Cette semaine dans La Potion, dansez comme des possédé.e.s ! Transe thérapeutique et rituel mystico-social du sud de l’Italie, la tarentelle jouit aujourd’hui d’une belle vitalité après avoir failli disparaître. Au micro de Jeanne Lacaille, le musicien italien Mauro Durante pour une initiation ébouriffante !
Héritées des rites dionysiaques grecs, les tarentelles sont des danses paysannes qui ont émergé dans le sud de l’Italie vers le 14e siècle mais plus que des danses festives, les tarentelles sont aussi des rituels thérapeutiques. Cette danse extrêmement vive sert à exorciser le mal provoqué par les morsures de tarentules, et plus précisément à venir à bout des symptômes névrotiques causés par la morsure de l’araignée. En dansant jusqu’à la transe, en transpirant tellement, que celui qui a été mordu finit par suer tout le venin de l’araignée ou, plus symboliquement, la douleur psychique ou existentielle qui le ronge. Une danse thérapeuthique donc, qui s’est un peu perdue au fil des générations, comme de nombreuses traditions paysannes. Heureusement, l’anthropologue italien Ernesto De Martino commence à s’intéresser à la tarentelle à la fin des années 50, un rituel musical que l’ethnomusicologue français Gilbert Rouget désigne carrément comme un culte de possession, un exorcisme musical que l’on peut rapprocher du gnaoua, du zar égyptien, du stambali tunisien ou du maloya réunionnais.
Aujourd’hui le répertoire de la tarentelle est très vivant, largement renouvelé grâce à des groupes locaux et à La Notte della Taranta, un festival qui anime chaque année depuis 1998 les nuits estivales de Salento au Sud de l’Italie. Pour nous initier à cette tradition mystique fascinante, un enfant du pays : le percussionniste et violoniste italien Mauro Durante. Fervent défenseur de la tarentelle au sein de l’ensemble Canzionere Grecanico Salentino, Mauro Durante a de l’horizon, lui qui a joué avec Piers Faccini, le percussionniste indien Trilok Gurtu, le maître de la kora Ballaké Sissoko ou encore, plus récemment, le guitariste Justin Adams pour le disque Still Moving.