Rendez-vous en bas, au coin de ta rue, dans ton rade préféré, ta salle de concert adorée, ta galerie chérie. Rendez-vous en bas parce que c’est aussi là qu’est la vie. En bas de chez toi, et tout en bas de l’hexagone au pied de la Grande Bleue, à Marseille et dans les environs. Rendez-vous en bas parce que c’est là qu’est secouée la pulpe !
Jeudi 11 :
La Nuit des Griots à la Cité de la Musique pour deux soirs. Qui dit griot, dit empire mandingue, dit art oratoire et musical d’Afrique de l’Ouest, dit un monde où les récits historiques se transmettent de bouche à oreille. C’est une incursion dans ce monde que nous propose la Nuit des Griots lors de ces deux soirées à la Cité de la Musique. Lors de ce premier soir, les organisateurs de la Nuit des Griots convie le percussionniste Adiouma Diabaté qui a collaboré par le passé avec Jean-Philippe Rykiel, Dobet Gnahoré ou Fatoumata Diawara…. Il est aujourd’hui accompagné par Evan et Lucas Doucet, des jumeaux respectivement guitariste et bassiste. Ensemble, ils cherchent à élargir les horizons de ces musiques burkinabé de traditions vers des esthétiques plus rock. Quant au duo vocal Teriba, les afficionados des musiques d’Afrique de l’Ouest se souviennent peut-être de leur concert en trio à l’époque, en ouverture de la 10èmeédition du festival Africa Fête, le 26 juin 2014. Ces deux sœurs de Cotonou (Benin) et leurs musiciens croisent elles aussi rythmes péyi (tchinkoumey, massé) et autres sonorités africaines ou occidentales. (Dès 20h à la Cité de la Musique — 4, rue Bernard du Bois — 13001 — 18 €, tarif réduit : 14 €.)
Mandy Lerouge la Madrugada. Mandy a grandi dans les Alpes, dans une famille franco-malgache. Le hasard, l’amour du cheval, de la pampa et on ne sait quoi d’irrationnel ont amené cette chanteuse dont le nom pointait au dos de quelques projets electro-jazz, à entendre et apprécier les traditions musicales argentines (chacarera, zamba, chamamé), Des répertoires qu’elle a aimés, librement et passionnément au point d’en devenir une activiste forcenée ! Un album (La Madrugada) et sa déclinaison scénique en compagnie du pianiste Lalo Zanelli, du percussionniste Javier Estrella et du contrebassiste Felipe Nichols témoignent de ce premier engouement, de « cette immersion dans l’âme de l’Argentine » pour reprendre ses mots. Un spectacle qu’elle présente à nouveau ce soir à l’invitation du festival Mus’iterranée et qui sera suivi d’ une soirée tango. (A 20h30 à la Manufacture — 10, rue des Allumettes — Aix-en-Pro — 18 €, tarif réduit : 14 €.).
Vendredi 12 :
La Nuit des Griots affiche complet ce soir à la Cité Musique. La procrastination a ses limites. Ceux qui auront attendus pour se procurer leurs places pour les concerts de Salif Diarra et Ballaké Sissoko à la Cité de la Musique peuvent déjà le regretter, c’est plein ! La notoriété du virtuose malien de la kora entendu en solo à l’invitation du Marseille Jazz des 5 Continents à l’Abbaye St-Victor l’été dernier ou dans d’autres circonstances aux côtés de Vincent Segal, David Walters et Roger Raspail, aura largement participé à la chose. Un carton plein porté aussi par la personnalité attachante du Burkinabé de Marseille Salif Diarra, compagnon de route du regretté Victor Demé. (Dès 20h à la Cité de la Musique — 4, rue Bernard du Bois — 13001 — Complet.)
Release party au Petit Duc (Aix) pour Refuge, premier opus du Max Atger Trio. « Sur une musique aérienne et emprunte de poésie, un jazz gracieux, rêveur et contemplatif » lâche en guise d’accroche, le site du Petit Duc, la salle de concert de la rue Emile Tavan, qui fait aussi télé pour ceux qui ne peuvent faire le déplacement. Sortie d’album donc pour ce trio qui réunit autour du saxophoniste alto Max Atger et de sa musique, le pianiste Sébastien Lalisse et le contrebassiste Pierre-François Mourin. Cette dizaine de titres produite par la Compagnie Nine Spirit et signée sur le label marseillais Free Monkey Records, tient ses promesses. On y est bien ! Quoi de plus naturel pour un album baptisé Refuge. On y est bien, sans ennui, ni redondance. On y est bien et on se laisse porter par cette cool-wave, ce sax léger et pénétrant subtilement accompagné au piano et à la contre’. (A 20h30 au Petit Duc — 35, rue Emile Tavan — Aix — En salle :19 €, 6 € pour les moins de 18 ans, depuis chez soi via la web télé : 5 €.).
L’ambassadeur du Flamenco moderne Luis de la Carrasca de passage à Aix, à l’invitation de Mus’iterranée.Spectacle qui accompagne les compositions (textes et musiques) de son dernier opus, Baró Drom donne corps entre tradition et modernité, flamenco et jazz, au grand voyage, à l’odyssée des gitans d’Inde. Sur scène, la danseuse Céline Daussan surtout connue sous le nom de La Rosa Negra, prolonge le message juste, positif et profondément humain du cantaor Luis Carrasca. Un spectacle réalisé en collaboration entre les festivals Mus’iterranée et Flamenco Azul. (A 20h30 à la Manufacture — 1O, rue des Allumettes — Aix-en-Pro — 18 €, Etudiants, demandeurs d’emploi et adhérents : 14 €.).
Première au carré pour le Fonky Festival. Ses initiales sont FF comme Fonky Family ! Djel ne se refait pas… il mâture ! Ses amours, eux, n’ont pas bougé d’un iota : Le hip-hop et Marseille, Marseille et le hip-hop ! C’est au hip-hop de Marseille qu’il dédie ce nouveau festival. « Premier soir d’un premier festival strictly hip-hop et 100% marseillais » assume-t-il droit dans ses bottes, « un hip-hop qui croise les générations et les styles deux jours durant à la Friche la Belle de Mai. ». Parce qu’un jour, il n’a plus voulu attendre et faire enfin ce qu’il aurait peut-être dû faire plutôt, Djel est passé à l’action. « L’inspi’, c’est le Demi-Festival à Sète ou le Scred Festival dans la capitale, deux festivals portés par des artistes. Partant du constat qu’il y a un moulon de groupes, de plateformes de diff, mais toujours aussi peu de scène, j’ai eu envie de proposer quelque chose qui offre aux scènes hip-hop d’ici la possibilité de rencontrer leurs publics » confie le DJ qui a été accueilli par DJ Rebel dans cette ancienne manufacture de tabacs, il y a deux décennies au moins. Et c’est avec Alphonso, un activiste parisien passé par le SCRED Festival, et désormais installé à Marseille qu’il lancé l’affaire, « sans sub’, ni aides, mais avec le Sétois Demi-Portion dans le rôle du parrain et quelques partenaires comme le Cabaret Aléatoire ou l’Affranchi qui ont œuvré pour le hip-hop.» s’enorgueillit-il. L’incontournable K-Meleon, l’alter ego au micro et une floppée de DJs (Lina, Kamel Knight, Soon, Big Chris et Riddle) viendront au côté de Djel faire monter la pression. On les attend chaque soir entre les shows, mais aussi lors des sessions de graffiti orchestrées par TKO, du contest de dance organisé la compagnie Les Sancho ou celui qui verra la nomination du meilleur MC du festival. Ces contest sont dotés de prix en monnaie sonnantes et trébuchantes. Qu’on se le dise ! Money is money ! Ce soir sont attendus sur scène quelques vétérans comme Faf Larage, « le Frérot des soirées OldSkool Party, qui du Soul Swing à ses projets solo a su garder l’énergie et même la partager aux plus jeunes qu’il coache au sein de la Frappe (Marsatac). » lâche le DJ avant de citer Al Iman Staff « toujours à la pointe autour du trident Namor, Maroco et Comodo », Muge Knight « le Marseillais par excellence ! il incarne aujourd’hui la joie de vivre et le Marseille d’avant. Simple et concis !», Relo, « lui aussi est très inspiré par la ville, dont il décrit les bons côtés comme les mauvais sur un son actuel inspiré des années boom-bap », Rager « dans une veine boom-bap lui aussi, il vient du graff et devrait tout déchirer », Kalash l’Afro, « la plume acérée de Berre l’Etang », Ghetto Phenomene, « les collègues historiques de Jul », Soumeya, « une MC qui n’a pas sa langue dans sa poche. C’est ni Keny, ni Diams. Elle a sa propre son identité », Stony Stone « la jeune garde du hip-hop marseillais », Boy « signé sur le label de Pone, il vient de la danse et fait bouger les têtes », 2 Bang « un proche du Rat dont le projet ne devrait pas tarder à arriver, le parfait entre-deux, maîtrise autant les codes des anciens que des minots ». Pas le temps de s’ennuyer. (Dès 20h, ce soir et demain à la Friche la Belle de Mai — 41, rue Jobin — 13001 — 27 € par soir, 42 € le pass festival.).
Big Buddha est au Mounguy. Il fait sourire les plus jeunes avec ses mix, réalisés à partir de CDs et déstabilise les anciens avec ses mix improbables où s’entortillent sur le dancefloor les musiques d’un monde sans frontières comme les fils d’une toile d’araignée autour d’un balai. Je vous en parle sans scrupule aucun, puisque que c’est de moi qu’il s’agit. Big Buddha et Squaaly Baba ne font qu’un, info pour ceux qui n’auraient pas encore démasquer le personnage. (Dès 21h au Mounguy — 10, rue Consolat — 13001 — Entrée libre.).
Samedi 13 :
A jamais, le deuxième soir du Fonky Festival à la Friche. Rien n’a changé depuis hier, sauf la prog. Ce soir, c’est le dernier soir, forcément c’est un feu d’artifice. Il y a de l’ancien, de l’historique et du légendaire avec le 3ème Œil, mais aussi Puissance Nord, et il y a toutes les relèves, de So la Zone à Lansky Namek, de Hermano Salvatore des Tous Salopards à Landidote, sans oublier R.E.D.K du Carpe Diem qui a signé un album entier avec Sopra’ il y a une douzaine d’année, Hollis l’Infâme, Stone Black par ailleurs MC du Carré Rouge, Allen Akino qu’on a connu au côté de Relo et qui trace désormais sa voix/sa voie entre chant et rap. Quant à Makiavel, cet ex-MC du posse Révolution Urbaine ou Heythem, un proche de Kamel Night et Soso Maness, tous deux affichent une belle plume et des lyrics accrocheurs. Le hip-hop de Mars nous réserve quelques belles surprises présentées comme il se doit par la voix de Stentor de K.Meleon, avec dans le rôle du parrain Demi-Portion et dans celui du grand organsateur DJ DJel. (Dès 20h, au Cabaret Aléatoire à la Friche la Belle de Mai — 41, rue Jobin — 13001 — 27 €.).
La Cabra chante la Méditerranée. « La Cabra chante la Méditerranée » le genre de titre racoleur qui te fait craindre le pire, l’air de rien, sans y toucher. Alors que bon, c’est tout l’inverse d’un spectacle racoleur. Plutôt le genre « brut de décoff’ » comme on dit. Un propos esquissé à coups de burin, directement dans la masse, puis sur la soie en bois du ciseau qui vient creuser la courbe. Un propos qui affine encore son trait à chaque sortie. Encore et encore, sous tes yeux de billard. Du work & progress, live & direct ! Parce que si on ne peut plus faire ça ici, si on ne peut plus en découdre avec ses propres reprises, entouré des siens, de connaissances proches et d’autres de plus en plus éloignées, jusqu’à circonscrire au très loin des personnages avec qui on n’aurait même jamais imaginé partager un instant ; si on ne peut aventurer son quotidien ici dans la Cité de Pho’, autant partir tirer la langue dans d’autres villes qui elles, ont été de prime abord, pensées et conçues pour recueillir nos baves. La vie serait ainsi faite ! Eh bien, non. La Cabra prend le risque de redonner vie à des chants et des chanteuses de Méditerranée. Un risque qu’elle attendrit, pervertit au contact de sa liberté. Léa Malvina Noygues est libre, multiple et habitée, C/Ses personnages démonstratifs autant que possédés pour ne pas dire possessifs, comme autant de facettes, de tranches de caractère révèlent des désirs et des postures, des envies et des acquis. « La Cabra est une performance contée et chantée de Léa Malvina Noygues » pose le doss’ de presse. C’est aussi selon moi, une émotion – longue et soutenue – née d’un engagement. Un engagement conté et chanté et zyeuté. Car la Cabra c’est aussi un regard. Un regard qui donne corps à une vision, celle de Léa Malvina Noygues . A 20h30 au 15ème Art —178 av de St-Louis — 13015 — 11 € en prévente ici.).
Lundi 15 :
Le cycle de cinéma guerilla s’offre une incursion dans la nuit marseillaise. Pour cette nouvelle projection de la série Cinéma Guerilla 100% Marseillais, ces films réalisés à la marge de l’industrie, dans une éco indé et une liberté de création rare, Urban Prod et le Cine-Club Rebetiko ont retenu un film de 2015, Le Moral des Troupes (86mn) de Marcia Romano et Benoît Sabatier, premier volet d’un triptyque. « Axel, 24 ans, zone avec ses amis dans Marseille. Plus les saisons défilent, plus les nuits blanches se font noires, plus il se demande à quoi rime sa vie : à 26 ans, la fin de la glande n’a-t-elle pas sonné ? » lâche le synopsis de ce film. Lauréat du Cinémabrut, le Festival International du Cinéma Autoproduit, ce film a pour décor les salles de concerts de la cité phocéenne (Machine à Coudre, Embobineuse, Molotov) et une bande son rock garage. Autre film, autre ambiance, Rap de Vaincre, court-métrage (5mn) de la réalisatrice franco-cambodgienne Sonadie San, aborde la question de la place des femmes, des filles dans le hip-hop. Conçu avec une quinzaine d’élèves, « décrocheurs scolaires » comme l’administration les surnomment, du lycée professionnel Jean-Pierre Timbaud d’Aubervilliers, ce film a retenu l’attention de festivals en Afrique du Sud, au Canada et en Angleterre. (Dès 19h, projection à 20h chez Urban Prod — 18, rue Colbert — 13001 — Attention, jauge limitée à une soixantaine de places, les premiers arrivés sont les premiers assis. — Entrée libre.).