La chanteuse réunionnaise partage le clip d’un morceau qui répare autant qu’il guérit.
Faire de la musique pour se réparer, pour guérir, pour avancer, pour tourner des pages qui, à force d’être tournées, permettent de changer de chapitre. Chez Ann O’aro, la musique et en l’occurrence, ce maloya qu’elle défend sur disque depuis l’année 2018, n’est pas cet art que certains font pour se divertir, pour occuper le temps, pour occuper l’espace, pour occuper le réseau social qui se nourrit du like, du commentaire, du partage. Ici, on parle de vie.
Ann O’aro chante, joue, compose, parce qu’elle ne peut faire autrement. Parce qu’il y a une enfance à oublier, des plaies à cicatriser, des chemins à emprunter, des énigmes à résoudre, des sourires à construire. Le maloya est sa Potion à elle, pour reprendre un terme propre à Jeanne Lacaille, qui avait reçu Ann lors d’une séance radiophonique sans canapé ni concepts freudiens, mais avec le maloya comme unique thérapie. Ici, la musique sert à vivre.
Sur « Longoz », le morceau qui est la raison de cet article, la voix d’Ann semble provenir du fin-fond d’elle-même, de s’extraire du corps après y avoir été emprisonné longtemps. Elle fait l’effet d’une caresse sur une nuque qui se coince, et qui a besoin d’être détendue pour pouvoir se libérer. C’est l’idée de réparation, vraiment, qui domine.
Ann O’aro, nous la retrouvons donc aujourd’hui porteuse d’un clip bouleversé, intense, cathartique. C’est sa marque de fabrique. C’est, musicalement, ce qui la définit. Ce clip vient illustrer le morceau « Longoz », issu de l’album du même nom sorti sur Cobalt / Buda Musique. Réalisée par Ann elle-même et par Emile Cervia, cette vidéo nous est commentée par son autrice, qui a tenu à partager avec Radio Nova ce moment de grâce tellement intime et évidemment, comme tout ce qui est réussi, tellement universel. Attention, à venir, un peu de douleur et surtout, beaucoup de poésie.
« Longoz part de cette peau pendue, de ce cadavre dans l’arbre là, impossible à décrocher. Et tout autour, danse et personnages : confusion et agitation pour essayer d’oublier, de ne pas s’y confronter. Le bestiaire-chorale alentour propose une femme-poisson en panneau signalisateur, un soûlard dégringolant, un balayeur martial, un voyeur à crâne de veau.Ou comment éprouver le chemin vers la résilience qui n’est elle-même qu’un mouvement jamais acquis et sans cesse en aller-retour…«
Ann O’aro démarre bientôt sa tournée automnale, avec un passage par Paris le 2 décembre au New Morning, une date à Morlaix le 4 décembre ou une autre à Brest le 8 décembre. Plus d’infos et plus de dates sur Facebook.