Cet écrivain et journaliste parisien suggère de « faire raquer davantage » les grands gagnants de la crise sanitaire, Google, Apple, Facebook, Amazon ou Microsoft, afin de financer nos hôpitaux.
« Notre but, avec Google, est super simple. Nous voulons bâtir une technologie qui touche tout le monde et que tout le monde aime. Nous voulons créer des services qui soient si beaux, si intuitifs et si utiles que les gens s’en servent deux fois par jour. Exactement comme avec leur brosse à dents. Il n’y a pas tellement de choses que les gens utilisent deux fois par jour. » Placée par l’écrivain parisien Loïc Hecht en exergue de son premier roman, Le Syndrome de Palo Alto, publié en janvier dernier aux éditions Léo Scheer, cette citation de Larry Page – cofondateur du moteur de recherche le plus célèbre du monde – résonne de manière étrange avec nos deux mois de confinement, enchaîné.e.s au télétravail entre un apéro Zoom, six boucles WhatsApp, des cours à distance ou deux livraisons Deliveroo. Dans le livre, elle précède un autre constat, signé des anars du Comité invisible, qui ferait presque figure de mode d’emploi pour nous, tristes cibles en pantoufles de l’ultra-libéralisme : « Rejeté sans trêve de l’euphorie à l’hébétude et de l’hébétude à l’euphorie, l’homme occidental tente de remédier à son absence par toute une accumulation d’expertises, de prothèses, de relations, par toute une quincaillerie technologie finalement décevante. »
Mais l’hébétude – et le sentiment récurrent de se faire « avoir », de manière douce, nébuleuse et silencieuse – pourrait être compensée si l’État décidait de suivre l’idéal de justice fiscale énoncé ici par Loïc Hecht, également journaliste pour Slate ou GQ, pour justifier l’emprise des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) « et tous leurs petits potes » sur nos existences. « Y a une douille. On le sait, quand c’est gratos, c’est généralement que le produit, c’est nous. » En échange des profits « de malades » générés par la vente de nos données personnelles, il conviendrait selon lui de taxer plus durement ces entreprises afin, par exemple, de résorber le manque des moyens des hôpitaux et d’embaucher des soignants. Un vrai moteur pour la recherche, en somme.
Pour réécouter Loïc Hecht évoquer sur Nova les oubliés de la Silicon Valley dans Tech paf, animée par Marie Misset, c’est ici.
Visuel © The Social Network, de David Fincher (2010).