Rendez-vous en bas, au coin de ta rue, dans ton rade préféré, ta salle de concert adorée, ta galerie chérie. Rendez-vous en bas parce que c’est aussi là qu’est la vie. En bas de chez toi, et tout en bas de la France, ici à Marseille et dans les environs, parce que c’est là que la pulpe est secouée !
Jeudi 23 :
Nuits Métis, première des trois soirées à Miramas. Partir pour Nuits Métis que l’on soit à Miramas où le festival déroule cette année encore sa 29ème programmation, toujours placée sous le sceau de la gratuité, à Marseille où il a débuté ou ailleurs dans la région, à la Ciotat par exemple où il s’était installé un temps, à deux pas du port ; c’est toujours se préparer à une grande aventure. Car ce festival n’est qu’histoire d’aventures et de rencontres. Les anciens se souviennent qu’à la charnière des siècles, le festival invitait dans la cité ciotadine, le rappeur guinéen, Bill de Sam, Alpha Soumah de son vrai nom. Deux décennies plus tard, le MC revient pour l’inauguration de cette nouvelle édition, mais ces deux initiales ne signifient plus Maitre de Cérémonie, mais Ministre de la Culture. En novembre dernier, le rappeur et informaticien de formation a accepté cette fonction au sein du Gouvernement de Transition de la République de Guinée, dirigé par le Colonel Mamadi Doumbouya. Ce gradé avait un mois plus tôt, destitué le Président Alpha Condé. Bien sûr tous les artistes passés par le festival n’ont pas connu telle promotion, mais les liens tissés au fil de ans dessinent une trame serrée qui offre au festival plus d’un rebond. Ça se passe comme ça à Nuits Métis ! D’aventures en rebonds, Nuits Métis pose cette année en Miramazonie, une contrée miraculeuse où l’on rentre par le plan d’eau de ce magnifique espace de plein-air comme une invitation à cheminer dans la nature, avant de butiner quelques fleurs de culture du monde entier. Des photos et vidéos de l’Amazonie, mais aussi le son des nuits dans cette immense forêt, dans cette jungle pour mieux saisir l’importance de ce poumon vert, et appréhender les dommages causés par la déforestation et les incendies. Si loin et si près à la fois. Des masques et des coiffes pour s’immerger un peu plus encore, dans cet univers, une batucada, celle de la Famille Geant et des marionnettes monumentales conçues par la Cie Caramantran vous accueillent en terre miramazonienne. L’aventure ne fait que débuter et elle durera trois jours. Au premier soir, Nuits Métis voit large. De la jeune pousse Jeyo, repéré par le dispositif Prenez votre envol initié par festival, et rejoint par une vingtaine de structures de la Région, aux baroudeurs Zoufris Maracas qu’on ne présente plus – surtout à vous – auditeurs de Nova – en passant par le sextet parisien Les Yeux dla Tête et ses chansons d’ici, sans oublier Bafang, le duo bikutsi-rock des frangins (Enguerran et Lancelot). (Dès 19h00 au Plan d’Eau Saint-Suspi à Miramas — Totalement gratuit.).
Vendredi 24 :
Au large, face à la mer. Après une ouverture de festival sur le Toit Terrasse et au Cabaret Aléatoire de la Friche La Belle de Mai, vendredi dernier, Au Large se rapproche de la mer et prend possession pour deux soirées du Théâtre Silvain. Le festival qui tire des bords entre les genres musicaux largue les amarres sous des alizées hip-hop avec la Marseillaise Khara suivie dans la foulée par le Franco-Gabonais Benjamin Epps. L’égo en décapo’, ce fan du hip-hop US qui a marqué les années Covid de son low flow tout en souplesse et de sa voix chaleureuse, est qualifié sur l’intro de son DrillMatic de « meilleur rappeur de France » par le Ricain Jadakiss (LOX). Pas pareil ! On n’est pas loin de penser qu’il dit vrai d’autant qu’il fut l’invité de notre Chambre Noire. A checker sur scène avant validation. Le duo napolitain de Berlin, Nu Genea, primitivement connu sous le blaze de Nu-Guinea avait publié en 2018 Nueva Napoli, un rafraichissant opus. 4 ans plus tard, ils cuisinent toujours sur une base d’italo-disco insouciante (leur signature gustative), un son fortement identifiable. Vos oreilles ont peut-être des remontées de Marechià, titre aux saveurs boogie, incarné par la voix de Celia Kameni. En effet, ce track annonciateur de Bar Maditerraneo, l’album à paraitre dans les jours prochains, tourne depuis réception, avec une belle constance sur nos ondes. La fin de soirée sera confiée à la prêtresse techno Irène Drésel, accompagnée pour ces lives par le percussionniste Sizo del Givry. (De 19h à 23h au Théâtre Silvain —2, chemin du Pont — 13007 —28,50 €, Pass 2 jours : 52,50 €.).
Africa Fête s’installe sur le Toit Terrasse de la Friche La Belle de Mai. Ce premier soir d’un week-end chargé pour Africa Fête à la Friche la belle de Mai s’ouvre sur le Toit Terrasse, juste avant que les étoiles ne fassent leur grand show. Aux platines pour vous accueillir et boucler la soirée, Tony Swarez du Walkabout Sound System. Habitué du festival dont il fut le graphiste il y a quelques années, en plus d’être un des DJs qui sera pour une fois, sans son fourgon d’un autre temps qu’on aime tant. Habitué du festival auquel il a souvent participé comme DJ et dont il a été un temps, le graphiste, Tony Swarez est de ceux qui alimentent la discothèque africaine, groupe facebook et newsletter (pour s’inscrire envoyer un mail à ladiscoafro@gmail.com). Tony Swarez vous réserve quelques perles de sa collection. Senny Camara, elle, a bravé la tradition qui réserve la pratique de la kora aux seuls hommes et s’est approprié les 21 cordes de cet instrument emblématique du royaume mandingue. Elles sont quelques-unes ainsi à avoir fait de cette harpe de l’Ouest Africain, leur instrument. Pas plus tard que la semaine passée, la Gambienne Sona Jobarteh, sa kora et son groupe était sur la scène du Théâtre Silvain, à l’invitation du festival Caravanserail. (De 19h à 23h sur le Toit Terrasse de la Friche La Belle de Mai — 41, rue Jobin — 13003 — 5 €.).
Nuits Métis, quand engagement et fête se conjuguent en musique. Le nom de ce festival bientôt trentenaire pose les bases de ce nouveau territoire partagé cette année : La miramazonie, comme si le Rhône et l’Amazonie débouchaient au même endroit, sur ce délicieux plan d’eau. Nuits Métis porte en lui, cette engagement de rencontres et d’hospitalité. Pas étonnant de savoir le festival engagé au côté de SOS Méditerranée, la structure citoyenne qui vient en aide aux naufragés entre Afrique et Europe. Une exposition — Eclaireuses d’Humanité — rend hommages aux femmes secourus comme aux femmes qui leur viennent en aides qu’elles oeint salariées de l’association ou bénévoles. Au menu de cette seconde soirée, deux artistes femmes qui peuvent être qualifiées aussi d’éclaireuses de l’Humanité, la malienne Fatoumata Diawara et le cap-verdienne Elida Almeida. La première habituée aux collaborations (Matthieu Chédid, Damon Albarn ou le Royal de Luxe viendra avec sa propre formation afro-pop. Une fusion, qui n’est pas pour déplaire à l’insulaire Elida Almeida qui s’approprie elle, quelques unes des musiques emblématiques de son archipel (batuque, morna, funana…). Autre fusion, autre contexte, mais toujours le continent premier au cœur du propos le duo African Variations (Chérif Soumano à la kora, Sébastien Ginaux à la guitare et au violoncelle) qui invente une tisse une musique où le jazz,mais aussi les variations classique ou le blues du désert ont leurs mots à dire. Deli Teli ouvrira lui, la soirée. Ce quartet marseillais – lauréat du dispositif Prenez votre Envol – n’est plus de la première jeunesse, mais leur reprises au bouzouki, orgue farfisa et basse-batterie, du blues athéniens des années 70 sous influence orientale, ne manquent pas de vigueur. (Dès 19h00 au Plan d’Eau Saint-Suspi à Miramas — Totalement gratuit.).
Samedi 25 :
Au large, suite et fin. Cette troisième et dernière soirée du festival Au Large, s’ouvre comme hier par aux sons du hip-hop marseillais. Mais en ce 25 juin, la couleur est plus jazzy, plus old-school avec Cymatic qui installe consciencieusement depuis quelques mois son nom sur les affiches des salles et festivals et son son dans les oreilles du public. Ce Jeune collectif soignent des compos aux accents jazzy, à l’ancienne serait-on tenté de dire, l’œil dans le rétro. L’esprit est celui des pionniers : Peace, Love, Unity & havin’ fun. Un esprit qui ruisselle sur leurs textes et les charge en bonnes vibes avec une pointe de morosité parce qu’on est bien en 2022, pas à la fin des années 70. Makala qui prend le relai est annoncé comme une bête de scène, un terrain sur lequel Cymatic gagne en assurance, semaine après semaines. Donné en pâture sur le net, le clip d’Hitman Go de Makala donne envie d’en savoir plus sur ce rappeur suisse aux flows 4×4 qui se joue des dénivelés, et aux prods signées Varnish la Piscine. C’est des Pays-Bas que nous arrive le dernier groupe de la soirée et par la même de cette nouvelle édition d’Au Large, le festival qui entend plus loin que par le petit bout de la cornette. Altin Gün (prononcez Altin Goune), en est la preuve. Formation turco-néerlandaise, Altin Gün qu’on avait pu apprécier au Cabaret Aléatoire à l’automne 2019, signifie au fil de ses 4 albums dont deux sortis l’an passé, son amour du son psyché turc des années septantes, un son qu’ils nourrissent aujourd’hui d’une pointe de disco ou d’un soupçon de pop. (De 19h à 23h au Théâtre Silvain —2, chemin du Pont — 13007 —28,50 €, Pass 2 jours : 52,50 €.).
Viens danser pour les minots migrants. On ne rouvrira pas ici le débat qui a agité nos médias et la classe politique tous ces derniers mois, toutes ces derniers années, on se contentera juste de signifier notre devoir d’accueil de ces hommes, femmes et enfants poussés sur la route par la guerre, la famine, la sécheresse, les dérèglements climatiques ou juste par choix, d’autant que la majorité des personnes en migrations à travers le monde ne le sont pas dans nos contrées, mais dans les régions proches de leurs habitations initiales et que ce processus de déplacement de populations ne fait que commencer si on ne résout pas le défi climatique. On ne rouvre pas le débat, mais on dit les choses. Ce devoir est même prévu dans le cadre de conventions internationales ratifiées par la France, pour les moins de 18 ans, les mineurs, les minots que les autorités ne peuvent refouler et se doivent d’accueillir. Ce devoir est délègué par l’état aux Départements. A Marseille, l’institution dirigé par Martine Vassal a reçu plusieurs rappels à la loi pour la faiblesse des moyens mis en place. Ainsi, des associations telle RAMINA proposent une réponse citoyenne afin de pallier l’inaction du Département. Sans argent public et reposant (si l’on peut parler de repos) juste sur l’action de bénévoles, RAMINA fait appel à notre générosité et vous convie à rejoindre les DJs Dub-4 (zouk-love & bass-music), Mad Virgo (bass-music), BRK (drum’n’bass), Big Buddha (Cosmomix), Wapi (live hip-hop), Pola Facettes (tour du monde en 45 tours) qui offrent leur sets à l’asso marseillaise. (De 19h à 2h du mat au Molotov — 3, place Paul Cézanne — 13006 — prix libre, à votre bon cœur !).
Africa Fête, dans la Friche et sur le Toit Terrasse. Le week-end Africa Fête à la Friche La Belle de Mai, c’est avant tout deux jours (aujourd’hui et demain) dédiés au villages associatifs et aux différents stages proposés et petits concerts (le duo Jo Keïta/Jeff Kellner ou Banyan) proposés sur la Place des Quais. En soirée, retour sur le Toit Terrasse avec Jambo, un Dj aux grandes oreilles qui vous entraine dans son sillage pour une traversée musicale du continent africain d’Est en Ouest, du Nord au Sud, façon taxi collectif dans lequel c’est le conducteur qui choisit la musique que diffuse son autoradio. Pour ce qui est du live de cette soirée, on peut parler d’évènement, car le festival convie pour sa première sortie du continent le groupe togolais de métal, Arka’n Asrafokor. Les exégètes du genre préféreront parler eux de groupe de métal togolais; car si comme nombre de groupe de métal à travers le vaste monde, ils maitrisent les codes et les rituels du genre, ils signent une musique qui leur est singulière puisqu’elle emprunte des rythmes de leur pays (gazo, blekete) et chante certes en anglais, mais aussi en Ewé, une langue nigéro-congolaise-congolaise parlée au Togo. Donc juste une copie, mais une proposition originale togolaise à découvrir avant tout le monde sous le ciel de Marseille. (De 19h à 23h sur le Toit Terrasse de la Friche La Belle de Mai — 41, rue Jobin — 13003 — 5 €.).
Nuits Métis, dernier départ pour la Miramazonie. Inventer des territoires ou juste les redéfinir est un des pouvoirs de la musique. Des territoires entre lesquels on circule sans passeport ni contraintes à l’image de ce dernier soir qui s’ouvre par le concert de Zikahi, une formation franco-ivoirienne qui ne connait pas de frontière en musique et distille une afro-pop mondialiste. Nuit Métis sait aussi mettre ici, en lumière, les trésors qui brillent juste à côté de chez nous, chez nos voisins proches ou lointains, comme le phénomène italien du rock alternatif l’accordéoniste et chanteur Luca Bassanese ou la divine Marina Satti qui se joue des codes et invente une pop-r’n’b grecque. Si la chanteuse n’oublie pas ses racines, elle sait avant tout et surtout où elle veut aller ! Des orientations, qui collent bien à la peau de Ghetto Kumbé. Ce trio colombien, signé sur le label ZZK, parcourt le monde pour partager sa transe ancestrale sur les dancefloors exigeants de la planète. Il ne pouvait pas ne pas s’arrêter en Miramazonie. Soyez nombreux à répondre à leur appel à la danse, à la transe ! (Dès 19h00 au Plan d’Eau Saint-Suspi à Miramas — Totalement gratuit.).
La Malka Family est au Makeda. Ils ont tout fait… En tout cas, on les a vu ‘toupar’, du Boulevard de Strasbourg dans l’Est de la capitale pour les légendaires soirées Chez Roger Boite Funk que deux d’entre eux co-organisaient à la fin des années 80 avec Dee Nasty et Loïk Dury (Nova était dans la place !), au quartier de Saint-Paul dans le marais, leur fief parisien où est née La Malka Family autour de parents forcément heureux. On les a vu aux Transmusicales de Rennes comme sur les scènes les plus reculées de l’hexagone. On les a même surtout entendus on the Beach. Oui, Malka on the Beach comme en témoigne leur première rondelle commercialisée en 91 (si l’on ne compte pas ce split-album avec Human Spirit et Clark International paru un an auparavant). Malka on the Beach atteste de leur folie P-Funk, de leur amour pour ce funk débridé aux arguties rock, pour ce rock qui groove, ses extravagances vestimentaires et ses postures outrancières et délirantes. 20 ans après l’avènement du genre outre-Atlantique sous les assauts de la bande à Clinton (Parliament, Funkadelic), Jo Mannix, Danny’O, Isaac, Woody et les autres lui ont donné corps ici, sur le vieux continent. La Malka Family a fait des adeptes, des adeptes à Marseille, des adeptes en France en Europe et même au-delà, jusqu’au Japon. Leurs albums suivants s’intitulent Tous des Oufs (92), Fricassée 2 Funk Fracassée 2 Freaks (94), Faites du Bruit (leur live paru en 95) et l’ultime Fotoukonkass paru en 1997, peu de temps avant le split. Devenue une tribu forte de 14 membres et de nombreux disciples, la Malka Family avait aligné au compteur pas moins de 300 concerts dans une France alors sous équipée alors en salle. Bel exploit. En 2006, allez savoir pourquoi, parait un best of (CD et vidéo), 9 ans avant une nouvelle série de réunion de famille sur scène en 2015. 18 ans se sont écoulé depuis leur séparation. La Famille s’aime encore et toujours. La Malka sème encore et toujours ! Un album, Le Retour du Kif, éclot en 2017 suivi à bonne distance de Superlune en 2021. Manifestement, les kiffeurs n’ont pas dit leur dernier mot et sont prêt à jouer partout. Il parait qu’ils auraient désormais la lune dans le viseur. Malka on the Moon ! Et pourquoi pas Mars ? Pourquoi pas ! Orfèvres dans l’art du oaï façon St-Paul et de la bonne humeur, ils descendent au Makeda pour donner ou plutôt partager le meilleur. Leurs concerts ne sont pas des représentations, mais des échanges d’énergie. Arrive, ils t’attendent. Ça va être bouillant jusqu’au bout de la night ! (A 22H au Makeda — 103, rue Ferrari — 13005 — 12 €.).
Dimanche 26 :
Les plans et la maquette de l’Avenir s’affichent au MuCEM. On ne rouvrira pas ici le débat des mouvements de population, mais il se trouve qu’au lendemain de la soirée de soutien à RAMINA au Molotov (voir un peu plus haut), une procession est organisée par le Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines (PEROU) afin de présenter la maquette et les plans de l’Avenir. Ce navire européen de sauvetage – un catamaran de 67 mètres de long sur 22,50 de large, doté de cinq ponts et d’une capacité d’environ 400 rescapés – a été imaginé par des architectes, designers, artistes, juristes, étudiants et chercheurs d’une cinquantaine d’écoles européennes et sud-américaines. En 2024, il sera mis à la disposition de celles et ceux qui sauvent des vies en Méditerranée, au premier rang desquelles, on retrouve SOS Méditerranée qui participe au projet au titre de conseiller technique et à qui seront d’ailleurs reversés les bénéfices de cette soirée. Pour ce qui est de la procession, elle partira à 17h de Coco Velten (16, rue Bernard du Bois – 13001) pour rejoindre le MuCEM où elle sera accueillie sur la place d’Armes du Fort St-Jean aux alentours 19h, dans la joie, la bonne humeur et par quelques discours. Ensuite, un repas proposé par les restaurateurs des Grandes Tables est prévu. Il sera suivi par une soirée ambiancée par l’équipe de DJs, danseurs/danseuses et performeurs/performeuses de Maraboutage. Après minuit, tout le monde choisira ou pas de migrer, non loin de là, aux Voutes Virgo (44, bd Jacques Saadé — 13002) où la soirée se prolongera jusquà 2h du mat.