Entre Londres et Paris, le chanteur minimaliste aimerait, c’est vrai, qu’on se regarde « dans les yeux » en cessant « de se cacher des choses ».
« In reality, it’s my bloody role. » Publié cet hiver sur le label Tôt ou Tard, le huitième album de Mathieu Boogaerts abrite une collection de chansons En anglais, légères, pop et flegmatiques, doux trois fois riens fredonnés avec le french accent amusant de rigueur, consécutives à son emménagement à Londres il y a maintenant quatre ans dans le quartier « résidentiel middle-class un peu plus » de Clapham Common. Sa démarche, apparemment primesautière, n’exclut pas les petits coups de blues. Ainsi, sa jolie ballade You Like Me démarre par une grande respiration qui sonne aussi comme un soupir : le narrateur semble désolé de constater que l’une de ses copines l’appelle tous les jours parce qu’il est heureux, rigolo, « always wonderful », alors qu’il a le moral dans les chaussettes. Au bout du fil il sourit, mais ce n’est qu’un rôle, un fichu rôle, un masque, car il n’est pas, non, « fucking drôle ».
Et si on arrêtait de se mentir ? Grimpant à bord de notre Arche, le chanteur minimaliste rêve de vérité partout, tout le temps, en se regardant « dans les yeux », en cessant « de se cacher des choses ». Ce qui rappelle le début du brillant premier film écrit, interprété et réalisé par le Britannique Ricky Gervais, The Invention of Lying, situé dans un monde parallèle où le mensonge n’existe pas et, donc, la fiction (films, contes, légendes, romans) et les religions non plus. Jusqu’au jour où un clampin lambda, campé par le comique trasho-philosophique, accouche involontairement du premier bobard…
Dans sa micro-utopie, Mathieu Boogaerts, 50 ans, suggère par exemple d’interdire la publicité, qui nous enfonce trop souvent dans des illusions douloureuses ; ces chips « à l’ancienne » sont nées d’un concept marketing assez récent, vous savez. Pourtant, sur son dernier album, l’enfant mélomane de Nogent-sur-Marne se hasarde aux calembredaines super-romantiques en se présentant comme un guy of steel, un mec d’acier, qui n’a jamais peur, qu’on ne peut pas tuer, qui ne peut pas mourir. Et si c’était vrai ?
Réalisation : Mathieu Boudon.
Pour voir Mathiou tester ses nouvelles chansons dans Londres dans le bref documentaire promotionnel réalisé par Arthur Le Fol, it’s here : https://www.youtube.com/watch?v=BoN76BKlaXE&t=3s&ab_channel=Mathieuboogaerts
Pour écouter ses déambulations imaginaires dans la capitale anglaise, sur Nova, avec des bruitages entièrement réalisés à la bouche, pleaseclick on that link : https://www.nova.fr/news/mathieu-boogaerts-nous-fait-decouvrir-son-londres-a-lui-130732-01-03-2021/?podcastId=48679fcd-a7c9-480a-98e6-cf4fb87011db&episodeId=256019f0-c6c1-42c3-9974-8d1bbba31414
Pour réentendre son live dans notre Chambre noire, follow this train : https://www.nova.fr/musiques/mathieu-boogaerts-en-live-dans-chambre-noire-129270-18-02-2021/
Image : The Invention of Lying, de Ricky Gervais (2009).