’histoire de cette salle mythique.
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