René Magritte, peintre Surbelge !
Magritte disait qu’il n’était ni au-dessus ni au-dessous de la peinture, mais qu’il était ailleurs, s’efforçant d’être absolument anti-conventionnel.
Qui ne connaît pas les chapeaux melon, les pommes (les Beatles s’en sont inspirés pour leur label) ou les nuages de MAGRITTE ? Ce Belge merveilleux qui a su « imager » les questions MÉTAPHYSIQUES…
Peintre modeste (il a vécu avec sa femme 25 ans dans un petit rez-de-chaussée), très drôle aussi (avec des allusions sexuelles cachées), exclu des surréalistes (ce qui est une preuve d’honnêteté), et refusant les diktats de la psychanalyse…Merci Magritte !
Conscient que la peinture est un code, il n’a gardé que les symboles et les archétypes de notre culture : statue, ciel, nuage, oiseau, nu, œuf, chapeau, paysage, œil, miroir, pierre (il est un peu le fils spirituel de GIOGIO DE CHIRICO), ou un DALI simplifié (avec lequel il passa des vacances amicales à Cadaquès…)
Il n’empêche que sa méthode illustrative simple et peinte presque en « à plat » lui a permis des juxtapositions fortes, sans ambigüités, jouant des vides, des pleins, des collages, des transparences…
Avec Magritte, les objets anodins (une pomme, une pipe, une cage à oiseau) prennent une dimension EXISTENTIELLE ! Il sait mettre force et mystère dans ses images. C’est un INSPIRÉ.
La deuxième grande rétrospective que lui consacre le centre Georges Pompidou (la première fut en 1969), intitulée d’après une œuvre de Magritte « LA TRAHISON DES IMAGES », rappelle sa lucidité, sa distance vis-à-vis même de la peinture, sa démarche unique.
Car cet homme longtemps isolé a su rester pur, droit, drôle, productif et irrespectueux et, en pleine époque d’écoles modernisantes, abstraites et autres, faire de sa manière simpliste les premiers POSTERS de l’Art Moderne. Il est aussi un grand artiste POP.
Malgré leur apparente simplicité, les images de Magritte s’impriment dans nos têtes, mais les questions qu’elles posent sur la représentation, la mise en scène (ou en abyme : image incrustée en elle-même) et surtout sur notre place de spectateur d’un monde qui se dérobe, ne sont pas simples du tout.
Un peu comme au THÉÂTRE ou au cirque, les accessoires de Magritte sont comme ceux du prestidigitateur, sauf que Magritte ne fait pas d’EFFET (de surprise ou de magie), il nous oblige à nous demander ce que ses mises en scène veulent dire…Michel Foucault l’a d’ailleurs longuement interviewé sur sa PHILOSOPHIE…
Son regard sur le monde est à part, plein d’humour et de perspicacité, il a l’Art de déceler de l’ÉTRANGETE et du MYSTÈRE dans les éléments quotidiens, car il a compris que nous les voyons tous différemment, et que nous avons accumulé sur ces objets banals bien des choses !
Je ne peux que m’inspirer de ce cher génie : « Coucou ! Tu veux voir Magritte ? (ma gritte ?) », disait-il sur une affiche.
Alors, oui, il faut voir MAGRITTE ! Sans hésitation. (Pour ne pas mourir idiot).
Visuels
René Magritte, Le Viol, 1945
Huile sur toile, 65,3 × 50,4 cm
Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris
Legs de Madame Georgette Magritte, 1987
© Coll. Centre Pompidou, Musée national d’art moderne / Photo : Christian Bahier et Philippe Migeat
© ADAGP, Paris 2016
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René Magritte, La Condition humaine, 1935 Huile sur toile, 54 x 73 cm
Norfolk Museums Service
© Adagp, Paris 2016
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René Magritte, Variante de la tristesse, 1957 Huile sur toile, 50,2 x 60,3 cm
Kerry Stokes Collection, Perth
© Kerry Stokes Collection, Perth / Photo : Acorn, Photo, Perth
© Adagp, Paris 2016
© Photothèque R. Magritte / BI, Adagp, Paris, 2016
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René Magritte, La Décalcomanie, 1966
Huile sur toile, 81 × 100 cm
Dr Noémi Perelman Mattis et Dr Daniel C. Mattis
© Adagp, Paris 2016
© Photothèque R. Magritte / Banque d’Images, Adagp, Paris, 2016
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René Magritte, La Trahison des images (Ceci n’est pas une pipe), 1929
Huile sur toile, 60,33 x 81,12 x 2,54 cm
Los Angeles County Museum of Art. Purchased with funds provided by the Mr. and Mrs. William Preston Harrison Collection
© Adagp, Paris 2016
© Photothèque R. Magritte / Banque d’Images, Adagp, Paris, 2016
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MAGRITTE La Trahison des images. Centre Pompidou. Du 21 septembre 2016 au 21 Janvier 2017