Initiée en 1995 , la Gare de Coustellet est un «espace de curiosités artistiques, culturelles et citoyennes » en milieu rural, une sorte de nœud ferroviaire vers lequel convergent musiques et public d’horizons différents. Avant tout à l’écoute de l’émergence et sans esprit de chapelle, les programmations de La Gare évoluent à l’image de ses publics multiples et au grè des époques. Ici, les spectateurs du lieu sont aussi parfois acteurs de cette usine à rencontres, de ce temple de l’inclusion pour reprendre un terme à la mode.
Durant les prochaines semaines, en attendant leur réouverture, Nova donne la parole aux salles de spectacle et festivals amis de la radio.
Nous vous proposons un petit tour de France de ces structures qui font bouger activement la culture dans leurs régions. Ce sont nos partenaires et camarades que nous vous présentons aux six coins de l’hexagone. Qui sont-ils ? Que défendent-ils ? Quel est le dernier événement qui les a marqué et quels sont leurs espoirs pour 2021 ? Ils passent tou.t.es par notre petit questionnaire de rentrée.
Aujourd’hui, c’est au tour de l’équipe de la Gare de Coustelet de répondre à notre questionnaire.
- Racontez-nous l’histoire de la salle. Quelle est sa philosophie, son identité ?
Tout commence en 1995 par la création de l’association A.V.E.C : Animation Vauclusienne Educative et Culturelle, fondée par quatre jeunes du secteur de l’animation, ayant pour objet de faire du lien entre le secteur culturel et social pour limiter l’exode rurale des jeunes. Après quelque mois de démarches et recherches, c’est dans l’ancienne gare SNCF de Maubec (au pied du Luberon) que le projet se matérialise et se lance sous la forme de “Café musiques”.
A l’été 1996 les premières actions démarrent avec un séjour d’adolescents en partenariat avec la mairie de l’Isle-sur-Sorgue, des ateliers culturels pour les jeunes en partenariats avec la ville de Cavaillon et le premier concert “officiel” le 9 août 1996, jour de la Saint Amour !
Au fil du temps, le projet associatif s’est structuré et s’est professionnalisé : label “Scène de musiques actuelles” en 1999, agrément “base de loisirs / Espace de vie sociale” en 2001…
Ainsi, depuis plus de 24 ans maintenant, l’association A.V.E.C qui gère La Gare de Coustellet, met en œuvre un projet à plusieurs entrées (sociales et culturelles) pour favoriser des dynamiques en milieu rural mais aussi travailler à la transformation et à l’innovation sociale.
Nous partons du principe que tout ne rentre pas dans des cases, l’objet étant de favoriser la rencontre, l’échange, le faire ensemble, pour donner vie à des besoins, à des projets, à des envies (artistiques, culturelles, sociales) dans notre localité et au-delà à travers un travail en réseaux (départementaux, régionaux, nationaux). D’où le nom de notre association : A.V.E.C (Animation Vauclusienne Éducative et Culturelle) !
Hors crise sanitaire, la Gare de Coustellet fait écho à son essence : un lieu de vie et de passages, un lieu de tous les départs, dans lequel s’animent de multiples rdv, « in situ » comme à l’extérieur.
Dans l’ordre et dans le désordre, se croisent et s’enchaînent : des concerts hebdomadaires, des activités chaque semaine, ainsi que des séjours pour les jeunes, des résidences d’artistes et d’accompagnement tous les mois, des cafés thématiques (musique(s), parentalité…), des rencontres avec des musiciens professionnels et amateurs, des partenariats avec des associations locales, des tremplins musicaux (Musika Jump et Elektro Jump), des ateliers de pratiques (pour débuter dans le “numérique”, la lumière, la sonorisation…), des interventions éducatives, l’accueil et l’information dans notre centre de ressources, sans oublier le fonctionnement du bar de l’association ouvert lors du marché paysan…
Son identité, elle l’exprime à travers des valeurs d’ouverture, de mixité, de partage, de transmission, afin d’agir pour la mise en actes des droits culturels, du développement durable et de l’économie sociale et solidaire. Etant issue de l’éducation populaire, elle œuvre pour son renouveau, au regard des transformations sociétales.
La Gare de Coustellet est un “espace de curiosités artistiques, culturelles et citoyennes” qui invite à créer, à travers son projet social et culturel, un quotidien original et solidaire grâce à la mise en place d’une dynamique associative de territoire.
Sur le terrain, le projet prend vie et sens grâce à des énergies humanistes et un travail collectif, un engagement permanent des administrateurs bénévoles, des bénévoles, des salariés, des adhérents, des artistes, des habitants, des jeunes et des partenaires.
- Quelle est votre couleur musicale, votre ligne artistique ?
Pour ce qui est de notre projet artistique, nous nous engageons à soutenir des projets et artistes émergents. Nous œuvrons aussi au développement de la nouvelle scène, favorisons la rencontre des mondes et des cultures dans toute leur diversité, nous recherchons à produire de « l’expérimentation » artistique, culturelle et sociale et bien sûr à diffuser du spectacle vivant avec un grand V.
La couleur musicale est donc à l’image de cette défense et besoin de diversités pour ouvrir les horizons. Depuis toujours la Gare de Coustellet se fait l’écrin de projets, d’artistes, aux univers hétéroclites et hybrides, mélangeant des genres à la fois musicaux mais aussi artistiques (danse, poésie, arts visuels …) et culturels . C’est aussi à travers des projets engagés sur des valeurs humanistes qui attisent notre attention, qu’elle se positionne pour aider au partage et la diffusion des messages.
Si on devait tout de même donner une couleur artistique, ce serait plus à travers l’histoire du lieu et du public qui le fréquente. Historiquement, les esthétiques rock, de musiques traditionnelles et toutes les musiques dansantes ont toujours pu s’exprimer dans ses murs. Il y a également un attachement particulier pour les musiques inclassables, dans le passé, à travers le festival « Gare Aux Oreilles » ou encore aujourd’hui via le temps fort « Les musiques inclassables font le printemps ».
- Un des derniers événements / concerts programmés qui vous a tout particulièrement marqué.
Certes l’organisation de concerts / d’événements sous forme de rassemblements n’est toujours pas autorisée, mais c’est l’occasion de montrer au “grand public” et à la sphère médiatique qu’une structure labelisée “Scène de musique actuelles” (comme la notre) n’est pas qu’un espace de diffusion. Au regard du contexte, il est indispensable d »agir là où les besoins sont les plus importants et vitaux. Pour nous il s’agit de continuer et renforcer :
- l’accompagnement des artistes et favoriser la création.
- l’action culturelle et l’éducation artistique et culturelle en direction des enfants et des jeunes
Pour la partie programmation, nous sommes bien conscients que l’activité sera « dégradée » encore un certain temps … nous repensons, pour les mois à venir, une nouvelle façon de programmer (quand ce sera possible) pour rééquilibrer les temps de diffusion et aussi les temps d’accompagnement, d’actions culturelles et de création qui sont tout aussi importants dans nos missions.
Pour cela, l’idée est d’alterner des rendez-vous hebdomadaires, pluriels (cafés théma, soirées d’impro, de démo, d’initiations, ateliers pratiques…), surprenants, comme des rendez-vous “galants” toujours différents pour entretenir la flamme et qui feront une part belle aux propositions musicales et artistiques. Et puis des temps forts, toute l’année, dont les formes pourraient être différentes à chaque fois – ou presque – ouvertes aux possibles et aux partenariats, plurielles dans les esthétiques, implantées et circulantes sur le territoire, un espace de liberté tant pour nous que pour le public, une respiration …
On aimerait amorcer cette « relance » pour le printemps mais, héhé, nous ne sommes pas dupes !
En attendant nous expérimentons de nouveaux espaces / temps virtuels (café musiques des confins sur les ondes radiophoniques, web tv avec l’Accueil Jeunes, café des parents en visioconférences …), pour continuer à partager et rester connectés mais aussi dans la perspective de les utiliser pour la suite comme une boîte à outils évolutive. Nous restons également un lieu de création, avec l’accueil d’une équipe artistique une fois par mois lors d’une résidence et d’accompagnement personnalisé (sur rendez-vous).
Dans tous les cas, nous rêvons de simplicité, loin de toutes ces réalités actuelles qui emprisonnent le vivant, la spontanéité, les liens humains et le partage. Nous rêvons de retrouvailles et de cette effervescence de dernière minute, lorsque l’ouverture public approche, et que nous devons tout finaliser, dans la course et les bugs techniques, pour se présenter à vous, fin prêts et impatients …
En attendant le retour de la musique en live et en physique à la gare de Coustelet, les équipes vous offre des invitations pour une soirée de votre choix et des badges made in La Gare !
Pour jouer c’est —> ICI