Deux égo-trips pour ce mercredi, l’un toute en folle démesure , l’autre plus bric-à-brac intime…
Megalopolis : l’oeuvre de tous les excès
Forcément à entendre le titre Megalopolis, on en retient surtout le côté mégalo. Encore plus si c’est Francis Ford Coppola qui est aux commandes. Le réalisateur d’Apocalpyse Now et du Parrain a marqué l’histoire d’Hollywood par un caractère independant bien trempé, des projets insensés, et des tournages dantesques. Mais aussi par sa part d’expérimentateur, sa volonté de faire du cinéma un audacieux laboratoire mêlant avant-gardisme technologique et récits adultes. Megalopolis est, à l’écran comme en coulisses la synthèse de tout ça, d’une interminable gestation en ayant fait une arlésienne depuis quarante ans à un scénario fusionnant mythologie antique et considération sur le déclin du monde actuel.
Soit donc l’affrontement entre un visionnaire sur le point de découvrir une matière révolutionnaire pouvant changer la société et le maire despote d’une cité rongée par la corruption et le libéralisme. Le tout dans un ton mi- péplum, mi-art contemporain, conte moderne et de tragédie shakespearienne revue par le Cirque du Soleil. Ça fait beaucoup ? Oui, surtout quand l’ensemble se perd dans ses circonvolutions ou une touffue galerie de personnages. Cet etouffant trop plein est pour autant compensé par les idées formelles ou la mise en scène, quasi-cure de jeunesse pour un Coppola octogénaire retrouvant son inventivité des années 80, pour un film traversé par tant de séquences extraordinaires. Le geste industriel – Coppola finance un budget pharaonique sur ses propres deniers – ajoutant au phénonémal panache de l’ensemble. De quoi faire de Megalopolis, une oeuvre de tous les excès, de sa grandiloquance à sa magnificence, mais surtout, un film titanesque jusqu’au fascinant comme on en voit très rarement.
Riverboom mêle intime et géopolitique
À son échelle, bien plus minime, Riverboom fait aussi se décrocher la mâchoire. Le périple de deux suisses et un hollandais s’improvisant correspondants de presse pour aller voir ce qui se passe en Afghanistan, en pleine intervention américaine pourrait n’être que les tribulations insensées d’un trio de pieds nickelés. Sauf que ce documentaire devient surtout une capsule temporelle quand il exhume des images du pays en 2002, coincé entre Talibans et G.I’s.
L’odyssée de ceux qui se fantasmaient Joseph Kessel mue en inattendu journal intime, carnet de bord d’une insouciance touchant à l’irresponsabilité. Aux images inédites, parce que prises sur le vif, d’un quotidien afghan, lui même révolu, se superpose un cahier de nostalgie et de regrets, Riverboom empruntant d’autres chemins de traverse quand son réalisateur livre alors son histoire familiale. Ce double chemin intérieur, d’un pays et d’un individu, mêlant intime et géopolitique se révèle n’être qu’un même processus de deuil, émouvant quand il mène à une renaissance à soi.
Megalopolis / Riverboom. En salles le 25 septembre