La salsa en deuil.
Les années 80 de Nova étaient muy caliente. Sur les ondes, on a longtemps chaloupé sur un cri, signal de la fiesta salsa… « Sandunga, Sandunguera ». L’empreinte du groupe cubain Los Van Van. Son leader, bassiste du groupe dès ses débuts en 1969, Juan Formell, nous a quitté hier.
Eh oui, 45 ans en pointe, une sacrée longévité pour un big band, qui a révolutionné… Cuba. Bon, La charanga de l’Orquesta Aragon écume encore le monde, avec 75 ans de vie. Mais Los Van Van (à la Havane, on prononce comme un fusil à deux coupe « lo Ban Ban ») ont bouleversé la donne, avec une formation unique (trois trombones et trois violons entourant rythmique et chants). Et Formel l’audacieux a rapproché le songo (avatar cubain de la salsa) du funk cuivré des grosses machines US, et jeté les base de cette timba qui s’est vulgarisée (et perdue) depuis. Celui qui, aussi, a introduit les premiers synthés à Cuba.
Tout ça a correspondu à une certaine ouverture politique, sur l’île, et à une première déferlante cubaine en Europe. On a vu Los Van Van surchauffant la Chapelle des Lombards de la rue de Lappe à la Bastille, partageant la scène de l’Olympia avec Ruben Blades, le poète troubadour de la salsa de Nueva York. Les tubes du groupe, comme « Anda vem y mueve-te » (lève toi et bouge), « El baile del buey cansa’o » (la danse du bœuf écroulé), sont devenus des classiques pour dancefloor latino. La rutilante machine menée par Formell (et ces dernières années par son fils) n’a jamais quitté le circuit, ramassant même au passage un Grammy en 2000.
Bien sûr, Los Van Van ne sont plus depuis longtemps des défricheurs, les autres piliers, Changuito, Pedrito, Pupy, ont tracé leur route solo, mais le groupe entretient la flamme, et devrait passer par Paris cette année encore. Avec « Sandunguera », ce cri de guerre qu’entonnera le chanteur du groupe. Simplement, on ne verra plus en arrière le discret bassiste, l’architecte, Juan Formell. Le boss, en somme.