Notre « Héros du Nova jour » est présenté par le podcast « Fracas » produit par Louie Media, en partenariat avec Radio Nova. Focus aujourd’hui sur Matthieu Foucher et sur un hashtag qui change la donne.
« J’ai envie que le #MeToo gay existe, qu’on se pose et qu’on parle de nos violences sexuelles, en dialogue avec les féministes tout en réfléchissant depuis nos propres vécus ».
En septembre dernier, on pouvait lire cette prière de Jean-Baptiste, 26 ans, interrogé par le journaliste Matthieu Foucher sur Vice, auteur d’une enquête qui avait alors eu un impact considérable. Quelques mois plus tard, le hashtag existe, s’est répandu, a trouvé des témoins pour partager à toute une communauté l’expérience de souvenirs souvent traumatiques.
Dans cette enquête, quelques chiffres affolant. « 5,4% des hommes homosexuels et bisexuels » y affirmaient « avoir été agressés ou violés au moins une fois dans leur vie par un membre, ou proche, de leur famille », contre « 0,5% des hétérosexuels ». L’hypothèse de Matthieu Foucher, qui viendrait expliquer cet écart abyssal ?
« Les gays (…) sont déjà perçus très jeunes comme gays même si eux n’en n’ont pas forcément conscience. Ça, on ne peut pas le nier car des enfants subissent de l’homophobie dès un très jeune âge (…) Plus largement, chez les LGBT, il y a chez beaucoup d’entre eux une non-conformité de genres dès l’enfance, et cette non-conformité érotise les enfants, elle les fragilise, elle les vulnérabilise davantage, et permet donc à cette violence de se matérialiser sur eux ».
Il poursuit : « Il y a eu une libération de la parole avec MeeToo, mais les gays n’ont pas su, ou pu, s’insérer à ce moment-là dans cette libération », se rappelle Matthieu Foucher, interrogé par Charlotte Pudlowski pour le podcast Fracas. « Il fallait que les gays aient un espace pour pouvoir en parler. Et cet espace-là n’existait pas publiquement ». Le hashtag circule désormais, et abondamment.
« C’est le moment où le ‘je’ devient ‘nous’ et où l’on peut commencer à penser toutes ces histoires, non pas comme des parcours individuels, mais comme des violences systématiques ».
Un podcast intégral à retrouver sur Louie Media.