Chef de meute d’un trio rock pour cœurs brisés, cette Parisienne exilée à Nantes entend bientôt imposer par la force « l’acceptation de l’autre », non sans avoir au préalable ordonné à ses loups de dévorer le personnel de l’Elysée.
« Je m’ennuie de ton odeur, l’eau de ton parquet / des films d’amour et d’horreurs nus sur le canapé / Je m’ennuie de ton palais et de ses vapeurs de whisky, de ces princes écossais qui partent toujours avant midi », se lamente Laura Maire sur Rayures, étonnante variation autour du thème entêtant du Boomerang de Gainsbourg, chanson-titre du dernier EP de sa meute nommée Loups, sorti en 2019. Un peu plus tôt, cette Parisienne exilée à Nantes, marquée par les textes de Bashung ou de Dominique A, se décrit comme un « automate enrayée de chaque fois repartir de zéro ». Et c’est bien ce qui risque de se produire à l’écoute de sa vision d’avenir, pour laquelle elle s’autoproclame « tyran ».
Tout va repartir à zéro. « Dans les six jours » qui suivront la sortie de son premier album à paraître au printemps sur le label My Dearecordings, Laura lancera ses loups sur l’Elysée, Matignon, le Sénat et l’Assemblée, qui vont dévorer « leurs vieux corps et leurs idées dépassées ». Ayant obtenu les pleins pouvoirs, elle imposera au niveau national des « sessions de découverte et d’acceptation de l’autre ». Chaque jour, pendant vingt-sept minutes, à une distance minimum de 4,5 mètres dans un bâtiment encadré par l’Etat, il sera obligatoire de regarder, sans se parler, un.e inconnu.e, « de l’observer et de réfléchir », à charge pour les deux participants d’écrire au moins une phrase à propos de la personne en face. « Ce sera le plus beau, le plus doux, le moins bruyant et le plus intense de tous les règnes. » Et les Loups de Laura hurleront à la lune cet exercice d’empathie lors d’un live le 18 décembre à la Maison des Arts de Saint-Herblain (Loire-Atlantique).
Pour écouter le dernier EP de Loups, c’est ici : https://loups.bandcamp.com/releases
Image : fragment de Trois femmes et trois loups, d’Eugène Grasset (1892).