Jusqu’au 7 juillet, le second tour des élections législatives anticipées, Nova passe en revue ce qu’il se passe dans les pays qui expérimentent l’extrême droite. Aujourd’hui, Thomas Zribi montre les changements en Italie depuis l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni.
En ces temps inquiétants, lors de ces longues nuits de mauvais sommeil depuis les dernières élections, on a tous tendance à se raconter un peu n’importe quoi.
Pour imaginer ce qu’il pourrait se passer concrètement si l’extrême droite gagnait les élections en France dans deux semaines, il faut regarder ce qui passe aujourd’hui à côté de chez nous, et l’un des bons exemples est l’Italie.
Giorgia Meloni gouverne ce pays depuis un an et demi maintenant. Son parti a beaucoup de points communs avec le Rassemblement National, avec des références au fascisme et à ses origines et un discours anti-tout : anti Europe, anti-immigrés, anti-islam, antiavortement, anti LGBT…
Lorsqu’elle est arrivée au pouvoir, elle s’est assagie. Elle n’a pas mis en place un blocus naval pour empêcher les migrants venus d’Afrique, comme elle l’avait promis. Elle n’a pas non plus refusé de soutenir l’Ukraine, au nom de son soutien à Poutine, ni craché au visage de l’Union européenne comme tout le monde le redoutait.
C’est par petites touches qu’elle a réussi à changer, déjà, son pays
Elle a commencé par faire voter des lois sécuritaires : de la prison ferme pour les organisateurs de rave-party, des dizaines de milliers d’euros d’amende pour les militants écologistes qui balancent de la peinture sur des monuments.
Mais aussi de la prison pour les parents de mineurs délinquants, ainsi que la suppression des allocations familiales.
Une atmosphère répressive qui se propage dans toute la société
Il n’y a pas que les lois, il y a l’atmosphère aussi : les policiers sont de plus en plus violents lors de manifestations, et il a de plus en plus de harcèlement envers les ONG qui soutiennent les migrants.
Même si la loi permet toujours l’IVG, il est de plus en plus difficile de trouver un hôpital qui la pratique, tandis que les régions dirigées par l’extrême droite financent des associations anti-avortement qui se rendent dans les hôpitaux pour tenter de convaincre les femmes de garder leur bébé.
Même chose pour les droits des LGBT : tout est fait pour empêcher la reconnaissance de familles homoparentales.
Sans oublier l’attaque contre les médias publics
Juste après l’accession de Meloni au pouvoir, des proches de son parti ont été nommés à la tête de la Rai (pour Radiotelevisione italiana), la télévision d’État.
Et cela se ressent déjà dans les programmes. Récemment, le chercheur Antonio Scurati, spécialiste de l’histoire de Mussolini, a été censuré à l’antenne alors qu’il s’apprêtait justement à critiquer le rapport de la 1ʳᵉ ministre avec le fascisme.
Tout cela illustre une stratégie : une politique d’extrême droite se met en place petit à petit, petite mesure par petite mesure, une atteinte aux libertés après l’autre.
Et le pire dans tout ça, c’est que cela ne semble pas déranger de nombreux Italiens, qui ont voté majoritairement pour Meloni aux dernières élections européennes. Les opposants au pouvoir tremblent et ses partisans sont bien contents.
Jusqu’au second tour des élections législatives anticipées, le 7 juillet, retrouvez tous les matins dans « T’as vu l’heure ? » une chronique qui braque le projecteur sur les pays où l’extrême droite est au pouvoir.