L’ancien premier Premier ministre de l’alternance avait imaginé la France de 2015
Pierre Mauroy s’est éteint ce vendredi à 84 ans. Celui qui était affectueusement surnommé « Gros quinquin » (parce que né dans le Nord, région célèbre pour l’hymne des gaillards chtis « Ptit Quinquin ») avait pondu en 2000 un rapport visionnaire et prometteur, 154 propositions pour une néo France plus décentralisée !
On connaissait Mauroy, le premier ministre de Mitterrand (1981-1984), pendant ces années du premier septennat de gauche, où le slogan « changer la vie » avait encore du souffle et fière haleine ! Abolition de la peine de mort, semaine de 39 heures, 5 semaines de congés payés, nationalisations, libération des ondes etc.
Evidement il y aussi Mauroy, le maire de Lille pendant 28 ans, instigateur de modernité. Le quartier Euralille, la tertiairisation de la ville, et puis le métro, le TGV, et même le tunnel sous la Manche.
Un rapport visionnaire pour les Français
Autres mutations engendrées par Mauroy, et moins connues, un rapport rendu en 2000 au premier ministre de l’époque, Lionel Jospin, pour une nouvelle politique locale. Un rapport qui s’inscrit sur le long terme, précisément un horizon de 10 à 15 ans.
La France de 2015 envisagée par Mauroy devait être très différente de celle que nous connaissons aujourd’hui… Une démocratie de proximité, bâtie autour d’un pouvoir régional fort, qui dépasse la notion d' »exception française ». Un régionalisme intelligent apte à engager la compétition économique avec ses partenaires européens.
Le droit de vote aux étrangers
Bon nombre de ces préconisations sont toujours d’actualité ! Fiche bristole :
Le pouvoir à la région. C’était l’idée principale mise en lumière par les 154 propositions du rapport Mauroy. La région se charge elle-même de la construction des universités, de la formation professionnelle, des transports ferroviaires, des aides au logement et aux PME. Au département seraient attribués la santé scolaire et l’entretien du réseau routier.
Les départements devaient être en mesure de rivaliser avec leurs partenaires européens. Les régions devaient donc voir une véritable autonomie fiscale pour rentrer dans cette compétition économique. Par conséquent, il y aurait de nouveaux impôts et taxes spécialisés. Pas de bol, quelques semaines avant la remise du rapport, 9 élus de droite sur les 22 de la Commission démissionnent pour protester !
Ultimes points clef : le droit de vote des étrangers d’origine non communautaire aux élections locales, et le développement de nouvelles formes de participation des citoyens à la vie locale. Pour éviter les mandats de monarques, un petit coup de main aux élus locaux était aussi prévu, avec un « congé électif » qui leur permettrait de retrouver un emploi à l’issue de leur mandat. Malin.
Bref Mauroy était voyant et inspiré. Il serait temps de regarder à nouveau les préceptes de cette décentralisation 2.0 !