Festival à part, MIMI se démarque par ses choix artistiques qui lui valent d’être, répétons-le haut et fort l’un des festivals les plus passionnants de l’hexagone, mais aussi par ses axes de comm’. Souvent décalés, musclés sans être bodybuildés, ils sont révélateurs de l’état d’esprit combatif qui prévaut à L’A.M.I. (Aide aux Musiques Innovatrices) depuis plus de trois décennies. Ainsi pour cette nouvelle édition (la 33ème du nom pour être précis), ses activistes des musiques “pas pareilles” ont choisi de mêler légèreté presque enfantine de leur vocabulaire et sens de l’urgence souligné par ces “i” inversés devenus de fait points d’exclamation. MIMI garde tête haute et poings serrés – façon « même pas mal » – tout en surlignant en fluo les réelles difficultés qui ont marqué la préparation de ce nouveau cru ; alors que tout est à la baisse.
Mouvement International des Musiques Innovatrices
En effet, une première coupe budgétaire (- 60.000 €) opérée par la Région en 2017, avait contraint le festival devenu insulaire il y a quelques années (pour le plus grand bonheur des ses aficionados, artistes invités et public) à rapatrier sa prog sur le continent, plutôt que de sombrer dans la tourmente financière. MIMI abandonna donc à regret l’an passé, l’Hôpital Caroline et les Îles du Frioul pour s’arrimer à la dernière minute ou presque, aux anneaux de la Cité des Arts de la Rue aux Aygalades. Un retour plutôt bien vécu au final au regard de l’excellent accueil prodigué par ses hôtes et par les nouvelles perspectives artistiques offertes par ce rapprochement. « Au delà de la baisse de fréquentation attendue suite au changement de site et à son annonce tardive, cette nouvelle implantation nous a obligé à réaffirmer notre projet et à explorer de nouvelles pistes » analysait-on dans les bureaux de l’A.M.I. à l’issue de l’édition passée. Il faut dire que l’A.M.I. et La Cité des Arts de la Rue partagent plus d’un point commun, à commencer par un goût, une appétence pour la marge et les « canards à 5 pattes » pour reprendre une expression chère à Ferdinand Richard, le créateur du festival aujourd’hui à la retraite.
Bis Repetita.
L’an deux de MIMI à la Cité des Arts de la Rue montaient en température, élaborant des scénarii collaboratifs plus osés encore; quand un nouveau de vent de restriction budgétaire, le fameux deuxième effet kiss pas cool, souffla. – 60.000 € à nouveau, malmenant cette fois-ci non plus l’équilibre financier de l’A.M.I. mais celui de Dynamo, la couveuse d’entreprises culturelles. Cette structure satellite participe activement au projet d’accompagnement artistique mené tout au long de l’année et pour qui le festival MIMI est comme pour l’A.M.I., une vitrine.
Inventivité
Pour sa première année effective d’exercice en solo à la tête de l’A.M.I., Elodie Le Breut qui épaulait jusque là à la programmation le Grand Timonier des Musiques Innovatrices, a donc dû faire preuve d’inventivité. Il fallait palier au manque de moyens tout en continuant à combiner exigence artistique et taux de fréquentation, ce qui dans le domaines des musiques innovatrices, encore plus qu’ailleurs, ne va pas forcément de pair. Première conséquence de cette récente nouvelle coupe budgétaire, le festival bien décidé à ne rien lâcher comme en témoigne cette programmation qui se déroule sur cinq soirées et quelques à côtés aussi appelés MIMI bonus, ne posera ses enceintes qu’une seule soirée à la Cité des Arts de la Rue. Dans la foulée de l’annonce de la baisse de subvention, un appel aux dons via un MIMI-KissKissBankBank a été lancé. Il court jusqu’au 21 septembre. Tu peux donc encore contribuer en bon mimilitant voire – espérons-le – mimilliardaire.
MIMI en fait un max
MIMI, soigne les paradoxes et ne craint dégun ! Son ouverture est une fermeture, celle de la saison estivale du Toit Terrasse de la Friche la Belle de Mai, le 8 septembre. Ouvert à tous et très fréquenté, puisque gratuit, le toit-terrasse accueillera ce soir-là, Musique Chienne, Petit Singe et Borja Flames. Originaire de Meudon, dans la banlieue Ouest de Paris et installée depuis peu à Marseille, Musique Chienne (Sarah-Louise pour ses parents et collègues) avait contacté l’A.M.I. il y a quelques mois pour défendre les créations d’amis, musiciens de niche tout comme elle. C’est elle qui au final, se retrouve en ouverture de festival, lors d’un DJ-set qui lui permettra d’aller au bout de sa démarche, à savoir nous les faire entendre, ainsi que ses propres prods. Poétiques, enfantines mais pas que bien au contraire, ses compositions – « des sonates électroniques pour animaux et gens bizarres » déclare-t-elle – se jouent des doubles sens et cultivent l’équivoque. Un album de cette vibraphoniste et illustratrice est attendu prochainement. Petit Singe, ce nom tout en français est le pseudo d’une indienne qui a grandi à Bologne (Italie) et revendique de ne pas faire ce qu’on aimerait qu’elle fasse conformément à ses origines. Elle défend plutôt l’idée que les pays en voie de développement comme on les appelle avec distance, sont aussi terres de créations contemporaines, puisque appelés à être le nouveau monde, le vrai pas juste celui qui agite mollement notre hexagone politique. Ce qui se traduit artistiquement par un son large et planant, empruntant aussi bien au dub qu’au musique électronique post-club. Quant à Borja Flames, musicien espagnol installé en France, c’est en quartet qu’il présentera son univers vocal, inspirés par les travaux de l’Américaine Laurie Anderson ou de l’Argentine Juana Molina. Un after à l’Embobineuse, premier des MIMI bonus proposés, sera l’occasion de trouver ou de retrouver Usé, homme au multiples facettes et aventures (Headwar, Les Morts vont bien, Sultan Solitude, Roberto Succo…), qui présentera dans ce club voisin de la Friche, son univers, tourmenté pour le moins qu’on puise dire. Cet olibrius des musiques de traverse a récemment publié Selflic, un deuxième opus, illustré par un clip au nom évocateur et aux atmosphères sanguinolentes : Danser un slow avec un flic. Ce live sera suivi par le set d’un DJ dont le nom sera communiquer le soir même.
Exploser les lignes du hip-hop, gratter la notion de punk
Jeudi 13 septembre, rendez-vous Voute Virgo, de 19h à 1h, pour découvrir la création réalisée pour le festival. Car même avec des finances en berne et des budgets riquiqui, MIMI ne lâche rien – c’est aussi ça être en résistance . MIMI ne perd pas non plus le goût de l’aventure artistique. Cet Exile All Stars réunit à Marseille sur le toit de la Friche, trois amoureux du verbe et du mic, trois exilées : la poétesse et chanteuse franco-sénégalaise Tie et les MC’s Mike Ladd originaire du Massachusetts (USA) et Juice Aleem qui a grandi lui, à Birmingham (UK). Arrivé.e.s quelques jours plutôt pour parachever cette création, ils participeront à la discussion qui suivra la projection de Space is the place (le 11/09 à 20h). La projection de ce film réalisé en 1974 par John Coney sur une B.O de Sun Ra est une belle façon d’appréhender l’œuvre de musicien avant-gardiste, pionnier de l’afro-futurisme, un genre hybride qui connaît aujourd’hui un regain d’intérêt. Le 13 au soir, avant et après le concert/création de l’Exile AllStars, EverettX (Twerkistan) viendra partager son art du hip-hop expérimental et déjanté de club, lors d’un mixe sous perf bass-music (bailé-funk, trap-music…).
MIMI aux Aygalades
Vendredi 14, un an grosso-modo après son arrivée sur les roues arrière à la Cité des Arts de la Rue, MIMI investit à nouveau et plus largement encore ce pole de création qui n’a jamais été aussi prêt du centre-ville, bien que localiser en plein Quartiers Nord. En effet, le festival prévoit des navettes gratuites (2 à l’aller, 3 au retour) afin d’acheminer sur place son public (toutes les infos ici). MIMI n’est vraiment pas MOMOrt. Il donne encore du plaisir avec ses découvertes et trouvailles sonores souvent inédites sous nos latitudes. A ce titre, la performance de La Colonie de Vacances programmée en cette rentrée devrait intriguer, surprendre et faire jaser. Le public placé au centre de quatre formations (Papier Tigre, Electric Electric, Pneu, Marvin) partage de l’intérieur ce concert en quadriphonie, ces reprises réinventées de titres de leurs répertoires respectifs et créations imaginées pour ce dispositif. Le même soir sont programmés, le producteur réunionnais Labelle et ses musiques électroniques de l’Ile Bourbon, le Belge Elg et ses compositions binaires distordues et le duo Burnt Friedman – Mohammad Reza Mortazavi. Le producteur et musicien allemand et le percussionniste iranien, virtuose du tombak distilleront sur les constructions numériques aux sonorités actuelles du premier, des rythmiques perses aux métriques sophistiquées du second. (Le 14 de 20h à 2h30 à la Cité des Arts de la Rue).
MIMIMI, les matches d’impro’ de MIMI
C’est en renouant avec son passé quand le festival posait sa scène en plein no man’s land où seuls survivaient les moustiques, entre Marseille et Arles, et en ré initiant aujourd’hui dans son labobox les matches d’impro’ musicale d’antan que le festival fait face et résiste. Sur le principe de l’auberge espagnole, avec Ferdinand Richard en maître de cérémonie, cette soirée verra des duos ou trios formés après inscription individuelle préalable sur le site de l’AMI, improviser 7mn chrono. Ni plus, ni moinse ! Juste assez en tout cas pour peut-être voir naître sous nos yeux des embryons de formations que l’on recroisera si l’aventure se prolonge lors de futurs MIMI. Cette inventive réponse à la crise est aussi et surtout très économique. Bien joué serait-on tenté de dire, si le jeu n’était pas la survie de ce festival que Nova aime. (le 15 septembre de 18h à 23h dans les studios de l’AMI au rez-de-chaussée de la Friche, non loin du Cabaret Aléatoire – Accès libre)
Final dominical
C’est l’Embo où s’est prolongé la première soirée du festival, que l’équipe du festival donne rendez-vous à ses fidèles pour un final dominical. Sam Karpiénia revient à MIMI avec son tout nouveau projet De la Crau. Ce trio – Sam Karpiénia (guitare et voix), Thomas Lippens (batterie) et Emmanuel Reymond (contrebasse) – devenu quintet après l’arrivée du guitariste, chanteur et producteur marseillais Nicolas Dick et de Pauline Willerval, une joueuse de gadulka (violon bulgare), libère une énergie proche de la transe à même de libérer plus que de soutenir la voix sans aucune pareille, du chanteur. Sam Karpiénia sera aussi à l’Alcazar pour une séance d’écoute de quelques-uns de ses morceaux fétiches. (Le 12/09 à 17h30 à l’Alcazar –Accès libre. A noter que le lendemain à 17h30, c’est Musique Chienne qui se prêtera au jeu à la Bibliothèque du Merlan.).
Nova vous offre des places, tout en vous invitant à soutenir le projet du MIMI : gagnez vos places en jouant avec le mot de passe de la page Nova Aime.