Depuis les films d’Apichapong Weerasethakul, de Tropical Malady à Oncle Boonmee, on a compris que le cinéma d’auteur thaïlandais demande qu’on s’y perde avant de trouver son chemin. Weerasethakul s’est trouvé un brillant disciple avec Phuttiphong Aronpheng. Son premier long-métrage, Manta Ray mêle comme lui le politique et le poétique via la rencontre entre un pêcheur et un inconnu blessé par balle. Le premier recueille le second, le remet sur pied, avant de disparaître, le rescapé prenant sa place. Cette histoire là en cache une autre dès l’ouverture du film et sa dédicace aux Rohingyas, cette ethnie persécutée.
Manta Ray n’en dira pas plus mais n’en a pas besoin : c’est le sensoriel qui prendra le relais pour parler d’identité et de fraternités menacées. Qu’importe si c’est à chacun d’apporter ses propres pièces pour compléter le puzzle d’un film elliptique. En faisant nourrir par le spectateur des hypothèses, d’une possible rédemption à d’éventuelles réincarnations, Manta Ray remplace les explications par une philosophie orientale, rappelant que le karma est plus que jamais un chemin de croix, mais illuminé par d’aussi sublimes qu’inventives idées formelles, mais aussi une histoire de compassion nécéssaire pour la bonne marche du monde, la beauté éthérée de cette fable humaniste ne cachant pas une poignante complainte des minorités opprimées.
À se demander en sortant de Manta Ray, d’où viennent les larmes aux yeux, de la splendeur d’un film hors norme ou de son profond chagrin.
A.M
Sortie le 24 juillet
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