Des influenceur‧euses engrangent des centaines de millions de vues en nettoyant… des tombes d’inconnu‧es. Le problème, c’est que ces vidéos “satisfaisantes” ne ménage en ASMR posent de véritables questions éthiques.
Si vous trainez un peu sur Tiktok ou sur les Reels d’Instagram, vous avez déjà repéré ce genre de vidéos.
Très rapides, très bien montées, on y voit des pschitts satisfaisants de produits d’entretien, des bruits sourds d’éponges, de brosses et d’outils de ménage divers. Sous nos yeux, le ballet d’un ménage parfait, rapide, saccadé en ASMR. Un délice pour le cerveau.
« The Clean Girl » et le #CleanTok
Parmi ces vidéos de ménage qui font beaucoup de vues, pour beaucoup réunies sous le hashtag #CleanTok, certaines sortent du lot. Comme celle de Stacey Habecker, alias The Clean Girl, vue plus de 140 millions de fois.
Elle est à peu près toujours vêtue de rose, et compte 5 millions de followers sur Instagram et TikTok combiné. Dans celle-ci, Habecker se filme en train de lancer une balle rose dans un cimetière, puis elle décidera de nettoyer la tombe que le hasard lui aura indiquée : là où la balle s’arrête. La créatrice de contenu débarque pour souffler les feuilles et astiquer la pierre tombale avec un tas d’outils et de produits moussants, encore une fois, tous roses. Le ménage terminé, elle révèle le nom du défunt en fin de vidéo.
L’entretien des tombes devient viral
C’est ce qu’on appelle une ‘trend‘, une mode. Ce qui veut dire que des vidéos comme ça, il en existe des centaines à travers les réseaux sociaux (notamment TikTok). L’histoire semble aux premiers abords plutôt belle : une tombe qui semblerait abandonnée, ou bien que les proches de la personne défunte n’ont pas le temps ni le budget d’entretenir, se voit mettre un coup de propre et se refait faire une beauté par une honnête âme d’Instagram ou de Reddit…
Des nettoyages pas si propres que ça
Certains y voient un acte de gentillesse, d’humanité, d’autres s’offusquent et signalent plutôt qu’il s’agit aussi d’exploiter les morts, les tombes pour faire des vues et de l’argent. Un manque de respect aussi pour les proches des défunt‧es. Le nettoyage du lieu de repos des morts, c’est souvent un devoir familial. Par exemple, lors du Dia de Los Muertos, dans la culture mexicaine, ce sont bien les membres de la famille qui viennent nettoyer la tombe le 1er novembre. Enfin, les détracteur‧ices du Clean Tok de tombes parlent aussi de la pollution. En effet, ces récurages se font à grand renfort de produits chimiques, qui risquent d’user la pierre beaucoup trop rapidement et polluent les sols.
Une communauté respectueuse des tombes
Heureusement pour les défunt‧es, il existe une véritable communauté éclairée qui respecte tout cela et s’intéresse à la généalogie tout en sensibilisant sur la conservation des tombes. Des formations continuent de se développer pour restaurer et entretenir les tombes correctement. C’est tout un métier !