Mariana, une femme de la moyenne bourgeoisie chilienne vit entre son père, son mari et… son professeur d’équitation. Celui-ci, un ancien colonel ayant servi sous la dictature Pinochet, la trouble de plus en plus. Un remake latino de Portier de Nuit (le grand classique de la provoc’ avec Charlotte Rampling en survivante des camps se lançant dans une relation SM avec un de ses tortionnaires nazis) ? Ce serait trop facile.
Mariana est pourtant bien subversif quand Marcela Saïd y raconte le moment ou son héroïne décide de rester droite dans ses bottes (de cheval) en faisant face à son père et son mari, qui voient d’autant plus mal ce qui se noue entre elle et le colonel. D’autant plus quand son procès doit bientôt avoir lieu. Voire quand du côté du père, de plus en plus de signes laissent penser que lui aussi a collaboré, même de manière passive avec le régime dictatorial.
Marcela Saïd ajoute une pierre au cinéma chilien et son écho persistant, des documentaires de Patricio Guzman aux fictions de Pablo Larrain, d’une tragédie nationale. Elle est sacrément anguleuse quand non seulement elle met en examen la bourgeoisie face à ses amnésies, mais surtout une culture plus ancrée que celle du secret, le machisme patriarcal latino-américain.
D’où un film en apparence glacé mais ne cesse de bouillonner, autorise son personnage central à ne pas être aimable, voire rendre les coups au passé en en prenant le pouvoir. Quitte à être damnée à son tour en se laissant happer par sa part d’ombre. Mariana rappelle que les cendres d’une dictature peuvent attiser de nouvelles braises.
En salles le 13 décembre, des places pour aller le voir (à récupérer chez Radio Nova) sont à gagner avec le mot de passe trouvé sur la page Nova Aime.