Une pop enivrante, résultat d’une influence de LSD et d’une ouverture aux autres.
Il aura fallu une bonne pause et un changement de méthode pour accoucher de ce 4e projet. Les deux précédents albums, Congratulations et MGMT, bien que générant un peu d’enthousiasme côté critique, ne trouvent pas vraiment grâce aux oreilles du public.
Alors vient le temps de faire un break, qui entraîne une remise en question de la méthode. Les deux principaux artisans de MGMT tentent bien de poursuivre sur leur modus operandi, on écrit chacun de notre côté et on s’envoie des mails, puis on voit en studio ce que ça donne. Mais ça ne donne rien de bien séduisant.
Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser tentent alors une autre approche, en 2 parties. La première plairait, on en est sûr, aux figures de la génération Flower Power : ce sont les sessions de travail sous influence du LSD. Ça leur permet d’ouvrir une brèche (avec l’invisible peut-être), et d’obtenir des premiers résultats concluants. La seconde approche, c’est l’ouverture aussi, mais vers les autres cette fois-ci. En clair, c’est l’apport d’autres personnes, extérieures au groupe, à l’écriture, qui permet de s’y engouffrer franchement, dans cette brèche.
Et puis on ne peut pas nier le rôle du contexte historique dans ce disque, enregistré en 2016, alors qu’une Amérique stupéfaite se devait de regarder son clivage social en face, et réalisait que les 4 prochaines années (minimum) se vivrait avec l’ex-star de la téléréalité, businessman à succès (autoproclamé, je précise) Donald Trump. Le titre de l’album vient de là, une ère sombre, un dark age, avec tout de même une petite note d’espoir, c’est “Little Dark Age« , montrant que les MGMT souhaitait que cette ère sombre ne soit qu’une parenthèse.
Cette pochette aux tons jaune qui habille le disque vous rappelle surement le tableau “Le Cri” d’Edvard Munch, toujours cette idée de stupeur horrifiée face aux événement qui marque notre époque. C’est bien ce tableau qui a inspiré le 1er numéro du fanzine Witness to the Bizarre, une publication spécialisée dans les récits horrifiques, paru en 1988, et repris donc pour illustrer ce quatrième long format du groupe MGMT.
Ce qu’on note dans ce single (Little Dark Age donc), qui signe un retour vers les ébauches de joie hyperbolique que dessinait leur premier disque Oracular Spectacular, c’est que ce climat anxiogène se traduit en mélodie pop enivrante chez eux. Si c’est ce qu’il faut pour inspirer les MGMT, on peut malheureusement se dire qu’ils n’ont pas fini de nous concocter des tubes, pour notre plus grand malheur…