Et son plus grand représentant : Soichi Terada.
C’est un immense travail de réhabilitation qui est mené depuis deux ans par différents mélomanes et labels, et ce travail concerne Soichi Terada, pape de l’Acid House japonaise.
Il convient en effet de rendre à ce musicien le crédit qu’il mérite pour son apport à la musique électronique. Très en avance sur son temps, et pourtant à des milliers de kilomètres de Chicago et de sa wharehouse comme de New York et de son paradise garage, c’est en 1989, juste après son diplôme en informatique, que l’illuminé Soichi Terada créé avec un ami, Shinichiro Yokota, son label Far East Recordings. Tout simplement parce qu’aucun label ne voulait de ses compositions.
Bien trop précurseur pour son époque et sa situation géographique, ce label ne connaîtra qu’un succès de niche, mais réussira néanmoins le tour de force d’être joué par la légende Larry Levan au sein même du Paradise Garage avec son titre « SunFlower ».
Dès 2004, le label néerlandais Creme Organization s’était lancé dans la réédition de ce titre emblématique, accompagné de quelques remixes.
La touche si particulière du musicien sur ce titre finit alors par intéresser les mélomanes, qui se mettent à fouiller son catalogue. E c’est ainsi qu’en 2014, le label londonien Hhatri prend le risque de faire de la réédition de The Far East Transcripts sa première sortie officielle en tant que label.
L’engouement des oreilles averties devient alors réel. Et en 2015, c’est Hunee, boss du label Rush Hour Recordings, qui dévoile une compilation d’envergure, qui permet de mesurer l’ampleur de l’oeuvre du producteur japonais. Terada a dévoué l’ensemble de sa vie à la musique électronique, constamment entouré d’ordinateurs et d’orgues électroniques — domaines dans lesquels il a été diplômé —.
Pourtant c’est un tout autre public qui avait l’honneur de mesurer la dimension visionnaire de la musique de Soichi Terada. En 1999 paraît un jeu encensé par la critique mais resté trop confidentiel, Ape Escape, dont le Gameplay consiste à attraper des singes dans des niveaux à l’aide d’un filet.
La musique de ce jeu, (qui m’avait traumatisé enfant, sans que je ne puisse imaginer quel homme se trouvait derrière), était signé par Soichi Terada, qui y laissait libre court à sa créativité de beats synthétiques et syncopés et s’écoute aujourd’hui comme un album.
Danser en 8 bits
Dès le début des années 90, le son de Soichi Terada est inspiré par la deep-house US, marquée par les soirées de la fin des années 80 où le jeune soichi écoute du hip-hop et de la house. Terada commence alors à produire grâce au sampling digital et se prend même quelquefois à jouer au DJ, mais avec un lecteur de cassettes DAT plutôt que des platines et un mixer…
Cette compilation témoigne ainsi de la créativité dont faisait preuve ce musicien au début des 90’s, inventant une house boucy et colorée, dont le rapport au jeu vidéo se fait très rapidement ressentir, comme si elle était un appel à danser en 8 bits.
Quant à Soichi Terada, il rencontre enfin le public qu’il mérite, notamment ce week-end aux Nuits Sonores, où le public lyonnais pourra se délecter de sa deep-house pionnière et visionnaire.
Visuel : (c) DR