Rendez-vous en bas, au coin de ta rue, dans ton rade préféré, ta salle de concert adorée, ta galerie chérie. Rendez-vous en bas parce que c’est aussi là qu’est la vie. En bas de chez toi, et tout en bas de l’hexagone au pied de la Grande Bleue, à Marseille et dans les environs. Rendez-vous en bas parce que c’est là qu’est secouée la pulpe !
Jeudi 20 :
Guerre humour et rires de femmes au MuCEM et au Cinéma Les Variétés, qu’il pleuve des bombes ou juste des anathèmes. La soirée s’ouvre au MuCEM à 19h tapantes par la projection d’un extrait de Verfügbar aux Enfers, l’opérette-revueimaginée clandestinement et de manière collective en octobre 1944 par les prisonniers du camp de Ravensbrück sous la direction de la résistante Germaine Tillon, emprisonnée elle aussi. Acte de survie ou de résistance ? les deux mon capitaine, c’est en tout cas de cela, du rire sous les bombes, qu’il sera question dans l’échange qui suivra la projection de cette opérette montée pour la première fois en 2007 à Paris, moins d’un an avant le décès de la combattante. Au micro : le philosophe et rédacteur en chef de Philosophie Magazine Martin Legros, le psychologue spécialiste des processus de résilience Bruno Humbeeck, l’historien Nicolas Garraud dont les travaux de recherches ont principalement porté sur la place du rire et de l’humour dans le ghetto de Varsovie et l’ancienne secrétaire d’ambassade d’Ukraine à Paris et par ailleurs chanteuse et écrivaine. Au Cinéma Les Variétés, ça démarre évidemment et aussi par une projection, celle du film Les Femmes préfèrent en rire de la réalisatrice Marie Mandy qui sera présente pour débattre avec les spectateurs. Après cette échange, l’humoriste belge Farah donnera une conférence aux allures de performance et réciproquement. (A 19h au MuCEM — Esplanade du J4 — 13002 — Entrée libre sans réservation et dans la limite des places disponibles // A 19h30 au Cinéma Les Variétés — rue Vincent Scotto — 13001.).
Wau Wau Collectif joue la musique de Toubab Dialaw, un village de pécheurs des environs de Dakar au Molotov. Grosse semaine pour la salle de la Place Paul Cézanne qui ouvrait sa semaine de concerts à petits prix (une constante), mardi, avec les sonorités disco, orientales et expérimentales des Marseillais de Biensüre dont le premier opus (déjà dispo sur toutes bonnes plateformes) sort à la fin du mois en vinyle via le label Wewantsonds, et celles plus psychées du guitariste et chanteur stambouliote Umut Adan. Son band, (basse, batterie, guitare et lui à la guitare et au chant) est lui plus inspiré par la folk et le rock des seventies. Le lendemain, donc hier, c’était un plateau hip-hop avec les harangueurs phocéens Loucas ou Wilko & NDY et la canadienne basée à Montréal Emma Beko aux breakbeats décomplexées ou affranchies des carcans. Ce soir, le Molotov ouvre ses portes aux musiques sénégalaises tradis, tradi-modernes et plus-plus puisque saupoudrées d’un soupçon d’électro. Au programme : le Wau Wau Collectif. Cet ensemble est né en 2018 de la rencontre à Toubab Dialaw, un village de pêcheurs des environs de Dakar, du producteur suédois Karl Jonas Winqvist et de musiciens, beatmakers et poètes. Une rencontre ponctuée de multiples jams qui, du fait d’une grève des pilotes d’Air France, la compagnie aérienne qui assurait le vol retour du Suédois a été prolongée d’une semaine. Ce bonus temporel “tombé du ciel” a été le déclic pour l’équipe : « Et si on en profitait pour enregistrer un album ? ». La réponse ne s’est pas fait attendre et 7 jours plus tard, Karl Jonas Winqvist repartait avec un supplément de bagages infinitésimal en termes de poids, mais suffisamment conséquent pour produire à distance avec la complicité du producteur chanteur et musicien mouride Aruna Kane, les dix plages de Yaral Sa Doom, le premier album du Wau Wau Collectif, en bac depuis février 2021 via une signature sur le label américain Sahel Sounds. « On l’a finalisé à distance par échange de fichiers et d’idées » se souvient le producteur et musicien suédois. Une méthode qu’il leur permettra durant la pandémie mondiale, d’enregistrer et de produire entièrement Mariage Forcé, leur deuxième album dont la sortie est attendue le 11 novembre prochain, mais dont il commercialise déjà le vinyle à la sortie de leurs concerts. « C’est notre première tournée en Europe (24 dates dont seulement deux en France : Marseille le 20/10 et Lyon, le 25/10) » s’enthousiasme l’ensemble du band. Une tournée initiée par 4 jours de résidence en Suisse, il y a tout juste une semaine. ». Au-delà de l’enjeu majeur que constitue l’éducation de la jeunesse sur un continent où les moins de 20 ans représentent plus de la moitié de la population, quand ils ne sont que 20 % dans la grande majorité des pays occidentaux, le titre de leur premier album qui signifie en français Eduquer les Jeunes, affirme aussi la nécessité de collecter et de sauvegarder les cultures ancestrales, les musiques séculaires afin de permettre à chacun de puiser dans ces trésors pour nourrir son imaginaire. Côté imaginaire, leur nom est inspiré de la réponse de Karl Jonas, quand, au Sénégal, ses interlocuteurs lui demandaient si il avait compris ce qu’on lui disait, il répondait simplement « wau wau » accompagné d’un petit hochement de tête Alors « wau wau » et rendez-vous au Molotov, pour découvrir ces pistes aventureuses sur-lesquelles il se peut qu’on danse habité.es par ce grand mix tradi-moderne, voire tradi-futuriste.. (A 20h30 au Molotov — 3, Place Paul Cézanne — 13006 — 8,50 €.).
The Brooks, une machine à groover au Makeda. La presse québécoise dit d’eux « qu’ils sont le secret le mieux gardé du funk canadien. ». Un secret exposé au Festival de Jazz de Montreal (Canada) ou à celui de Montreux (Suisse) mais aussi au Danemark, au Maroc ou au Mexique n’est plus tout à fait un secret. C’est probablement aussi pour ça qu’on a plaisir à découvrir enfin à Marseille ce band venu des terres froides. Ces huit musiciens jouent avec les contrastes, reprenant standards soul et funk de la grande époque, avec un spirit et une fougue très actuels. Ces experts en matière de groove qui ont enregistré deux albums et un E.P. ne devraient faire qu’une bouchée du Makeda et de son public. Si quelques réfractaires, insensibles funk des Brooks, restaient de marbre, Selecta The Punisher aux platines pour la fin de soirée devrait finir de les contaminer sur le dancefloor. (Dès 20h au Makeda — 103, rue Ferrari — 13005 — 18 €, abonné.es : 14 €.).
The Hillbilly Moon Explosion à l’Espace Julien. Eux aussi, un peu comme The Brooks qui joue ce soir au Makeda (voir juste au-dessus), sont restés bloqués sur un son, le rock des années 50 et des décennies qui ont suivi en ce qui les concerne. Eux aussi, défendent un répertoire d’antan, vintage, connu et reconnu avec une énergie et une fougue ancrées dans le troisième millénaire ; un œil dans le rétro et un sur la ligne d’horizon. (A 20h30 à L’Espace Julien — 39, cours Julien — 13006 — 15 € + frais de loc.).
Vendredi 21 :
François Jeanneau et Vincent Segal reviennent au Théâtre de l’Œuvre. En deux jours, les 3 & 4 mars dernier, le saxophoniste François Jeanneau et le violoncelliste Vincent Segal enregistraient un jour au Théâtre de l’Œuvre, le lendemain au Conservatoire Pierre Barbizet, Duo pour Deux, mais pas plus. Disponible pour l’instant uniquement en téléchargement numérique et en streaming, cet album, fruit de leur première collaboration, est construit autour des compositions du saxophoniste connu et reconnu pour être un des pionniers du free jazz en France. Au fil de ces 12 plages, les deux expérimentateurs, virtuoses de leur instrument, ont tissé un étonnant dialogue aux multiples grammaires et aux syntaxes non formelles. Pour ce qui est de la langue, Jeanneau et Segal parlent la même, celle de la musique. Une musique qu’il nous donnent à découvrir à Marseille avant Paris où ils se produiront le lendemain au Coppola’s Music Bar de la rue d’Enghien (A 21h au Théâtre de l’Œuvre — 1, rue Mission de France — 13001 — 16 €, tarif réduit : 10 €.)
“Deep Funk…”, la party de Tony Swarez à la Maison Hantée. Qu’on l’ait connu aux platines, perché sur son Walkabout Sound-System ou au ras du bitume, Tony Swarez ne vient jamais pour faire tapisserie. Ses mixes sont généreux par nature, car c’est un homme de partage qui porte une attention rare aux titres qu’il glisse dans son mix. Ce soir à la Maison Hantée, il dégaine ses pépites northern soul, r’n’b, psychés, rare grooves ou afro. Yeah ! (Dès 21h à la Maison Hantée — 10, rue Vian — 13006 — Entrée libre — Il est qui plus est possible voire conseillé d’avaler un plat de lasagnes maison, sur place car La Maison Hantée fait bien les choses… surtout les lasagnes !).
Samedi 22 :
La Semaine de la Pop Philo joint les deux bouts. Pour sa dernière journée de la semaine — et oui la semaine des pop philosopheurs n’a que 6 jours, comme God tout puissant, le 7ème ils se reposent où vont aux champignons, c’est de saison — donc, pour cette dernière journée, la Pop Philosophie joint les deux bouts. On démarre dans un des temples marseillais de la culture officielle, Le FRAC, pour finir dans un lieu de cultes beaucoup underground : La Maison Hantée. Au FRAC dés 14h30, on parle, échange et peut-être même s’invective à moins qu’on ne rit à gorge déployée en trois temps. Ça démarre par un retour historique mené par Eric Mangion, commissaire d’exposition et théoricien de l’art, sur La Risata Continua de Gino de Dominicis, une expo vide inaugurée dans une galerie romaine le 24 avril 1970 où tournait en boucle un éclat de rire sardonique et terrifiant. On continue avec Le Tigre Hilare, œuvre du peintre chinois Yue Minjjun autopsié par la sinologue, experte en art chinois Anny Lazarus et l’écrivaine et critique d’art Sylvie Cœllier, pour se conclure par la question de l’Homo Risibilis ou le rire à la Renaissance, éclairée par Francesca Alberti, directrice du département d’Histoire de l’Art à la Villa Médicis. Après-midi bien chargé qui se prolonge en soirée, des 19h à la Maison Hantée, lieu de cultes pluriels, rock, mais pas que, puisque ce club, gargotte de la rue Vian accueillit longtemps les loto de la chourmo du Massilia Sound-System le premier concert d’IAM ou plus récemment – pars plus tard qu’hier le mix soul, funk, rare groove de Tony Swarez. Tchatche, réflexion, concert et transpiration au programme de cette soirée Phylo Blues avec un premier échange intitulé Le Sulfureux passé du blues : entre contingence et contagion animé par le biologiste, réalisateur musicien Abdel Aouacheria, suivi du par Le blues, musique protestataire ? question abordée par le journaliste Olivier Cyran. Deux échanges pour un concert en duo du guitaristeBroken Man et du banjoïste Robin Girod. Ainsi se termine ce 14ème marathon de la Pop Philosophie. (Dès 14h30 au FRAC — 20, bd de Dunkerque — 13002 — Dès 19h à la Maison Hantée — 10, rue Vian — 13006 — Entrée libre sans réservation dans la limite des places disponibles.).
Bu$hi est à l’Affranchi. Amateur de rimes, l’intitulé de ce concert est pour toi ! Bu$hi Affranchi, c’est pas mal, mais si ton exigence te conduit vers les rimes riches, celles de milliardiares en assonances, Bu$hi pourrait bien être ton homme. Pour ce qui est du beat, le gars, un Lyonnais de la Réunion, membre du collectif Lyonzon et du duo Saturn Citizen au-côté de Mussy, est open, posant ses lyrics sur du boom bap comme de la trap. On me dit que c’est complet… Dommage si tu ne t’y es pas pris à temps. (A 20h30 à l’Affranchi — 212, bd St-Marcel — 13011.).
Dimanche 23 :
La Voie est libre, une autre expérience de la Corniche. Une fois par mois, de 10h à 18h, la Corniche, des Catalans au parc Talabot, s’offre aux piétons, grands et petits, et aux transports doux (vélos, rollers, skate…). Cette 10e édition propose outre des food-trucks au long de ce parcours de près de 4 kilomètres, des étapes sportives, créatives, culturelles et/ou festives, des déambulations circassiennes. Coté musique, rendez-vous avec le jazz et le swing de Shoeshiners place Paul Ricard, le son cubain des Soneros del Caribe au niveau de la Villa Gaby, le sega marseillais du quartet Pierrette et ses Payettes aux Alpilles. (De 10h à 18h la corniche est interdite à la circulation entre les Catalans et Talabot.).
Carbonero, conte électro dès 7 ans à l’Estaque. Les bons contes font les bons amis et Carbonero est de ceux-là, un conte présenté une toute première fois il y a quelques mois au MuCEM. Il réunit la chanteuse et musicienne Sylvie Paz, le pianiste et producteur Nicolas Cante et le guitariste Lucas Aniorte autour d’un récit onirique né de leurs souvenirs d’enfance et appuyé, soutenu par les dessins projetés en direct de Catherine Burki. Ensemble, ils donnent vie à Amapola, une petite fille et à son grand-père Mariano, qui nous entrainent dans un paysage de déserts de Castille et de châteaux en Espagne. La relation entre ces deux personnages rappelle aux dire de Sylvie Paz, celle qu’elle entretenait avec son grand-père espagnol, républicain, exilé politique, féru d’écriture surréaliste. Vous voilà prévenu, laissez-vous faire, vous ne le regretterez pas ! (A 15h30 au Pôle Instrumental Contemporain —36, montée Antoine Castejon —13016 — De 7 à 77 ans, voire plus — 12 €, tarifs réduits : 8 € / 5 € — Sur place ou réservation : info@ensemble-telemaque.com ou 04 91 43 10 46.).
Lundi 24 :
Gens du Mauvais Pas et de la Verrerie, l’expo photo de J-F Debienne au CSC Mer & Colline. Dernière semaine pour découvrir la série photographique de Jean-François Debienne réalisée de février à juin dernier dans les quartiers de la Verrerie, du Mauvais Pas et autour du Port de la Madrague. Le quartier du Mauvais Pas doit son nom à la rue qui le traverse en contrebas de la Cité de la Verrerie. On est à a peine une centaine de mètres de l’usine désaffectée et pas encore dépolluée Lègre-Mante. On passe devant en allant se jeter aux Goudes, sans s’y arrêter, sauf si on y vit. Quelques dizaines de familles y sont recensées. Ce reportage, des photos des lieux en couleurs et des habitants en N&B, est pour le photographe comme un écho à un précédent travail qu’il avait réalisé il y a 2 ans à l’Estaque Riaux, à l’autre bout de la baie de Marseille. (Jusqu’au 31 octobre inclus, du lundi au vendredi de 9h à 18h au Centre Social et Culturel Mer et Colline — 16, bd de la Verrerie — 13008 — Entrée libre.).
Mardi 25 :
Basilic Swing chez Aglaé et Sidonie. Si l’on s’en tient au nom de Basilic Swing, on pourrait hâtivement penser que cette formation polymorphe est sudiste et qu’elle joue du swing. Si l’on est un tant soit peu curieux, on fouille la toile et l’on affine son point of view comme on dit outre-Manche. Ces sudistes, du trio au quintet, sont marseillais et leur swing est manouche. Ce swing que l’on qualifie depuis Django Reinhardt de jazz manouche. Car c’est ce guitariste qui en croisant musiques tsiganes, klezmers, jazz et musette, a donné naissance à ce swing voyageur et généreux. Alors qu’importe le flacon, qu’il soit jazz ou swing, pourvu qu’on ait l’ivresse. Basilic Swing se produira ce soir en trio : 2 guitares et un violon. (A 20h30 chez Aglaé & Sidonie — 18, rue Beauvau — 13001 — Entrée libre — Petite restauration possible.).
Le retour des Jam Sessions aux Réformés. Quand un peu avant le 20 septembre dernier, j’annonçais la Jam Session aux Réformés trois semaines après la reprise, je ne savais pas encore, que ce rendez-vous hebdo allait faire une pause dans la foulée. Comme dit le dicton : « c’est le cordonnier qui est le plus mal chaussé ». L’impression d’avoir deux pieds gauche ! Alors quand j’apprends que le trio Cyril Benhamou (claviers, sax, flûte traversière…), Florent Sallen (batterie) et Adam Derrez (basse) remettent le couvert avec leurs amis d’un soir ou de toujours, leurs amis de passage en tout cas, pour des jams hebdo’ aux Réformés – comme avant – je me réjouis de ce retour, et me précipite sur mon ordi pour partager la bonne nouvelle. Ouf ! je viens de retrouver mon pied droit. Tout va mieux ! Merci, il était temps ! (Dès21h30 aux Réformés, le bar-restaurant en terrasse du cinéma Artplexe (accès par ascenseur uniquement — 125, la Canebière — 13001 — Entrée libre.).
Mercredi 26 :
Release party au Café Julien pour In The Hood, le premier E.P. de Boy . Signé sur 73beats, le label de Pone (FonkyFamily), Boy présente In The Hood, son premier E.P. 8 titres réalisés par son illustre producteur. « J’ai très peu d’amis, ils se font rare comme le bon shit. » lâche Boy sur le beat de La Night, un des titres de ce E.P. disponible depuis quelques jours seulement. (Dès 20h au Café Julien — 39, cours Julien — 13006 — Invitation à retirer sur le site de l’Espace Julien.).