Le musicien et chanteur franco-libanais dort peu-être mal, mais compose terriblement bien.
L’Insomnie. Celle qui empêche de dormir et de reposer l’esprit, qui alourdit le corps, mais qui permet de réfléchir, de prendre du recul, de renforcer les vilaines cernes que vous portez sous les yeux, de se projeter vers demain ou au contraire, de reculer vers hier en regardant dans le rétro et en se disant : et si ça avait été autrement ? L’insomnie, vous connaissez le concept (quelques-uns d’entre vous, du moins) et Bachar Mar-Khalifé aussi : « Insomnia » est le nom du nouveau morceau de l’artiste franco-libanais, multi-instrumentiste et poète singulier, fils du génial compositeur et chanteur Marcel Khalifé. Ce morceau fait figure d’extrait à son album, On/Off, qui arrive le 23 octobre (voilà pour la promo) et fait figure, aussi de boule émotionnel éclatante (voilà pour le credo).
Bachar seul devant son piano, accompagné par des souvenirs anciens et des projections futures, et pénétré par une mélancolie qu’on lui connaît, parfois, lorsque l’émotion guette de trop près… On se souvient de la pièce cathartique et somptueuse qu’il donnait au théâtre des Bouffes du Nord un soir de 2014 (Le paradis de Helki, dans le cadre du festival Beyond my piano) et des plages les plus traumatiques de Ya Balad (« Mon pays » en arabe), son album qu’il sortait sur InFiné en 2015 et dont on avait adoré les instants les plus endiablés (« Lemon ») comme les plus plombés (« Balcoon », « Layla »). Aujourd’hui comme hier, à la trop grande émotion laisse place la très belle explosion, comme lorsque le manque de sommeil implique le bon gros dérèglement de l’humeur. Quand on laisse planer l’esprit, se libère-t-il pour de vrai ?
La vidéo que l’on évoque ici a été tournée au Liban, là où son album a été fabriqué (il en racontait la genèse cette semaine à Jeanne Lacaille), à l’écart du monde des hommes et en plein cœur de celui des idées, dans une vieille maison de famille rendue difficilement inaccessible par l’état des routes et d’un pays dont la capitale, Beyrouth, est actuellement terriblement touchée par une crise sociale et sanitaire de grande envergure.
Le morceau dure un peu plus de cinq minutes et on souhaiterait qu’il en dure 50 de plus. Bachar Mar-Khalifé vous donne un aperçu de ses insomnies à lui. Profitez-en.
Visuel © clip d' »Insomnia » de Bachar Mar-Khalifé