Face à la fermeture de nombreux lieux culturels et non des moindres en Guadeloupe, il y a pourtant de quoi espérer dans la puissance créatrice, l’invention et l’imagination du collectif CAC Awtis Resistans.
C’était un bloc de béton, désarmé depuis 2008 pour cause de rénovation, c’est devenu une ruche.
Le Centre des Arts était le temple de la vie culturelle de Pointe-à -Pitre non loin de la place des martyres de la liberté et de l’Hôtel de ville. Les travaux démarrés en 2015 devaient permettre de rouvrir le site en 2018.
Fermé depuis 13 ans sans que nul ne puisse prédire sa date de réouverture, le quatre juillet dernier, un collectif d’artistes organisé et déterminé CAC Kolectif Awtis Resistans et un nouveau parti politique l’ANG ( l’Alliance Nationale Gwadloup) ont donc décidé d’investir le vaisseau fantôme.
Aujourd’hui, c’est devenu un tiers lieu sécurisé où les artistes interviennent avec beaucoup d’ingéniosité, armés de pinceaux, de bombe, de peinture et de tout ce qui peut tomber sous la main dans ce dédale de murs intérieurs/extérieurs, où les marches d’escalier se sont transformées en « bibliomarche ».
Les auteurs majeurs de la caraïbe se côtoient où des gaines de climatisation en caoutchouc servent à fabriquer un colibri géant et surtout où toutes les surfaces de murs libres se transforment en fresques de liberté d’expression.
Des concerts, des léwoz au son du tambour ka se déroulent sur le parvis. L’artiste peintre militant Joel Nankin et membre fondateur du légendaire groupe Akiyo est passé au micro de Caroline Bourgine dans Néo Géo Nova : « Vous savez, parler du Centre des Arts, c’est parler du fonctionnement de la cité.» et Fabienne Bassien Caspa, membre du collectif, s’est improvisée guide accompagnée de la commissaire d’exposition Nathalie Hainaut.
Pour être pris au sérieux et peser de tout son poids, le collectif s’est structuré avec 6 collèges : arts plastiques, arts visuels, spectacle vivant, prestataire et production, formation et éducation populaire, patrimoine.
Se souviendront longtemps ceux qui se sont rassemblés le trois août dernier pour la veillée mortuaire de Jacob Desvarieux, l’un des cofondateur du groupe Kassav’.
Les politiques semblent surveiller plutôt de loin cette ruche qui les dépasse et dont ils sont pourtant responsables. La communauté d’agglomération Cap Excellence doit requalifier le dossier et son plan de financement avec la Région, le Département, les Fonds Européens et la ville de Pointe-à-Pitre.
Mais il va falloir désormais compter avec ce collectif bien déterminé et organisé qui archive tout ce qui s’y déroule : CAC Awtis Resistans.