Une contrebasse à une corde appelée babatone, un tambour de pied, un banjo à quatre cordes et des polyphonies, c’est la musique de transe que joue le duo malawite, Madalitso Band.
Des marchés de Mtandiré, leur bidonville de la capitale Lilongwe, aux scènes internationales, les deux musiciens ont sorti leur nouvel Wasalala sur le label suisse Bongo Joe Records. C’est dans un café associatif des pentes de la croix-rousse à Lyon que Mathieu Girod à rencontré les deux virtuoses, Yobu Maligwa et Yosefe Kalekeni.
Tout a commencé il y a une dizaine d’années sur les marchés de la capitale du Malawi, les deux musiciens s’appelaient encore Tiyese. Entre deux petits boulots, Yobu Maligwa, assis sur la calebasse de sa contrabasse D.I.Y nommée babatoné, et Yosefe Kalekeni, muni de son banjo et de son tambour de pied, chantaient a tue-tête le quotidien rude des paysans et des ouvriers miniers du pays.
Le Malawi, deuxième pays le plus pauvre au monde, a connu un exode rural massif dans les années 70 avec le développement de plantations de thé, de tabac et des mines d’uranium. C’est dans ces endroits de labeur que les employés prenaient une pose autour des lacs en jouant sur des instruments à cordes faits maison, la banjo music est ainsi née dans ce contexte et est devenu au fil du temps l’une des musiques les plus populaires du pays.
Yobu et Yoséfé ont commencé à rejouer cette musique entre deux petits boulots jusqu’à ce qu’ils soient repérés par le producteur Emanuel Kamwenje. Il enregistrera leur premier album Fungo La Nyemba en juillet 2017.
Un disque engagé qui amènera le duo à quitter pour la première fois le Malawi pour se produire au festival Sauti Za Busara à Zanzibar en 2017. Dans le public, des journaliste de la Global Beats de la BBC vont filmer un passage de leur concert, ce qui changera le destin du groupe à jamais.
Depuis, Madalitso Band a pris encore l’avion et a joué dans des festivals internationaux prestigieux tels que le Roskilde au Danemark. Il aussi a enregistré un album avec le fameux label suisse Bongo Joe records (Altun Gün, Damily, etc…). Ce disque s’appelle Wasalala, une ode à leur pays d’origine, le Malawi.
C’est avec cette musique où le banjo funky et la bass contagieuse du babatoné que le duo contamine avec leur bonne humeur. Sous cet aspect festif Yobu Maligwa et Yosef Kalekeni n’oublient pas les nombreux problèmes auxquelles sont confrontés les malawites. Leur solution, les avertir au gré des chansons, et les amener à danser jusqu’à frôler la transe.