Rendez-vous en bas, au coin de ta rue, dans ton rade préféré, ta salle de concert adorée, ta galerie chérie. Rendez-vous en bas parce que c’est aussi là qu’est la vie. En bas de chez toi, et tout en bas de l’hexagone au pied de la Grande Bleue, à Marseille et dans les environs. Rendez-vous en bas parce que c’est là qu’est secouée la pulpe !
Jeudi 20 :
L’apéro des 15 ans des Editions Gaussen. Avril 2008, avril 2023, 15 ans d’activités pour la maison d’édition Gaussen. Son axe principal pour ne pas dire directeur est « l’exploration du passé, du présent voire de l’avenir de Marseille. ». Portraits de quartiers ou de personnalités, prises de paroles, ouvrages de référence, beaux livres et même romans nourrissent un catalogue fort d’un peu moins de 140 ouvrages. Beau score. Parmi les plus récents : citons Last Exit to Marseille de Guillaume Chérel qui redonne voix et presque vie à l’écrivain Jean-Claude Izzo par le biais d’une étrange correspondance posthume autour d’un trafic de d’héro’, tout ça bien évidemment étant dit entre parenthèse. Tout juste sur les tables des librairies, Charbon de Sébastien Aja relate la life de Zine et Abou, 32 ans à eux deux. Ces deux gamins des Quartiers Nord « rêvent d’intégrer le reseau de trafic de stup’ de leur quartier. ». Charbon parle de charbonneurs qui ont de l’ambition. Pas forcément bonne, mais de l’ambition ! Voilà côté roman noir. Sinon sur le versant portrait, deux sorties ultra-récentes (on est une ville de football ou pas) dont l’intitulé sert de pitch : Une Piétonne à Marseille de Laure Humbel et Les Parcs de Marseille et Leurs Arbres de Jean-Claude Romera, garantis sans règlement de compte. Mais revenons à notre apéro, celui des 15 bougies des Editions Gaussen, il devrait permettre à tout à chacun, de découvrir les ouvrages à côté desquelles on est passé en sifflotant, l’air de rien, sans s’arrêter ; ceux qu’on n’a pas trouvé judicieux de feuilleter et pour cause, on avait les doigts encore plein de sauce algérienne du kebab qu’on venait d’enfiler, et ceux dont on n’avait même pas entendu parler. Ça sert aussi à ça les anniv’ ! Quoi qu’il en soit plutôt que quoi qu’il en coûte (c’est gratuit, sauf les livres) : Bon anniv Gaussen et à la tienne ! (Dès 18h30 dans les locaux des Editions Gaussen — 6, rue Crinas Prolongée — 13007 — Entrée libre.)
Le composite Zentone est à 6MIC. Prenez deux des principaux groupes de dub d’ici — voire les deux principaux — qui ont fait beaucoup pour la (re)naissance du genre ici, et imaginez leur rencontre autour d’un premier album en fusion et vous réunissez Zenzilé et High Tone, en un excitant Zentone (Zenile meeets High Tone) paru en 2007, suivi parce que ces petits gars ont de la suite dans les idées, d’un Chapter 2, quinze ans plus tard, l’an passé. Les revoilà donc sur la route et à fond pour un concert dub mixé live. Du bonheur pour les amateurs de ce genre né en Jamaïque et qui a su conquérir les oreilles des producteurs de musique actuelles et électroniques ! La première est assurée par Baltimores. (20h30 au 6MIC — 160, rue Pascal Duverger — Aix-en-Pro’ — 26€, tarif réduit : 23 € et 17 €.).
Casey revient à Marseille avec Ausgang au Molotov. Avec Ausgang, la MC sert ce jeudi dans le cadre du festival Les Femmes s’en mêlent, son cocktail de rage et d’engagement on the rock au Molotov. Depuis la fin de la dernière décennie, accompagné par Sonny Troupé à la batterie, Marc Sens à la guitare et à la basse et Manusound aux machines, elle bastonne haut et fort son verbe au service d’une rage et d’un engagement sans faille. Qu’importe la musique, le verbe de Casey est militant ! La première partie est confie au duo Tel Quel. (A 20h30 au Molotov – 3, place Paul Cézanne — 13006 — 21 €.).
Vendredi 21 :
Benjamin Epps, invité du festival Impulsion à l’Espace des Libertés à Aubagne. A 26 ans et de grosses poussières, Benjamin Epps lâche un premier opus forcément attendu. Faut dire que le minot originaire du tiékar Bellevue à Libreville (Gabon), est dans le sunlight du hip-hop hex’ depuis qu’il est installé par ici. Vite fait, on se souvient l’avoir vu et entendu il y a tout juste 2 ans dans notre Chambre Noire et plus récemment au début de l’été dernier sur la scène du Théâtre Silvain à l’invitation du Festival Au Large. Pas la peine d’énumérer ici les qualités du MCs, son flow est dans toutes oreilles. Citons plutôt en guise de portrait chinois débridé, le blaze des invités de son album : Josman, MC Solaar, Angélique Kidjo, Styles-P from N-Y. Pas de doute, Benjamin joue dans la cour des grands ! La première partie est confiée à la Marseillaise Amalia qui grimpe, grimpe, grimpe et à son compatriote Dirlo qu’on se souvient avoir entendu l’an passé à Marsatac. (A 20h à l’Escale des Libertés — avenue Antide Boyer — Aubagne — 20 € sur place, 15 € en prévente.).
Mohamed Rouane et ses ami.es au Théâtre de l’Œuvre dans le cadre des Lunes du Ramadan. Célèbre joueur de mandole, guitare arabe qui accompagne aussi bien les chanteurs de chaabi que les grandes voix de la chanson berbère, Mohamed Rouane navigue avec sensibilité et intelligence entre musique arabo-andalouse, flamenco, chaabi, jazz et musique tindi des touaregs. Pour ce concert marseillais qui célèbre la fin du Ramadan (l’Aïd El Fitr), le joueur de mandole, mais aussi de oud et de guitare sera accompagné par Mona Boutchebak (au chant), Kalliroi Raouzeau (chant, piano), Hedia Cheffai (kanoun) et Hassan Boukerrou. Un concert et une fête ouvert à toutes et tous. (A 22h au Théâtre de l’Œuvre — 1, rue Mission de France — 13001 — 15 €, tarif réduit : 10 €.).
Samedi 22 :
Le rappeur brésilien Emicida en concert à l’Espace Julien. Star du hip-hop en son pays, Emicida dont le nom joue avec les sonorités des mots MC et homicide (un peu d’égotrip ne fait jamais de mal) est un artiste qui en vingt ans s’est imposé sur la scène brésilienne au côté de son compatriote Criolo. Si ce dernier a déjà percé de ce côté-ci de l’Atlantique, Emicida célebrera lors de ce concert, sa première venue à Marseille. Artiste prolifique, ce leader d’opinion, très présent sur tweeter, a obtenu un Grammy Award pour son projet AmarElo, un album doublé d’un docu diffusé sur Netflix. Au début de l’année, il posait son flow sur une version du Senzala a Favela enregistrée par Wilson da Neves et Chico Buarque, il y a quelques années du vivant du batteur et chanteur carioca. Ce titre qui traite du racisme endémique dans le plus grand pays d’Amérique du Sud a été un succès. A noter qu’Emicida est originaire de São Paulo, une des villes où le très droitier Bolsonaro a obtenu ses meilleurs scores. Après la venue de Chico César à la fin de l’an passé, ce concert est un rendez-vous à ne pas louper pour les membres de la communauté brésilienne, mais aussi ses ami.e.s et les fans de musique de tous les continents. (A 20h30 à l’Espace Julien — 39, cours Julien — 13006 — 30 €.).