Par Caroline du Saint de Nova Production.
Tout commence par une pièce de théâtre jouée à Oslo il y a un environ deux ans. Une pièce engagée militante qui veut dénoncer l’extrême droite et les populistes qui veulent faire de la Norvège une société raciste.
Pour cela, les artistes ont filmé, de loin, les devantures des maisons de plusieurs responsables populistes et d’extrême droite.
Parmi elles : la maison du ministre de la justice populiste… Tor Mikkel Wara.
C’est la journaliste Anne François Hivert qui nous la suite de cette histoire incroyable dans le journal le Monde. Les faits s’enchainent à toute vitesse…
Très vite l’extrême droite et dénonce la violation terrible de la vie privée notamment du ministre. La mise en danger de ses proches. Et c’est ce qui semble arriver en effet.
Deux semaines après la pièce : une croix gammée est peinte sur les murs de sa résidence. Puis ce sont des tags, des lettres anonymes qui arrivent. Des bouteilles d’essence sont retrouvées sous la maison. Enfin la voiture du ministre de la justice est brulée.
Bref pour tout le monde l’affaire est pliée : c’est la directrice du théâtre et ses artistes qui sont responsables. Ils sont à leur tour harcelés, menacés.
La presse les dénoncent… La question des subventions du théâtre est posée. Sauf qu’au mois de mars dernier la police vient perquisitionner la maison du ministre. Les caméras des chaines tout info filment et les Norvégiens voient en direct ressortir les enquêteurs les bras chargés de matériel.
Que s’est il passé ? De nouvelles menaces voire des attaques ? Pas du tout …
C’est finalement… la femme du ministre qui est arrêtée ! C’est elle qui a tout manigancé. Elle qui a taggé sa propre maison, et brulé la voiture de son mari. Les policiers s’en sont rendu compte parce qu’avant chaque attaque, et notamment avant l’incendie de la voiture, les caméras de surveillance étaient éteintes… Et rallumées juste après…
Quand ils vont perquisitionner ils trouvent les bidons d’essence, les timbres et l’imprimante qui ont servi pour envoyer les lettres de menaces au théâtre. Elle, c’est Laila Bertheussen, discrète femme au foyer, sa compagne depuis 25 ans… Pourquoi a-t-elle détruit sa propre maison ?
Pas par vengeance… Mais tout simplement faire accuser la directrice de théâtre. Et ça a marché. Le procès s’est ouvert la semaine dernière devant le tribunal d’Oslo. La directrice du théâtre qui a témoignent disent à quels point ils sont soulagés !
Mais aussi que le plus effrayant dans cette histoire c’est de voir à quel point la presse et l’opinion publique ont pris pour argent contant le récit de l’extrême droite. Elle a parlé aussi de l’effet dissuasif que cette affaire avait eu sur tous les artistes qui sont maintenant prévenus et durablement effrayés. Au final, tout n’est quand même pas perdu dans cette affaire la plus bizarre de l’histoire Norvégienne selon la presse.
Puisque l’Etat de droit a fonctionné normalement, aujourd’hui c’es bien la femme du ministre qui est jugée, et qui risque 16 années de prison.