Au micro de Bintou Simporé, Hugues Marly et Flavien Larcade, les artistes dévoilent leurs œuvres, réalisées pour cette exposition, dédiée à leur perception des relations entre le continent africain et le reste du globe.
Pour la dernière émission de la saison, Néo Géo a posé ses micros au Musée d’Art Moderne et Contemporain (MAMC) de Saint-Étienne ! Lors de cette dernière, visite guidée en compagnie de Mo Laudi, commissaire de l’exposition, Aurélie Voltz, directrice du musée et des artistes exposés jusqu’au 16 octobre dans les murs du MAMC.
Worldmix 1 : Le mix “Secousse” d’Étienne Tron
Pour commencer cette immersion, plongée dans le worldmix du Dj et producteur Etienne Tron, créateur du label Secousse. Un mix réalisé le jour du vernissage de l’exposition, que vous propose de revivre Bintou Simporé.
Worldmix 2 : immersion dans le “Globalisto” de Mo Laudi
L’artiste et Dj Mo Laudi, commissaire de l’exposition, a également réalisé un mix lors de cet événement. Découvrez une sélection qui a fait vibrer les murs du MAMC de Saint-Étienne !
En prélude, Mo Laudi nous présente une œuvre qu’il expose : “Restitution : renommer la collection”. Une céramique, un poing noir dressé vers le ciel , “symbole du mouvement de libération des sud africains” pour Mo Laudi. Ce poing côtoie la figurine en bronze d’un guerrier africain muni d’une arme à feu . Elle est “inspirée de la restitution d’œuvres en bronze au Bénin”, et en lien avec le fait que la ville de Saint-Étienne fut une importante manufacture d’armes.
UN VENT D’AILLEURS
Un Vent d’Ailleurs souffle entre Paris et le Mozambique pour l’expo Globalisto, mais aussi à Saint Etienne, avec l’artiste Euridice Zaituna Kala, qui expose “Archives personnelles : exercice d’archéologie émotionnelle“ une de ses œuvres , à l’invitation de Mo Laudi : Aïcha Goblet fut une modèle noire, la muse de nombreux artistes. La voici dans un portrait grandeur nature, une manière de “questionner le manque de visibilité des personnes de couleur, tout comme son identité.” Une analyse en accord avec les valeurs de l’exposition, qu’elle présente au micro de Flavien Larcade devant cette œuvre.
Originaire de Maputo au Mozambique, Euridice Zaituna Kala vit et travaille à Paris. Dans ses œuvres, elle appuie une lecture du monde par le prisme du continent africain. Cette réflexion se manifeste par des livres, des récits, des performances ou des sculptures. Elle a réalisé de multiples expositions à travers le monde et a cofondé en 2017 le “e.a.s.t” (Ephemeral Archival Station). Ce collectif est un espace de recherche artistique inscrit dans la même pensée que l’artiste.
D’ICI ET D’AILLEURS
Pour présenter l’exposition, Bintou Simporé reçoit sur ce plateau spécial “Globalisto” Aurélie Voltz, directrice du Musée d’Art Moderne et Contemporain (MAMC) de Saint-Étienne et le commissaire de l’exposition, Mo Laudi. Ensemble, ils reviennent sur les valeurs décoloniales de “Globalisto”.
Extrait :
“Il est temps que les musées, avec des traditions occidentales, s’ouvrent et aillent vers des collections d’autres continents. Il faut absolument raconter de nouvelles histoires, celles du monde contemporain qui est ouvert vers un monde sans frontières” (Aurélie Voltz)
“J’ai toujours été intéressé par ces questions liées aux nouvelles philosophies. Savoir comment nous pouvons penser différemment aujourd’hui, plutôt que par le prisme européen.” (Mo Laudi)
Entretien avec les artistes
Pour cette deuxième partie d’Ici et d’Ailleurs, Bintou Simporé et Hugues Marly reçoivent les artistes Josèfa Ntjam, Raphaël Barontini, et Myriam Mihindou, pour partager les significations de leurs œuvres.
Née à Metz en 1992, Josèfa Ntjam vit et travaille à Saint-Etienne. Diplômée des Écoles Nationale Supérieure d’Art de Bourges et de Paris, elle oriente ses projets vers “la déconstruction de discours hégémoniques sur l’origine, l’identité et la race”. Elle puise ses œuvres dans son passé familial et les mouvements panafricains pour l’indépendance (son grand-père a été tué par l’armée française au Cameroun en 1955). Pour l’exposition Globalisto. Une Philosophie en Mouvement”, elle propose sculptures, fonds marins, des pièces “hybrides”, en lien avec le thème de l’exposition.
Raphaël Barontoni est né en 1984 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) où il travaille toujours. Il alimente ses œuvres de la pensée d’auteurs comme Edouard Glissant et Aimé Césaire, autour de la “créolisation” (pensée qui veut que le mélange des cultures amène de nouvelles formes de créations et de lecture du monde). Une pensée en phase avec l’exposition “Globalisto”, pour laquelle il a composé de grandes toiles colorées, portraits en hommage à des figures du XVIIIe siècle (Saint Maurice , le “Centurion Noir “ au 13ᵉ siècle ou Toussaint Louverture au 18ᵉ).
Plasticienne franco-gabonaise, Myriam Mihindou porte son travail sur la relation au corps et ses apparitions. Elle “questionne les énergies, les histoires, les paysages, les corps et les matériaux, en portant une attention particulière à la transmission”. “Dans la série intitulée « La Langue secouée », elle travaille littéralement et physiquement la plasticité des mots avec des fils de cuivre, des broderies et des coupures d’ouvrages imprimés “ (MAMC) .
LE COUP DE CŒUR
Coup de cœur, toujours depuis Saint-Étienne, pour l’exposition “Bifurcations, Choisir l’essentiel” à voir en ce moment à la Cité du Design , dans le cadre de la Biennale internationale du design 2022 Hugues Marly est allé y poser son micro, guidée par Amélie Simard, médiatrice. Plongez dans ce focus africain “Singulier Plurielles ” avec eux.
Hugues Marly poursuit ensuite sa route à la rencontre de l’artiste Wilfried Nakeu. Pour l’exposition, il propose une œuvre sous forme de NFT (non- fungible token)
Né en 1990 à Yaoundé (Cameroun) Wilfried Nakeu est un artiste tourné vers le multimédia. Diplomé en informatique, il aime puiser dans ce savoir-faire pour alimenter son travail. Dans celui-ci, I-il “‘explore la conscience environnementale et décoloniale, les systèmes de connaissance et la spiritualité africaines” (MAMC).
Rencontre avec Porky Hefer
Pour continuer ce tour de table des artistes de l’exposition, Bintou Simporé et Hugues Marly donnent le micro à Porky Hefer. L’artiste a réalisé pour cette exposition un nid géant, dans lequel les visiteurs peuvent s’installer pour “appréhender différemment leur réalité”. Ce “drôle d’oiseau” est accompagné de la directrice du musée, Aurélie Voltz.
Artiste originaire d’Afrique du Sud, Porky vit et travaille en France depuis quelques mois. Son travail est tourné vers de grandes installations et sculptures de design, qui redéfinissent les perspectives. Pour les construire, il explique s’inspirer de “techniques autonomes traditionnelles”, issues du continent africain.
“Suivez le guide”, car nous sortons du nid de l’artiste sud africain et arlésien Porky Hefer, un nid bien confortable que vous verrez à l’exposition “Globalisto”, aux côtés de sculptures d’argile et métal que sont celles de Marie Aimee Fattouche, artiste installée à Aubervilliers.
À voir également au MAMC de Saint-Étienne : des toiles terreuses à la couleur des sols du village d’enfance de l’artiste Moshekwa Langa, village du Limpopo en Afrique du Sud, où fut découvert une mine de platine. Autre installation (iconoclaste), celle de l’américain Dread Scott, qui met en scène le drapeau américain, mais aussi les films à l’allure de jeu vidéo de Sara Sadik (Marseille), chroniqueuse de l’existence d’un jeune homme à l’orée d’un changement de vie.
La nigériane Otobong Nkanga expose aussi des tapisseries, sous forme de “planche botanique”. Elles sont brodées à partir de la plante dont est issue la noix de cola, très utilisée dans les rituels d’Afrique de l’Ouest. Connue pour ses propriétés stimulantes, elle est d’une grande d’importance pour la marque Coca Cola, qui l’a utilisée pour créer ses boissons mondialement achetées et absorbées.
Ce sont au total 19 artistes qui exposent leurs œuvres au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint Etienne. À vous maintenant de les découvrir !
Worldmix 3 : Le show de Guedra Guedra en after party à l’Awazé Café (Saint-Étienne)
Après cette visite guidée, l’équipe de Néo Géo propose de se dégourdir les jambes, avec un set des plus dansants du Dj marocain Guedra Guedra ! L’artiste masqué a enflammé l’Awazé Café de Saint-Etienne, lieu où se déroulait la fin de soirée du vernissage de cette exposition “Globalisto. Une Philosophie en Mouvement”.
Le DJ et compositeur Guedra Guedra (Abdellah M.Hassak), actuellement installé à Marrakech, nourrit sa musique de sonorités traditionnelles de Mauritanie, du Sénégal, du Bénin et des pays du Maghreb, le tout accompagné d’un électro percussif et voulu « underground ». Son dernier projet, “Vexillology” est sorti l’an dernier, en attendant ses prochaines productions promises pour bientôt.
Playlist du mag :
B Love – Lucy
Viviano Torres – Que Viva Mandela
Kabeaushe- Hadi Lini
Moodymann – Why Do U Feel
Création sonore Raphaël Barontini et Mike ladd
Firmin Viry – Valet valet
James BKS – No Unga Bunga
Mgababa Queens – Akulalwa Esoweto (1973)
Nick Cave and Bad Seeds – Into my arms
Le mix de Guedra Guedra
C’était Néo Géo saison 21-22 . Nous avons été heureux de vous accompagner chaque dimanche matin de 9 h à midi. Merci aux invités, artistes, écrivains, activistes culturels d’ici et d’ailleurs. Merci au réalisateur en chef de l’émission Benoît Thuault et à l’équipe : Christian Nzonta, Tristan Guérin, Guillaume Girault, Lucile Aussel, Mathieu Boudon, Nabil Chafa, Melvin Schlemer. À la rédaction cette année : Flavien Larcade, Véronique Mortaigne, Judah Roger, Hugues Marly, Léna Gandrey, Isadora Dartial, Jeanne Lacaille, Sophie Marchand, Esteli Hernandez Ortiz, Mélanie Mallet, et à Nova.fr : Sébastien Carriau, Mathilde de Capèle et Bastien Stisi.
Merci également à Nisrine Alaoui de Combat, à Lucas Martinet , Aurélie Voltz et leur équipe du MAMC de Saint Etienne, ainsi qu’à Hélene Iyassu du collectif Vert Boucan, et à l’Awazé café de Saint Etienne ! À bientôt et bel été avec Radio Nova.