A Ibiza ou ailleurs, le teen-movie reste un genre immortel.
Quel drôle de titre que Mourir à Ibiza. Ca a à la fois des airs de chanson de variété romantique des années 80 et d’un roman de Houellebecq. Mais il n’y a rien de tout ça ici, puisque ce premier film parle avant tout de vie. Celles de quatre vingtenaires à l’aube de la trentaine, bande qui se crée par hasard, quand Léa venue rejoindre un ami qu’elle espérait devenir amour à Arles tombe sur Ali et Maurice un commis boulanger et un apprenti gladiateur, rapidement suivi de Marius, le prétendant de Léa qui prétend surtout à prendre la tangente sur les mers. Mourir à Ibiza les visitera le temps de trois étés successifs au gré d’une amitié à dimensions variables. Ca pourrait être un film de Rohmer ou de Despleschin, avec qui ce film partage l’art de la fausse légèreté ou celui de la chronique du temps qui passe et de ses désillusions. C’est autre chose, Mourir à Ibiza, une parenthèse désenchantée où l’on peut pourtant se laisser aller à des moments de comédie musicale. Une promenade se laissant porter par un sens de la dérive, épluchant les couches de jeunesse qui s’en vont.
Derrière la caméra et le stylo, il y a une autre bande, un trio de réalisateurs Anton Balekdjian, Léo Couture et Mattéo Eustachon, qui organisent avec finesse les chassés croisés entre Léa et ses compères, en prenant bien soin de prendre des déviations pour fuir les stéréotypes du film d’apprentissage en floutant les pistes, puisque rien ne dit quand Mourir à Ibiza se passe, sans doute quelque part entre les années 80 et 2020. Un flou joliment tamisé d’où émerge pourtant un récit très contemporain de ce qu’est l’amitié, dans ses élans, ses frustrations ou son instabilité. Elle est peut-être le reflet de celle qui lie les réalisateurs, désormais liés par cette étonnante œuvre de jeunesse dans tous les sens du terme, particulièrement touchante quand elle ne craint pas de montrer ses vulnérabilités ou sa mélancolie. Et par là, un remarquable portrait générationnel, assurant que la vie n’est qu’un voyage où l’on navigue comme on peut, mais où il faut garder, quoiqu’il arrive les yeux sur l’horizon.
En salles le 7 décembre