Allez, pendant que vous picorez quelques clapiottes, une petite énigme pour commencer : quel est le dénominateur commun entre Citizen Kane, Evil Dead, Perfect Blue et C’est arrivé près de chez vous ? Ce sont des … Oui, je l’ai entendu dans le fond … C’est tout à fait ça : ce sont les premiers longs-métrages de leurs réalisateurs. Une caractéristique que partage également Maniac, le coup d’essai et de maître de William Lustig, à l’honneur de cette première Lune Noire estampillée 2019.
Enfin, premier film … Le gars Lustig (neveu du boxeur Jake LaMotta, pour l’anecdote) avait tout de même réalisé deux films underground avant ça – deux pornos, sous le pseudo de Billy Bagg. On retrouvera d’ailleurs quelques actrices X au cast de Maniac, pour jouer les victimes du tueur. Car pour ses débuts dans le cinéma dit « classique », ce cher Willy n’y va pas de main morte (sic). Aperçu en images, dans cette bande-annonce VF époque René Château.
Vous aviez trouvé Taxi Driver malsain ? Attendez de voir Maniac, sa réponse horrifique. Un polar qui suinte la crasse du New-York au bord de la banqueroute. Tourné à la sauvage, sans autorisation (big up à la scène où l’automobiliste se fait exploser la tête), la réal du film est sobre, laissant exploser la crudité du film, son grain quasi-documentaire, ses images qui prennent aux tripes.
Le film ne lâche pas une seconde Joe Spinell, habitué aux seconds rôles (Le Parrain 1 & 2, Rocky 1 & 2, Taxi Driver, Sorcerer, etc.) qui devient cette fois le personnage central de ce film dont il co-signe le scénario. Et quel personnage ! Un psychopathe abusé et hanté par sa mère ultra-possessive (Oedipe, au rapport !), un serial killer scalpeur, ogresque et obsédé qui terrorise les rues d’une Grosse Pomme supplément pépins. Très gros, les pépins.
Vous l’aurez compris, Maniac, ce n’est pas que l’inspiration (bien édulcorée) du « Maniac » parano-funk de Michael Sembello : c’est surtout un métrage hyper-violent, gore, glauque, déstabilisant. Librement décalqué des méfaits d’Ed Gein, tueur en série qui fut l’une des marottes du cinéma d’horreur américain (Psychose, Silence des agneaux, Massacre à la tronçonneuse, etc.), Maniac nous plonge durant 1h30, et sans lâcher un instant le colbac, au coeur du problème : à creuser ce carrefour flippant où se rencontrent l’humain et le monstre, la tristesse et le tragique sanglant.
Servi par la qualité des maquillages et des effets spéciaux de Tom Savini (déjà à l’oeuvre sur Vendredi 13 et le Zombie de Romero), par la BO synthétique du tout jeune Jay Chattaway (qui s’éclatera plus tard sur Star Trek, rien à voir), Maniac a posé sa grosse patte pleine d’hémoglobine dans l’histoire du cinoche de genre. « Un grand must » comme dirait l’autre ; un cauchemar restauré en 4K en plus, ce qui ne gâche rien.
Lune Noire : Maniac, le lundi 7 janvier au Cinéma Utopia à 20h45