Le créateur espagnol exposé à Paris.
Le musée Galliera à Paris et le musée du costume de Madrid se sont associés afin de montrer l’œuvre de Mariano Fortuny (1871 -1949), cet espagnol installé à Venise, créateur de tissu incontournable.
Avec sa femme Henriette Nigrin, il est le créateur – inventeur de plissés et de soie (en mousseline, voile, velours, taffetas..) sur lesquels était appliqué de l’or, de l’argent, en motifs, également brodés ou métallisés par des procédés nouveaux (25 brevets furent déposés alors).
Luxe & magie
Le résultat, à la fois luxueux et magique, fit la renommée de cet ingénieur chimiste, doublé d’un scénographe, éclairagiste, spécialiste des tissus, mais aussi de l’histoire de l’art, où il puisait ses idées de dessin.
Sa robe plissée Delphos, achetée dès 1909 par l’extravagante marquise Casati, acheva de le rendre célèbre, ainsi que la tunique de bacchante (réalisée avec le couturier Paul Poiret), ou le châle Knossos. Tous ces modèles inspirés de l’Antique, entre la Grèce et la Crête…Ce genre d’inspiration confirmait la mode de l’Antiquité grecque, avec des plissés, de longues tuniques, des drapés.
Poiret, et surtout Madeleine Vionnet (renseignez-vous absolument sur ses drapés magiques !), puis madame Grès, firent du style drapé-plissé un classique de la haute couture.
Le luxe du travail de Fortuny venait de procédés d’application de fines couches (souvent métalliques, ou d’oxydes) sur des mousselines déjà ultra-fines, parfois rehaussées de fils d’or, de soie, mais aussi de perles de verre, de cordonnets, de plaquettes…
À chaque fois, un brevet d’invention
Et chaque fois une invention, un procédé chimique suivi d’un brevet ! C’est toute l’histoire de Fortuny : goût, puis recherche, travail, puis invention, artisanat de luxe technique et inimitable.
Estampage, pochoirs, impressions d’oxydes de cuivre, de bronze, d’aluminium sur des gélatines d’apprêt… Les cartons, planches, matrices sont toujours là, témoins de techniques révolutionnaires. Marcel Proust décrit dans ses livres les effets de transparence, de reflets ou de lumière de ces tissus uniques au monde. La comtesse Greffulhe , la styliste Jeanne Lanvin, la danseuse étoile Anna Pavlova et toutes les élégantes célèbres se drapent en Fortuny !
Les pièces de vêtements « à l’antique » ou « à l’orientale » s’appellent Abaïas, casaquins, caftans, capes, surcots, tuniques, et sont richement (mais délicatement) ornées de motifs venant d’Inde, du Cachemire, de Damas, ou le la Crête minoenne, de la Grèce archaïque, les applications sont polies avec des agathes…
Vanter un créateur à succès, c’est enfoncer des portes ouvertes, mais Mariano Fortuny y Madrazo a le mérite des grands artisans, passionnés de techniques : il a créé des éclairages, du design, des photos, des machines à imprimer, des procédés chimiques et il est même l’inventeur d’un moteur de bateau !
Son originalité ne l’a pas empêché de « coller » à son époque, rejoignant dans son inspiration le sculpteur Antoine Bourdelle, les danseuses Ruth Saint dénis, Isadora Duncan, les ballets russes de Diaghilev, le peintre Lawrence Alma Thadema…
Fortuny. Un espagnol à Venise, Palais Galliera. Musée de la mode de Paris. 10 avenue Pierre 1er de Serbie. 75016 Paris. Du 4 octobre 2017 au 7 janvier 2018. Exposition réalisée avec la participation du Museo del Traje, Madrid
Visuels : (c) Fortuny. Un espagnol à Venise