Rendez-vous en bas, au coin de ta rue, dans ton rade préféré, ta salle de concert adorée, ta galerie chérie. Rendez-vous en bas parce que c’est aussi là qu’est la vie. En bas de chez toi, et tout en bas de l’hexagone au pied de la Grande Bleue, à Marseille et dans les environs. Rendez-vous en bas parce que c’est là qu’est secouée la pulpe !
Sekouss#3 au Makeda. La première Sekouss a été ressentie le 13 décembre dernier… Une réplique tardive a remué à nouveau le Makeda le 24 janvier, soit un peu plus d’un mois après. Les sismographes du bout de la rue Ferrari annonce une troisième alerte, ce soir. Sekouss est de retour. Sekouss, c’est « 12 percussionnistes qui balancent des samples à mains nues et son chef d’orchestre qui les sculpte en temps réel » commente le doss’ de presse avant d’ajouter : « Sékouss, c’est une expérience à vivre et un phénomène à découvrir ! ». Créé en 2023, Sekouss se décompose en 5 sections indépendantes. « Chaque section est composée d’au moins 2 musicien·ne·s et animée d’un devoir de concertation afin de faire des propositions musicales au chef d’orchestre. Ce dernier les intégre dans la composition et les mettra en relation avec les autres sections, chacune d’entre elles possedant une fonction indispensable à l’ensemble. » Ils ont fait leurs preuves, une fois. Ils ont fait leurs preuves, deux dois fois. Ils feront leurs preuves trois fois. La première partie est confiée à Chérikoko, un duo qui revisite les musiques du Mali au Burkina-Faso, en passant par la Guinée…). « Sekouss, c’est 100 % dançable » comme disent les Britons qui n’ont pas les deux pieds dans le même sabot ! (Dès 20h au Makeda — 103, rue Ferrari — 13005 — En prévente : 8 €, sur place : 10 €.).
Jeudi 7 :
Le raï et ses révolutions se racontent au Théâtre de l’Œuvre. Musique des populations nomades bédouines sédentarisées en ville, musique en perpétuelle mutation, le raï se raconte et s’écoute ce soir au Théâtre de l’Œuvre dans le cadre des Musiques à l’Œuvre, animées et mixées live & direct par Professeur Babacar et votre pourvoyeur hebdomadaire de rendez-vous en bas. Baptisée Les Révolutions du raï, cette nouvelle conversation musicale permettra de souligner les liens entre créations et technologie. Quel aurait été l’avenir du raï sans la cassette, par exemple ? Une question à laquelle on répondra d’autant plus facilement qu’elle n’est pas anodine en plein cœur de Belsunce. Ce quartier fut avec la Porte d’Aix voisine, un des carrefour de la musique orientale de manière générale et du raï en particulier. (Dès 18h30 au Théâtre de l’Œuvre — 1, rue Mission de France — 13001 — Entrée libre.).
Kabarech Cheikhats & Aziz Konkrite au Makeda. On se souvient de leur show, à la fin août 2018 sur le toit terrasse de la Friche La Belle de Mai. Cette troupe casablancaise d’une dizaine de bonshommes habillés, maquillés en femme avaient indéniablement marqué les esprits, quelque part entre glam’ et provo’. Ils chantaient comme des femmes, interprétant quelques-uns des grands airs des cheikhates, ces femmes aux propos ambivalents et aux mœurs dissolus qui se produisent le plus souvent dans les cabarets. Toujours dirigée par Ghassan El Hakim, cette troupe est de retour sur Marseille pour une soirée exceptionnel au Makeda, soirée qui se clôturera par un DJ-set d’Aziz Konkrite. Marocain lui aussi, mais installé depuis quelques temps à Montpellier, ce digger patenté passionné par les musiques de l’Empire chérifien s’est construit une belle collection de 45 tours marocains, vivier des samples qu’il utilise, qu’il recycle dans ses productions au son futuriste et dansant. Pour parler de ses prods comme de ses mixes, il utilise un terme que les Marocains et Marocaines comprennent aisément : Siba, ce mot servant à définir tout ce qui n’est pas sous le joug de l’état. « Non soumis à l’état » auraient dit certains en d’autres lieux et d’autres temps. (A 20h au Makeda — 103, rue Ferrari — 13005 — 24 €, prévente 20 €.).
6MIC accueille la New French Touch. Aujourd’hui la French Touch est new, donc jazz. A l’instar de ce qui peut se passer à Londres pour ne citer que cette capitale proche en dépit du Brexit, il se régénère, porté par le souffle, l’inspiration de jeunes musiciens qui ont écouté, digéré les œuvres des grands maitres, mais ont aussi été nourri dans leur cuisine par d’autres musiques, voisines, cousines… ou pas. Ce double plateau réunit la quintet du saxophoniste Leon Phal dont le dernier opus Stress Killer paru sur le label Heavenly Sweetness, tient ses promesses, et la formation parisienne Ishkero. Présenté par Jazz Magazine comme — « l’une des plus captivantes de cette jeune scène jazz francilienne », cet autre quintet drivé à la batterie par Tao Erlich, le fils du musicien Loy Erlich (Caméléon, Carroussel, Hadouk Trio… ) est une bande de pote qui jouent ensemble depuis bientôt 10 ans. En 2022, ils publiaient Shama, un premier opus signé sur Kyudo Records, un label sur lequel Léon Phal a signé son précédent opus (Dust To Stars). Une soirée pour garder les oreilles ouvertes sur les musiques d’aujourd’hui. (A 20h30 au 6MIC — 160, rue Pascal Duverger – Aix-en-Pro — 20 €, Tarif réduit : 17 €, abonnés : 15 €.).
Louis Winsberg au Théâtre de l’Œuvre. Accompagné Jean-Luc Di Fraya à la batterie et Patrice Héral aux percussions, le guitariste tout terrain Louis Winsberg donne à entendre et à voir une nouvelle facette de son art avec ce trio qui a composé son répertoire à partir d’improvisations. Ces trois musiciens qui ne s’interdisent pas de prendre le micro pour des vocaux entre chant et scat croisent en toute liberté, inspi’ jazz rock et emprunts aux musiques africaines et orientales. (A 21h au Théâtre de l’Œuvre — 1, rue Mission de France — 13001 — Sur place : 18 €, tarif réduit : 15 €. En prévente : 16 €, tarif réduit : 13 €.).
Vendredi 8 :
Liliana Butter Not à l’Harmonie de l’Estaque. Au-delà du jeu de mot, Liliana Butter not est une histoire d’amour entre la comédienne et performeuse Margo Chou et Ljiljana Buttler, « la Mère de l’Âme Gitane » comme surnommait ses fans cette chanteuse née à Belgrade en 1944 dans une famille de musiciens serbe. Très tôt, elle dut chanter pour survivre. Son premier album fut enregistré à la fin des années soixante. Quatre ans avant les guerres yougoslaves, elle arrête de chanter et quitte son pays pour rejoindre Dusseldorf. Elle sera dans la ville allemande servante, femme de ménage…. Heureusement, un producteur — Dragi Sestic — la retrouve et lui propose d’enregistrer un nouvel album. The Mother of Gypsy Soul paraîtra en 2002. Deux autres albums suivront : The Legends of Life (2005) et Frozen Roses (2009). Elle décède le 26 avril 2010. Sa voix ardente et mélancolique à la fois, a marqué à jamais nombre de ses auditeurs.trices, dont Margo Chou. Elle joue dans cette « confidence dialoguée » comme la qualifie Lieux Publics qui accompagne l’artiste dans ce seul en scène, un face à face entre elle et Ljiljana Butter. Ecrit par la comédienne, ce texte évoque l’exil, la sensation de déracinement et pose la question de l’identité, question cruciale pour qui comme la chanteuse, a vu son pays se déchirer. Liliana Butter Not a été présenté l’été dernier à à St-Malo, à Châlons dans la Rue et au Citron Jaune à Port St-Louis-du-Rhône. (A 19h30 à l’Harmonie de l’Estaque — 38, rue Pelletier — 13016 — attention petite jauge, réservation conseillée ici.).
Afro Discos invite Leen MSO et M. OAT. Initiées par Tony Suarez, homme d’évènement, graphiste DJ bien connu pour son Walkabout Sound-System itinérant, les soirées Afro Discos accueillent ce soir au Ciné Bar, à deux pas du haut de la Canebière, Leen MSO et M. OAT. La première est une DJ qui apprécie l’énergie de tracks afro-house. Quant aux mixes de M. OAT, ils pistent les filiations entre musiques africaines et musiques caribéennes. « Transatlantiques donc et afrodéliques » comme le précise l’argumentaire de ce DJ qui parle de « coton-tige supersonique » pour qualifier son mix. Belle image ! Comme chaque semaine, Tony Swarez officiera aux platines en tout début de soirée. (Dès 20h au Ciné Bar — 11, rue Curiol — 13001 — Entrée libre.).
Afropean Project, à surveiller au Hot Brass. Plus haut, il est question de la nouvelle scène jazz parisienne qui enflamme jusqu’au dancefloor de l’aixois 6MIC. C’est à Aix aussi, mais au Hot Brass que les Marseillais de L’Afropean Project — Pascal Versini au claviers, Willy Quiko à la basse, Jessy Rakotomanga à la batterie et Cleveland Donald à la trompette — ont choisi de venir présenter leur premier opus moins d’un mois après sa sortie. Un album qui pourrait fort bien leur permettre de figurer au sein de cette nouvelle scène jazz qui a le vent en poupe. Ecoutez ces 7 titres et savourez l’engageant Rachel en ouverture ou un peu plus tard les 7mn53 du très actuel Young Legends. La Nouvelle scène jazz n’est pas que parisienne, confirmation ce soir au Hot Brass d’Aix . (A 21h — ouverture des portes dès 19h30 — au Hot Brass Jazz Club — 35, rue Albert Einstein — Aix-en-Pro — 22 €, réduit : 20 €, abonné.es : 18 € — Réservations au 04 42 28 76 73.).
Dancehall Nation au Makeda. La complète dancehall comme on l’appelle dans les rédac’s des environs. Aux commandes ce soir de cette party mensuelle, Pipa. Ce DJ croise dancehall jamaïcain, shatta martiniquais, soca trinidienne, afrobeat africain et kompa haïtien. Un mix à même de faire travailler fessiers et mollets. (Dès 22h30 au Makeda — 103, rue Ferrari — 13005 — 10 €, prévente : 8 €.).
Samedi 9 :
lGirl in a band, le festival qui rappelle que le rock est aussi histoire de femmes. Comme un acte manqué, hier, Girl in a band, festival rock sur deux jours qui démarrait hier et se termine donc en toute logique ce soir, est passé à la trappe, dans les oubliettes de cet agenda où le temps court trop vite, où les concerts, soirées expos s’enchainent plus que les accords d’un bon vieux rock sur un manche de guitare. Acte manqué d’autant plus ridicule qu’hier, 8 mars, était célébrée la Journée Internationale des Droits de La Femme comme l’ont souhaité en 1975 les Nations Unies, une journée avec laquelle l’organisation 100% féminine du festival a pris ses distances précisant que « le festival Girl in a Band qui n’alignent que des groupes à composante féminine ne s’inscrit pas dans une confrontation homme/femme ou dans un mouvement féministe mais veut juste rendre hommage à toutes ces artistes évoluant dans ce milieu et prouvant sans cesse que le rock n’est pas une question de genre mais d’attitude. ». C’est dit ! Coté prog, ce soir se produiront sur la scèneet le matos de Léda Atomica Musique : le duo Venin Carmin aux accents 80, entre new-wave, pop et cold punk, Glitch, un trio marseillais « au son hybride, espèce de post-punk hypnotique aux accents Noisy et aux touches New Wave », Catalogue un combo qui participe à sa façon au revival post-punk « brassant les genres, la mécanique de la danse et l’absence de limite. », le trio « rock sans fioritures » Marla Singer (Eva à la batterie et fab et Alex aux guitares) et Do Nuts Kill ? un combo sans limite stylistique précise et dont « les compositions oscillent entre thèmes planants et riffs énergiques. ». Les photographes de concert Margaux Tomorrow, Chloé Maly et Constance Marzorati accrocheront sur les murs quelques-uns de leurs meilleurs clichés sur lesquels apparait « toute la noirceur et la décadence du rock. Quant dessinatrice passionnée de BD Lola Kerjean, « elle présentera ses chroniques illustrant son amour pour la scène rock marseillaise ainsi que ses carnets de voyages. ». A chaque interplateaux DJ Maggie Burn « sera le juxbox idéal du festival ». (Dès 18h à L.A.M. — 63, rue St Pierre — 13005 — 10 € + 3 € d’adhésion obligatoire.).
Mardi 12 :
Y’a jam aux Réformés. Si jamais d’aventure, un lundi, par le plus grand des hasards, vous croisez Cyril Benhamou, musicien qui a plus d’une corde de piano à son sax, et l’honneur d’être à l’initiative des Jam des Réformés, ne vous hasardez pas à lui demander s’il sait qui seront ses acolytes le lendemain au dernier étage du cinéma Artplex pour sa jam session. Il peut ne pas le savoir, ce qui pour autant, ne vous empêchera pas le lendemain soir venu, d’apprécier le plateau composé en plus de la paire rythmique basse-batterie, de nombreux invités vieux routiers des jams du mardi ou musiciens tout juste débarqués à Marseille et déjà connecté au grand ordonnateur de ces réjouissances musicales. Si ça ne prétend rien de plus qu’être une jam entre musiciens aguerris, on en sort toujours de bonne humeur. Et ça un mardi, en début de semaine, ça n’a pas de prix. La semaine est encore trop longue pour s’ennuyer. (Dès 21h au Réformés — Au 4ème étage du Cinéma Artplexe — Accès par l’ascenseur — Entrée par les Allées Gambetta — 13001 — Entrée libre.).