En Haute-Savoie, cette autrice et dessinatrice de BD aimerait beaucoup que la charge mentale des tâches ménagères et familiales cesse de peser si lourd sur la moitié de l’humanité.
Fin mars, Mademoiselle Caroline remarquait qu’une « grossophobie latente », sujet de l’album sur lequel elle travaille avec sa consœur Mathou, frappait l’ensemble de la société, même en période de pandémie mondiale. Sur Facebook, elle écrivait, le temps d’un dessin : « Depuis le début du confinement, les gens sont effrayés par l’éventualité de grossir. « On va finir obèse.« Mais c’est qui est grave, c’est de finir intubé, avec des tubes dans tous les trous. Vous ne croyez pas ? Arrêtez d’être cons. Mangez sainement et faites du crossfit. Gros n’est pas un gros mot. »
Blottie dans son « chalet isolé, au bout d’une vallée », au creux d’un village haut-savoyard de mille habitants, cette autrice et dessinatrice de BD (à lire, chez Delcourt : Chute libre – carnets du gouffre, sur sa dépression longue durée, ou La Différence invisible, sur l’autisme Asperger, avec Julie Dachez) continue de muscler ses convictions, en prônant régulièrement les vertus de la décroissance. En janvier, elle signait par exemple les illustrations du livre de Caroline de Surany, Slow conso (éditions Marabulles), un guide de conseils éco-responsables pour « ne plus se laisser happer par la surconsommation ambiante, ne plus courir plus faire les soldes, lâcher la pression, donner du sens à ce qu’on achète : durable, solide, rentable. »
Pour cette chronique prospective, l’artiste commence par esquisser la journée ordinaire d’une mère et compagne, écrasée sous le poids des injonctions ménagères et familiales – la fameuse « charge mentale » qui malheureusement ne bougera pas d’un cil, dit-elle, dans le monde d’après. Avant d’ouvrir la porte à un regain d’optimisme, rêvant d’États « exclusivement dirigés par des femmes », de nourriture locale, d’accouchements sans douleur et d’écoute intergénérationnelle, ainsi que de l’interdiction pure et simple « des pantacourts, des cravates Disney, des fringues Desigual, des claquettes-chaussettes et des auteur.e.s non-payé.e.s. »
Pour voir ses dessins de confinement et découvrir ses albums dont certains n’hésitent guère à faire l’apologie du reblochon, c’est ici.
Visuel © Jacky au royaume des filles, de Riad Sattouf (2014).