Retour en podcast sur les masterclasses Music Factory x Nova à la Galerie des Galeries.
Depuis le début du mois d’avril jusqu’à la fin du mois de juin, le festival Music Machines a investi les Galeries Lafayette à travers toute la France, sous la houlette d’un des plus grands représentants de la musique à la française, monsieur Pedro Winter (ex manager des Daft Punk, fondateur du label Ed Banger, DJ de renom sous le blaze de Busy P).
Au-delà des concerts, des DJ sets, d’un popup store avec Etudes, ou d’un disquaire éphémère, la Galerie des Galeries (l’espace culturel situé au 1er étage des Galeries Lafayette Haussmann) est aussi devenue un espace de réflexion et de débat autour de la musique, avec l’organisation de différentes masterclasses pensées en collaboration avec Radio Nova qui analysent les interactions et la porosité entre mode et musique, mais aussi entre genre et musique.
Dans un premier temps, ce sont les interconnexions entre mode et rap qui ont été explorées lors d’une longue conversation entre Ichon et notre journaliste Raphael Malkin, qui remettaient en perspective l’idée de la mode comme une appartenance à une coutume, à un milieu et à ses codes que l’on s’approprie et qui finissent par devenir des symboles indissociables d’un héritage du rap comme culture. Des Adidas de Run DMC en 1986 jusqu’au survêtement Lacoste qui a associé de manière inextricable avec le rap français, jusqu’à la pochette d’un album d’Arsenik : rap et mode sont absolument liés.
Aussi, le rap et le luxe connaissent une histoire de ré-appropriation entre les mains de Dapper Dan par exemple, qui, depuis Harlem faisait cohabiter luxe et street, jusqu’à Virgil Abloh aka Off-White aujourd’hui, ami de Kanye West, devenu responsable de la ligne pour homme de Louis Vuitton.
Et c’est en réécoute ci-dessous.
Mode et musique : indissociables et antinomiques ?
Toujours autour des questions de la mode et de la musique, une autre masterclasse a pu permettre à Alice Pfeiffer et Piu Piu d’échanger sur les relations parfois fluides entre les deux disciplines.
Dans cette conversation, c’est la question de la diversité des interactions qui est abordée, car mode et musique sont indissociables mais peuvent aussi devenir antinomiques. D’abord, la mode peut épouser les besoins de ceux qui vivent et pratiquent la musique. Ainsi, si la banane (le vêtement, pas le fruit) est au coeur d’un revival 90’s, c’est aussi l’objet de prédilection des clubbers qui veulent avoir les mains libres lorsqu’ils font la fête. De même si le survêtement est, de manière intrinsèque, associé au rap, son port se justifie aussi par les mouvements des emcees sur scène. Mode et musique sont à la fois un enjeu communautaire et identitaire mais le vêtement ne doit jamais être décoléré de son aspect pratique.
L’artiste, un homme-sandwich ?
Mais mode et musique ont aussi une relation, parfois commerciale, qui se joue sur une crête, où l’artiste peut perdre sa légitimité et ne devenir qu’homme-sandwich, tout comme il peut mettre sa créativité au service de la marque.
Enfin, mode et musique ont une relation hyper-contemporaine, re-modulée par les nouveaux moyens de consommation, notamment Instagram, un réseau social visuel qui fait primer l’apparence sur la musique chez beaucoup de ses utilisateurs.
Enfin la dernière masterclasse a fait place à une réflexion autour de la musique et du genre, entre Geraldine Sarratia et Kiddy Smile.
La mode, affirmation du genre dans la musique ?
La mode est un objet d’étude intéressant concernant les questions de normes de genre, car elle les fabrique et les affirme mais permet aussi de les détourner. La mode peut en effet être un lieu de remise en question des genres, et une expression de subjectivité et la musique peut être vue de la même façon, à la fois un espace très normatif mais qui peut aussi être un terrain d’expression de dissidences. Enfin a l’image de Kiddy Smile et de son rapport aux vêtements la mode est la frontière entre le social et l’intimité et un des premiers moyens d’expression. Ce sont ces questions qui ont été évoquées dans le dialogue de Géraldine et Kiddy Smile.