Rendez-vous en bas, au coin de ta rue, dans ton rade préféré, ta salle de concert adorée, ta galerie chérie. Rendez-vous en bas parce que c’est aussi là qu’est la vie. En bas de chez toi, et tout en bas de l’hexagone au pied de la Grande Bleue, à Marseille et dans les environs. Rendez-vous en bas parce que c’est là qu’est secouée la pulpe !
Jeudi 6 :
Le 26ème Zik Zac démarre ce soir. Quand le Jas de Bouffan, quartier populaire d’Aix-en-Provence, se transforme trois jours durant en caisse de résonnance du monde et de ses musiques, tout en accueillant la crème des artistes nationaux de street-art autour de sessions de live-painting, c’est que Zik Zac est de retour. Cette 26ème édition qui comme les précédentes est toujours en accès libre, ouvre une nouvelle fois les horizons du Théâtre de Verdure. Cuba, Haïti, le Brésil, l’Afrique du Sud, le Togo et l’Angleterre sont dans la ligne de mire. Une diversité, un grand mix propice à rameuter habitants du quartier descendus en famille et voisins des environs proches ou lointains. On me dit même que des Marseillais, des Salonais, des Port-de-Boucains et même quelques Ciotadens y ont leurs habitudes. Mais revenons au programme de cette première soirée qui réunit quelques sensations du moment dont le redoutable combo cubain d’afro-funk Cimafunk ; le puissant power trio malgache Loharano qui il y a quelques jours terrassait sur le rooftop de de la Friche la Belle de Mai, le public d’Africa Fête de ses puissants riff hard rock teintés de ternaires péyi ; la chanteuse brésilienne Bia Ferreira aux musiques qui tissent des ponts entre celles du plus grand pays d’Amérique du Sud et le celles du vaste du monde et dont les paroles engagées sur le chemin de l’égalité entre humains quels que soient leurs niveaux de dépigmentation, leur spiritualités ou leurs pratiques amoureuses et sexuelles donnent le cap ; le jeune MC marseillais Yeuze Low, lauréat du tremplin Buzz Booster cette année, le Oaï Star avec en tête de pont, le prince du dawa, roi du delbor et empereur du bronx, Gari Greu en personne entouré de son band, pour clamer haut et fort ses textes cathartiques, la chanteuse Talin Mass et son groupe qui jonglent avec souplesse entre jazz, r’n’b, hip-hop et soul, nu-soul donc dira-t-on pour faire court. Un bon grand mix comme on aime. Pour connaitre le déroulé exacte, il suffit de passer la marche arrière et remonter ce descriptif, en se disant que la Cie Zania ouvrira la soirée à 18h15 avec Capuche, une relecture accrobatique du Petit Chaperon Rouge sur un fil pour ne pas perdre celui de l’histoire. (De 19h à 1h au Théâtre de Verdure du Jas de Bouffan — Av St-John Perse — Aix-en-Pro — Gratuit.).
Due Dita di Amore chez Finecocott’. Finecocott, c’est un bout des Antilles à Marseille, de sa diversité, de sa cuisine, de son métissage, de son hospitalité et de son sens de la fête. C’est pourquoi Makabu, un grand gaillard aux origines martiniquaises, aime accrocher ses toiles dans ce restaurant, qu’il transforme le temps d’un vernissage. Makabu est un champion du recycl’art. Il compose ses tableaux à partir de visuels découpés sur des sacs de riz, des bouts de toiles cirées qu’il épingle sur toile avant de les coudre un à un. Entre puzzle et patchwork, art et récup, Makabu étend nos imaginaires, convoquant la folie en grains dans chacun de ses tableaux. Lors du vernissage de « Due Dita di Amore » (« Deux Doigts d’Amour » en français dans le texte) brandis en direction de la Bonne Mère ou juste de la Grande Bleue et son infini horizon, il réunit tous les arts qu’il aime : la gastronomie caribéenne, les ti’punchs bus au comptoir avec sa copine Modération (ou pas, quand cette dernière le trompe et préfère se noyer dans les yeux d’un autre) et les musiques sur lesquelles il aime danser. Aux fourneaux et au bar, l’équipe de Finecocott’ emmenée par Laurence. Aux platines d’où il dessine les contours d’un dancefloor planétaire : Big Buddha, votre messager. (De 19h à Minuit chez Finecocott’ — 8, rue Lafon — 13006 — Entrée libre.).
La Constellation Calan d’Art illumine Eygalières. L’été, on sort des sentiers battus, les jours sont longs et l’on va plus facilement voir ailleurs si l’herbe est plus verte et la nuit plus fraiche. Souvent pas besoin d’aller très loin ! Eygalières, un peu après Aix, ce n’est pas le bout du monde… et pourtant, c’est déjà autre chose. Surtout que depuis mardi, date de l’atterrissage de la 13ème édition de Calan d’Art, le festival pluridisci-plein-air qui sur la place du village, dans un patio, au café du coin ou dans la cour d’école multiplie les découvertes, éparpille les émotions, ventile les surprises. Véritable bric-à-brac de talents toutes disciplines confondues (musique, conte, sculpture et même philosophie), ce festival est sans chichi. La billetterie par exemple se fait sur le net ou directement à l’Epicerie Vival d’Eygalière. Sans chichi aussi puisque qu’il la soirée d’ouverture se terminait mardi par le solo du percu-batteur, chanteur et machino Cyril Atef venu célèbrer Papatef, son solo joyeux, généreux et épileptiqueux. Ce soir, un quatuor à cordes fricote avec Debussy et Ravel (25 €). Vendredi c’est Sanseverino qui déboule » Les Deux Doigts dans la Prise » titre de son nouveau spectacle forcément ébouriffant (25 €). Et Samedi, the last but not the least, rendez-vous dans la cour de l’école pour le traditionnel Petit Bal de Luxe qui vient clore en accès libre cette programmation. Un grand mix comme on les aime sur Nova, un Grand Mix joué live par quelques pointures (Benoît Sourisse aux claviers, Christophe Lampidecchia à l’accordéon, Louis Winsberg aux guitares… pour ne citer qu’eux), un Grand mix qui cette année rend hommage à la Motown ! Ni plusse ni moinse ! La scèno(graphie) du Ptit Bal de Luxe a été conçu par les élèves des classes du village en s’inspirant des sculptures mobiles de l’artiste Jacques Salles dont l’expo a été vernie le premier soir. Tout est donc cohérent à Calan d’Art ! L’ensemble de la programmation est à découvrir ici. (A Eygalière.).
Vendredi 7 :
Le Charlie Jazz, l’autre festival sur la planète bleue. Bien sûr, il y a des fameux trois mats et le jazz en compte plus d’un, et il y a des rafiots aux voilures plus réduites qui ne perdent pas pour autant le cap, l’oreille rivée sur la note bleue. Le Charlie Jazz qui fête cette année sa 25ème édition est de ces derniers. Sur trois jours, de vendredi à dimanche, la manifestation vitrollaise tisse un canevas qui fait la part belle aux jeunes talents nationaux et internationaux, à ceux qui d’ici peu envahiront les scènes des grands rendez-vous du genre, tout en gardant un œil sur l’émergence locale. Ainsi pour sa soirée d’ouverture, Charlie alignent le Massilia Brass Bounce, 4 cuivres d’ici (Cleveland Donald et Christophe Leloil à la trompette, Romain Morello au trombone et Simon Sieger au sousaphone) et Djamel Taouacht au percu en déambulation pour vous amener pépère vers la scène des Platanes où le pianiste israélien de Paris Yaron Herman ouvrira le bal ou au moins la soirée, avec la liberté qu’on a appris à aimer chez lui. Retour à Marseille avec le trio emmené par la pianiste Cathy Escoffier, Serket & The Circadas qui présentera sur la scène du Moulin Un Western Imaginaire, sa dernière création concoctée au Moulin au Jazz voisin. Anouar Brahem connait Charlie et pour cause il y a déjà joué il y a une petite décennie. Son retour alors que sa patte s’est faite plus prégnante encore sur le jazz sans frontières, devrait rendre plus lisibles les liens entre jazz libertaire et modes orientaux de facture savante, à tous ceux qui avaient du mal à déchiffrer les lignes de force de ce genre fusionnel. L’oudiste tunisien sera accompagné pour ce concert des musiciens qui l’accompagne en studio comme sur scène depuis une quinzaine d’années, à savoir : Klaus Gesing à la clarinette basse, Björn Meyer à la basse et Khaled Yassine au darbouka et au bendir. La fin de soirée est confiée à DJ Oil. Docteur es-groove, il est ici chez lui, ici en terre jazz, un jazz qui revendique ses racines afro-américaines. Une quiétude et un bien-être qui pourrait le pousser à laisser échapper un track ou deux, extraits de son prochain album enregistré et finalisé avec le bassiste Niktus (FFF). (Dès 18h30 au Domaine de Fontblanche — 44, rue de Fontblanche — Vitrolles — Pass un soir : 35 €, pass deux soirs : 53 €.).
L’été marseillais démarre ce soir. Les chaleurs sont là et l’été aussi, mais pour ce qui est de l’été marseillais, programme de manifestation culturelles pour toutes et tous, ça démarre ce soir face à la Mairie. Une scène sur l’eau et la Cumbia Chicharra en folie à la maison avant le concert de Goran Bregovic. Mais revenons au début de soirée vers 19h quand les fanfares Accoules Sax et Le Syndicat du Chrome se chargeront d’accompagner chalands du Vieux-Port, autochtones et touristes vers la Mairie et la scène flottante qui lui fait face. La Cumbia Chicharra lancera les concerts depuis la scène en bordure de quai en poussant probablement un cri (El Grito, en espagnol, titre de leur dernier album, dont ces sept musiciens et la leur chanteuse devraient reprendre de nombreux titres.). Goran Bregovic né yougoslave et devenu bosnien, il y a 20 ans après la dislocation de son pays, viendra avec son orchestre de mariages et d’enterrements, donc très cuivré, chanter au Lacydon les musiques qu’il aime depuis toujours, musiques de fêtes ou qui mettent la larme au coin de l’œil. La soirée se terminera sur la terre ferme par un mix du Mobylette Sound System, à même de nous faire chavirer. Comme quoi… (Dès 19h sur le Vieux-Port et face à la Mairie — Gratuit.).
Zik Zac, il y a ceux qui reviennent et ceux qui arrivent ! Zik Zac, c’est toutes les musiques et toutes les générations… Toutes les générations de public ettoutes les génértions d’artistes. Chez ces derniers il y a ceux qui ont commencé il y a quelques décennies, et ceux qui démarrent tout juste une carrière qu’on leur souhaite longue et pleine de rencontres. Chez les anciens, il y en a qui ont fini par partir croyant aux vertus du fini parti mais reviennent toujours comme un yoyo qui s’en va et revient. Kanjar’Oc n’a rien fini, pourquoi partirait-il alors ? Le combo port-de-boucain revient encore une fois et on sera la pour partager leur furia et leur bonne humeur de jeunes vieux qui pètent le feu. Beaucoup plus jeunes dans la game, Sara Lugo offre sa vision du reggae, un reggae open qui n‘oublie pas les préceptes fondateur du genre mais le frottent à la soul, au jazz au hip-hop ou à la pop. Bongi, la Sud-Africaine de Marseille est elle aussi très ouverte tout en restant arrimés à ses fondamentaux, ses chants en Xhosa, une langue qui claque, aux grooves du maskanda, ce blues polyrythmique zoulou qu’elle conjugue au jazz et à la pop. En perpétuelle recherche, Bongi ne cesse d’avancer. Lass est originaire de l’Ouest du continent premier, de la banlieue de Dakar pour être plus précis. Ses chansons s’adressent au monde. Teintés de pop universelle, il se place dans la lignée des grands, de Youssou N’Dour à Tiken Jah Fakoly. Zik Zak c’est aussi des jeunes talents locaux auquel le festival donne une chance comme ce soir le combo indie-rock Zaarm et « la nouvelle lady pop » comme la surnomme le festival, Lady Lola. Zik Zac, ils a ceux qui reviennent et ceux qui arrivent ! (De 19h à 1h au Théâtre de Verdure du Jas de Bouffan — Av St-John Perse — Aix-en-Pro — Gratuit.).
Le Pointu Festival, plus qu’un symbole. Ici le pointu, c’est une institution, cette barquette est aujourd’hui très recherchée. Le festival qui lui emprunte son nom tout en soulignant son caractère exigeant a su faire son trou sur la presqu’île du Gaoua, mieux à se glisser en pole position des festivals de l’été dès l’heure des vacances sonnée. Deux scènes (plage et pinède où l’on peut chiller à proximité de cette dernière) pour un max de concerts. Au programme comme une cosntante : du rock indé qui décrasse et quelques DJ-sets. Ce soir, citons pelle-mêle le Brian Jonestown Massacre, Kurt Vile & The Violators, Frankie & The witch Fingers, Sorry, Lankum, Mamalarky et Avee Mana. Tous les details de la programmation son ici. (Dès 19h, ouverture des portes : 18h30, Presqu’île du Gaou, Corniche des Îles, 83140 Six-Fours-les-Plages — Pass un soir : 26,90 € / Pass deux soirs : 37,50 / Pass 3 soirs : 47,50 €.).
Samedi 8 :
Quand le jazz se lève à l’Est, il a rendez-vous au Charlie Jazz. Bien sûr, les musiques afro-américaines, le klezmer aussi a New-York ont contribué à l’émergence du jazz, un genre qui par ricochet a séduit l’ensemble de la planète avec un retour en Afrique bien sûr ou il a pris racine à la pointe sud du continent et provoquer la naissance d’une multiplicité de genre hybride en Afrique de l’Ouest, mais aussi en Europe et en Asie. C’est à ce dernier continent que s’intéresse Charlie avec deux des quatre concerts de cette soirée de samedi. Un premier en hommage au Nippon Ryuchi Sakamoto qui n’est pas à proprement parler un musicien de jazz mais dont l’écriture l’est, elle par sa liberté. Ce que met en évidence le duo Asynhrone, un sextet emmené par Frédéric Soulard aux synthés et Clément Petit au violoncelle. Autre propos, celui d’Youn Sun Nah dont le dernier opus est le premier de la la chanteuse coréenne entièrement composé et écrit par elle-même. Autre propos, mais qui, au final par sa diversité rejoint celui d’Asynchrone. Elle est accompagné Brad Christopher Jones à la contre’ et à la basse électrique, Thomas Naïm aux guitares et Tony Paeleman au claviers qui était là en trio l’an passé. Entre ses deux concerts se glissera celui du duo Laura Perrudin (harpe chromatique électrique, voix looper et effets) et Salami Rose Joe Louis (synthés, voix, looper, effets et boîte à rythmes). Ces deux chanteuses et musiciennes explosent les carcans, à distance dans un premier temps, par envois de fichiers puis en direct live avant de se retrouver comme ce soir sur scène, ensemble partageant le même goût pour les improvisations et les recherches d’harmonies. En ouverture, La Vertu, quintet masculin aura questionné la chose sur tous les registres « de l’opérette au jazz-rock en passant par la chanson » me souffle-t-on dans le cornet, « sur des textes et musiques originales ». Pour ce qui est de la toute fin de soirée, les platines sont réservés pour le Marseillais Selecter The Punisher qui sous la modestie de son blaze a tout d’un DJ expérimenté. (Dès 18h30 au Domaine de Fontblanche — 44, rue de Fontblanche — Vitrolles — Pass un soir : 35 €, pass deux soirs : 53 €.).
Zik Zac, le jour du dernier soir. Tout aura été trop vite. Comme chaque année. A peine entamé, déjà fini. Trois jours cul-sec, d’un trait. Un beau week-end de fête et de partage. Deux scènes au Jas de Bouffan. Un moulon de concerts gratuit, de pas de danse et de sourires. C’est la dernière ligne droite. Une ligne droite qui tire des bords ici et là. En Haïti avec la magicienne Melissa Laveaux qui en quelques années a su imposer son timbre de voix, ses remèdes de grands-mères qui font du bien à l’âme autant qu’au corps et au cœur, ses prières et ses sortilèges, mais aussi les sorcières Germaine Koko et Bella Lawson aka GKBL qui inventent les musiques de l’Afrique de demain inspirés par des musiques du Togo et des Congo. Une musique à danser pour se libérer des pierres que l’on a dans le dos. João Selva, le brésilien libère la bonne humeur qui est en lui. Tropicaliste 2.0, il concocte un groove joyeux et fraternel qui abolit les frontières. On est au Nordeste brésilien, dans la Caraïbes et au Cap-Vert ou en Angola. On est ici ou là et parfois dans tous ces lieux en même temps. Quand l’ubiquité se démultiplie, João Selva est le monde et cela vaut bien une danse. Czesare a remplacé sa couronne de lauriers par une guitare en bandoulière. La jeune autrice-compositrice et interprète s’inscrit dans une veine pop somme toute assez classique qui ne manque pas d’adeptes. Mady lui rappeur né à Madagascar, construit sa carrière à salon où il s’est installé. Autre local de l’étape, Sweet Street Opéra est un chanteur-guitariste anglo-kenyan né à Nairobi. Ainsi va le monde, n’en déplaise aux grincheux. Sa musique réalisé non loin d’Aix, à Pertuis où il vit désormais est à son image, métissée !. (De 19h à 1h au Théâtre de Verdure du Jas de Bouffan — Av St-John Perse — Aix-en-Pro — Gratuit.).
Dimanche 9 :
La dernière salve du Charlie Jazz. Le Charlie Jazz aime les dimanche et nous on apprécie les dimanche de Charlie parce qu’ils nous évitent de penser que demain c’est déjà lundi. Alors on en profite avec comme une mise en jambe la fanfare montpelliéraine Gradisca, qui aligne du monde aux Balkans, (6 cuivres et un tambour tapan). Leur déambulation sera suivie par le concert du sextet du saxophoniste Emile Parisien qui accueille à la trompette l’américain Théo Crocker. Il ne sera que 21h quand le quartet Edredon Sensible (deux batteurs, deux saxophonistes) prendra la scène du Moulin pour un show énergique inspiré des rythmiques complexes du monde. C’est clair qu’il ne sera pas l’heure d’aller se coucher, d’autant qu’ensuite le pianiste octogénaire Kenny Barron en trio avec Savannah Harris à la batterie et Kiyoshi Kitagawa à la contrebasse donnera sa vision du jazz, une musique qu’il accompagne depuis tant d’années. Aux platines, Rebecca Vasmant, posera les dernières notes de cette 25ème édition qui a tout d’un bon crû. (Dès 18h30 au Domaine de Fontblanche — 44, rue de Fontblanche — Vitrolles — Pass un soir : 35 €, pass deux soirs : 53 €.).