Ennemie déclarée de l’épilation, cette dessinatrice franco-mexicaine nous brosse le tableau d’une humanité lassée de « s’exterminer la moquette » et qui, encouragée par la crise, laisserait refleurir son système pileux. Au poil !
« Tout le monde se doutait que Pépé, notre chien, qui faisait la sieste au fond du jardin, pouvait parler. « Dis quelque chose, Pépé ! Parle-nous ! » « Jamais de la vie« , répondit Pépé. » Que savons-nous réellement des bêtes à poils longs ? C’est l’une des questions métaphysiques qui surgissent à la lecture des Mini-histoires pour tout le monde, écrites et dessinées par Nazheli Perrot, 40 ans, plasticienne franco-mexicaine diplômée des Beaux-Arts de Paris.
Dans cet ouvrage à paraître à destination des petits (mais pas seulement), on croise foule : un biscuit en péril, une plante carnivore sympa, des oiseaux laveurs de pull, deux hérissons qui font le tour de la Terre dans les deux sens, Bruno le cowboy, Robert le gros bébé ou encore Patrick le poulpe du pôle Nord. Région du monde où se déroule également Les Ours blancs ne perdent pas le Nord, roman illustré pour la jeunesse (dont le texte est signé par le créateur de ce podcast, mais ne le répétez à personne !) sur lequel s’active cet automne l’autrice primée de Pou sort de la caverne, sa version mioche et pas moche de l’allégorie platonicienne, parue en 2017 aux éditions Bilboquet.
« Pour un futur désirable, mon regard se porte sur une habitude aberrante, d’une absurdité primaire, à savoir l’épilation. » Dans l’enregistrement qu’elle nous a fait parvenir par hasard et pas rasée, Perrot part en guerre contre notre tendance « incroyablement prolixe », loin des buissons ardents de la préhistoire, « à se torturer les bulbes, à s’exterminer la moquette ». Mais c’était sans compter sur l’enlisement de la crise du covid-19, au cours de laquelle « le capitalisme se mit à brouter sévère ». Il fallut donc renoncer à l’inutile, comme les rasoirs et les bandes de cire. « On oublia doucement qu’on en voulait aux poils, occupés à cultiver nos jardins. On goûta au plaisir de vraies vraies tartes aux poils, à la beauté des perles de rosée sur une épaule velue au soleil de sept heures, on huma avec délice les barbes de fin de journée. Enfin, on commença à kiffer se lâcher la touffe. »
Image : Capitaine Caverne, de Joe Ruby & Ken Spears (1977-1980).