Ses confessions sortent aux Editions Allia.
Dans le Django Unchained de Tarantino (mauvais western gratuitement cruel), DiCaprio, marchand d’esclaves, demande à son valet-esclave noir pourquoi il ne lui a pas, depuis le temps qu’il aurait pu le faire, coupé la gorge en le rasant ? Et le traite de « soumis » !
Justement, vers cette époque, cela fut fait. Tarantino aurait mieux fait de filmer la révolte de Nat Turner en Virginie en 1831. Les Éditions Allia éditent le compte-rendu des faits et du procès du leader de la révolte : Nat Turner, sous le titre : Confessions de Nat Turner.
Et justement, un film de Nate Parker (acteur et cinéaste) sort aussi sur ce sujet oublié, en réponse au vieux film muet de Griffith Naissance d’une Nation où l’on pouvait voir le Ku Klux Klan à l’œuvre… Une épopée nationaliste et bien pensante.
Birth of a Nation, de 2017, même titre, est le négatif de la version de D.W. Griffith de 1915 idéalisé et déformée, mais cette fois, concentré sur cette révolte peu connue d’esclaves noirs, et bien réelle !
Le livret de 75 pages de chez Allia est une simple mémoire d’une affaire pas simple du tout. En effet, le leader Nat Turner était instruit, bien élevé, avait vécu dans la paix avec sa mère dans une exploitation, et pourtant il avait levé une troupe et tué tous les fermiers et leurs familles dans les environs …( environ 55 personnes).
En Virginie, ce Nat Turner était quand même passé entre les mains de plusieurs maitres, et n’était pas le premier à tenter une révolte : Suite à celle de Saint Domingue, il y eut vers 1800, plusieurs tentatives en Virginie et en Caroline du sud ( celle de Sono et de Charleston…)
Bien sûr, les publications américaines furent partisanes, évoquant le démon chez ce Jeune Noir qualifié d’ »intelligence rare et d’esprit agile », afin de lui enlever toute excuse. Nat Turner fut contraint de dire que Dieu lui avait dicté sa conduite, et le Christ crucifié (pour nos péchés) avait inspiré son geste !
En 1865, le Klan fut créé, milice blanche masquée en pénitents à cagoule blanche, lynchant autant d’hommes noirs que cela était possible , afin de défendre les femmes blanches, soi-disant menacées par la bestialité noire !
On pourrait continuer sur ces « affaires » américaines oubliées, occultées, amoindries ou déformées, et toutes basées sur la violence insupportable de l l’esclavage, et son aspect « indicible » pour une nation…
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Confessions de Nat Turner, 60 pages. Editions Allia. 6 Euros 50
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