Des albums, il en sort désormais 2520 par semaine (chiffre approximatif). Pour vous aider à faire le tri, voici la sélection hebdo de Radio Nova des albums à ne pas louper.
Tristesse Contemporaine, UNITED
Au début des années 2010, un trio polyglotte se rencontre à Paris. Une Japonaise à la batterie (Narumi), un Suédois à la guitare (Leo), un Anglo-jamaïcain au micro (Mike). « La tristesse durera toujours », répète-t-il avant de nommer leur projet Tristesse Contemporaine. Une musique dark, progressive, une disco noire tellement ombrageuse que celui qui la chantait portait, en séance photo ou en live, le masque, flippant à souhait, d’un âne gris. Bas les masques aujourd’hui, au propre comme au figuré : le trio se réinvente, se fait quasiment quatuor (c’est l’ami Lewis OfMan qui produit le disque), et bascule dans une musique funk discoïde et R&B (parfois, c’est même new-wave, comme sur « XRaver » beaucoup plus claire qu’hier. Aussi : vous pouvez taper fort du pied sur la petite bombe « England ».
Mykki Blanco, Stay Close To Music
De masque, Mykki Blanco n’en a plus besoin depuis longtemps. Icône LGBTQ+, militant.e anti-raciste (« Blanco », c’est pas pour rien…), compositeur·trice·s touche-à-tout et open minded (certains morceaux sonnent trap, d’autres grunge, punk, hip-hop, funk, R&B…), l’artiste californien.ne innove encore sur un album au nom évocateur — Stay Close To Music. Sur ce sixième album libéré de tout carcan (on n’est plus là-dedans depuis un moment…), l’artiste non binaire trouve l’équilibre parfait entre la gravité qu’implique l’idée d’être un exemple pour qui cherche encore sa voix, et l’idée de s’autoriser quelques dérapages très contrôlés. Niveau musique, quelques mots-clés : c’est pop, trap, hip-hop. C’est un grand mélange de tout ce qui est bon à prendre, de tout ce qui est bon à créer, de tout ce qui est bon à offrir pour tenter, au maximum, de devenir qui l’on est.
Maajo, Water of life
Musiques sans barrières célébrées sur cette antenne, épisode 29 000. Le groupe afro-finlandais Maajo, qui sort aujourd’hui son troisième album Water of life, road trip de onze morceaux comme autant de contrées différentes visitées. Et à chacune des étapes, on danse, on pense, on voyage : beaucoup de voix sur ce disque (six langues sont chantées au total, dont le finnois, le wolof ou encore le nyanja, parlée en Zambie), et de drôles de parcours. Gilbert K, qui chante dans son créole mauricien natal, est par exemple passé par l’Afrique du Sud et la Chine avant de remporter l’émission Voice of Finland et de se retrouver dans Maajo. Mots-clés pour le son ? On cite des gens bien mieux renseignés que nous sur le projet : « Le son afro-baléarique caractéristique de Maajo, rencontre le new-age et la fusion de la fin des années 80, avec des touches de soul moderne. » Qu’est-ce que ça donne ? Le grand mix.
RAZ & AFLA, The Cycle
Même énergie, autre rencontre : un duo afro-électro londonien, cette fois, avec à la baguette le producteur Raz Olsher (from England) et le percussionniste et chanteur de highlife Afla Sackey (from Ghana). L’album s’appelle The Cycle, sonne funk, highlife, afro-cosmique, transpire d’une bonne humeur très contagieuse. Une seule voie possible : celle de la piste de danse où chaque pas, c’est la thématique, annonce un nouveau cycle (celui qui inaugure le suivant). Londres — Accra : le grand mix encore, on ne lâche rien, on continue, encore et toujours !
Cerrone, Cerrone by Cerrone
Un autre qui ne lâche rien, tiens… car voici un nouvel album de Cerrone ! Oui, celui que vous connaissez, pas un odieux plagieur qui souhaiterait récupérer les lauriers d’un autre, mais toujours l’inusable parrain de la disco qui fait danser les clubbeurs, les nouveaux boomeurs et les always disco lovers depuis… 1972 ! Vous avez bien calculé, ça fait 50 ans de carrière pour ce Français d’origine italienne, ancien pilier du groupe Kongas, où il expérimenta l’usage de cette batterie qu’il immiscera dans quelques-uns des tubes disco les plus puissants de la planète : « Supernature », « Summer Lovin’ », « Give me love » ou… « Experience » (en feat. avec le rappeur Laylow mais ok, c’est moins connu…). Nouveaux tubes à venir avec ce nouvel album ? Pas tout à fait : avec Cerrone by Cerrone, le parrain reste tranquillement posé dans son fauteuil, et propose un disque qui verra donc Cerrone, aidé par la voix du chanteur Brendan Reilly et par d’autres (Dimitri from Paris, Dave Lee…), reprendre des tubes de… Cerrone. Afin de rendre, un peu plus encore, à Cerrone ce qui appartenait déjà à Cerrone.
Kutiman, Open
Vous avez encore les oreilles ouvertes ? Tournez-les alors vers Kutiman, le compositeur et multi-instrumentiste israélien qui présente pour sa part son sixième album. Le musicien a étudié le jazz à Tel-Aviv, a côtoyé la famille Marley en Jamaïque, connaît sur le bout des cordes l’afrobeat, le funk, le trip hop. De longues années passées, aussi, dans un kibboutz du désert du Néguev, à méditer sur le sens qu’il souhaite donner à une musique qui atteint, avec Open, quelques sommets d’élégance (« My Everything », « Always be alone »). Avec la voix du camarade Elran Dekel en renfort sur certaines partitions, Open est une suite orchestrale sans frontières, si ce n’est celles, mentales, que l’on peut être amené à bâtir entre rêve et réalité. À vous de les ouvrir.
Louis Cole, Quality Over Opinion
Terminons avec le nouvel album du Californien Louis Cole, auteur-compositeur-interprète multi-instrumentiste, moitié du duo Knower et collaborateur de Thundercat. Sur Quality Over Opinion, il balance un funk cosmique, dansant, généreux (« Dead Inside Shuffle », Failing in a cool way », « I’m Tight », « Planet X ») sur un disque qui ne se résume pas qu’à ça, puisque les amateurs de rock (« Bitches »), de folk (« Not Needed Anymore ») de R&B (« Message ») y trouveront aussi leur compte. Les amateurs de… big beat, aussi, façon The Prodigy au pic de la déglingue, au terme d’un morceau (« Let me Snack ») qui résume à lui seul la folie créative (et un brin schizo ?) de cet artiste au talent brut.
Nelick, Vanille Fraise
Et si vous avez encore de la place dans votre baladeur cette semaine, ajoutez l’EP Vanille Fraise de Nelick, le rappeur qui rappe avec Arielle Dombasle, mange des glaces au soleil, emmène l’urbain du côté du mondain (donc de la pop et de la varietoche qui ne fait pas tant de mal que ça, vous verrez). Et en plus son single est une chanson d’amour.