Rencontre avec Gordon Henderson, figure de la musique dominiquaise et inventeur du cadence-lypso
Au 62 Rue Mazarine dans le 6ème arrondissement de Paris, les clients dansent jusqu’à l’aube sur la mezzanine/forêt vierge de la fameuse brasserie l’Alcazar. Une fois par mois se tient les Cancan Party, un revival des bals antillais à la sauce actuelle rythmé par les disques de la DJ Béatrice Plunket. C’est là bas, que la diaspora antillaise vient redécouvrir des classiques et des raretés et peut-être croiser des figures de ces musiques.
Gordon Henderson, chanteur et leader du mythique groupe de la Dominique, Exile One était là, ce soir. L’inventeur du style Cadence Lypso, posé dans son canapé, nous raconte son histoire.
Tout commence dans les années 60 pour Gordon Henderson à la Dominique, cette île anglophone située entre la Martinique et Marie-Galante. Depuis son plus jeune âge, lorsqu’il aidait sa mère pour divers travaux ménagers, il s’amusait à reprendre les standards de rhythm’n’blues diffusés sur la radio locale. Il va développer très vite une voix singulière qui va rapidement séduire de nombreux musiciens. Il intègre ainsi Les Vikings de la Guadeloupe.
Avec eux, il signera deux tubes qui feront danser toutes les caraïbes, à tel point que le producteur du groupe, Henri Debs, lui proposera de travailler ensemble sur d’autres projets. C’est dans ce contexte que va naître Exile One.
Exile One va intégrer les différentes influences avec lesquelles ils ont grandit dans une musique nouvelle, encore jamais entendue, le Cadence Lypso. Ce genre de musique va révolutionner la musique créole à travers le monde autant que le zouk ou le biguine. En 1975, Gordon et deux de ses musiciens continuent en trio, ils quittent la Guadeloupe pour Paris et vont être le premier groupe antillais à signer avec un label important, Barclay.
Leur musique Aki Ya Ka sera un tube planétaire et il vendront pas moins de 60 000 exemplaires de cet album et seront numéro 1 des ventes du label devant de grands noms de la musique.
Après 45 ans de carrière, le groupe s’apprête à rééditer certains de leurs premiers disques et entamer une tournée mondiale.
« Dans les 70s, la scène était dingue, les cubains avaient leur son, les jamaïcains aussi, ceux de Trinidad pareil… Nous on a amené le Cadence Lypso et on continue à le propager presque 50 ans après sa naissance »