« Merlich, merlich est une expression qui court les rues de Marseille, une expression arabe qui signifie avec un brin de légèreté : ce n’est pas grave » traduit Pascal Tessaud avant d’ajouter « c’est aussi le nom d’un court-métrage projeté en avant-première le jeudi 23 septembre à 19h au MuCEM. ».
Le réalisateur a qui l’on doit entre-autres le long métrage Brooklyn (2015) qui parle de hip-hop et de micros tendus, du quotidien d’une jeune femme nommée Brooklyn et de lendemains qui rappent, est directement impliqué dans le processus créatif de Merlich, Merlich. « Tout est né dans un atelier cinéma — Ecrire, Produire et Réalisé un Court-Métrage — porté par l’association Ph’Art et Balises, un atelier que j’encadrais en tant qu’intervenant réalisateur et auquel étaient inscrit.es une quinzaine de jeunes des quartiers pauvres ou défavorisés de Marseille, du Nord au Sud. Le scénario devait venir d’eux, pas de moi, s’inspirer de leur vécu » relate Pascal Tessaud. « On est – entre la tragédie et la comédie, ce qui correspond bien à ce qu’ils vivent – plongé au cœur d’une famille comorienne des Quartiers Nord de Marseille, aux Balustres, la Cité du 13ème arrondissement où a grandi Soprano » précise le réalisateur qui a su s’effacer pour accompagner Hannil Ghilas, un des jeunes, sur le chemin de sa première réal’. « Hannil qui fait partie du groupe initial, était lui, passé par un atelier théâtre au lycée avant de présenter, à l’âge de 16 ans, le concours du Conservatoire de Marseille. Accepté, il fut le seul Maghrébin de sa classe » commente-t-il avant de replonger dans le tournage. « Très vite, Hannil a eu des idées quant à la réalisation de l’histoire. Notre boulot a alors été de lui permettre d’aller au bout de ses envies, de ses idées, en invitant quelques pros (chef.fe op’, assistant.e réal, ingé-son, cosutumier.ère). Tout le monde a mis la main à la pâte, ça a été une aventure enthousiasmante à laquelle se sont greffés Mombi, un des rappeurs du Troisième Œil, l’actrice Naky Sy Savané, la graphiste, auteur et désormais comédienne Sharon Tulloch ou DJ Rebel (Soul Swing and Radical).
Marseille sans kalash, sans drogue, sans keuf et sans deal.
Forcément, Marseille n’y est pas dépeint comme dans la plupart des grosses productions du moment. Eux qui vivent ici, connaissent les bons comme les mauvais côtés de Marseille. Pas de fantasme, juste la réalité ! Ils lisent entre les fissures des murs de la ville, l’abandon municipal et peuvent témoigner au quotidien du naufrage Gaudin. Ils savent la dureté de la vie comme la légèreté de l’eau – très peu calcaire – qui coule au robinet. Ils savent que cette caresse humide et à l’image de l’ambivalence de cette ville où les mots peuvent tuer aussi facilement qu’un règlement de compte ou pacifier en deux-deux les engatses du jour ! « C’est Marseille, bébé ! » aurait dit un rappeur inspiré. Eux aussi parlent de bébé ou plutôt de relations parent-enfant et enfant-enfant. Eux sont dans l’intime, avec tendresse. Ils sont à Marseille et universel.les…
Merlich, Merlich produit par l’académie Moovida et Cypher Films, la société de production de Pascal Tessaud, sera en compétition officielle au 16ème Urban Films Festival au Forum des Images à Paris en octobre prochain !
Merlich, Merlich première projection publique aura lieu jeudi 23 septembre dès 19h au MuCEM.