Musique populaire de l’Indépendance : 1960 1963.
Le Nigeria, tête de pont de l’Afrique de l’Ouest, est un pays électrique et vibrant. Lagos : une immense capitale entre sous-développement et futur. Après bien des remous et des guerres civiles, indépendance en 1960. Et, comme en Jamaïque, les Anglais ont laissé un pays chancelant, qui va vivre une indépendance hors de portée et décevante. Et le mélange de chrétiens, musulmans, animistes, et de 3 ethnies principales – Yoruba, Igbo et Hausa – ne facilita pas les choses.
FELA (Ransome Kuti), musicien de famille (Yoruba, un peu griot), avait exporté son AFROBEAT dans le monde, dans les années 80. Mais avant lui, ses ancêtres et bien d’autres artistes, issus de chorales et de fanfares, avaient jalonné les années 30 et 40 d’orchestres de plus en plus modernes, avec cuivres et cordes, pour le brillant style HIGHLIFE (genre issu du Ghana des années 20 : brillant et chaud !) Puis, sur des bases de tambours et de percussions virtuoses, et de chants traditionnels yoruba, vint le genre populaire appelé JUJU.
Mais les combos nigérians ont attiré toutes les maisons de disques dès les années 20 ! Decca, EMI, RCA, Odeon, Columbia, Parlophone, Philips ont enregistré ou acheté les tubes nigérians, avant que ceux-ci n’arrivent à créer des labels locaux. Et comme toujours, les musiciens d’Afrique de l’Ouest étaient branchés sur les extraordinaires musiques dansantes des Caraïbes et des Antilles.
Le CALYPSO de Trinidad, le SON et le Mambo cubain, un peu de SAMBA brésilienne aussi, le tout avec des arrangements Jazzy, et des notions de musique européenne classique, romantique !
Ce fantastique melting-pot, et les indépendances se répandant dans une Afrique déjà dotée de grandes villes avec bars, hôtels, théâtres et night-clubs, les grands orchestres pouvaient tourner et commencer à jouer autre chose que le style pour colons, inspiré de Louis Prima, Bennie Goodman ou Glenn Miller, et à parler de LEUR société.
Le talent inné fit le reste : nombreuses formations, leaders inspirés ou curieux et à partir des années 60, ROCK et SOUL vinrent accompagner cette palette déjà riche de toutes ces fusions.
Sur cette première compilation Soul Jazz, une solide toile de fond de percussions roulantes entrecroisées, sophistiquées, discrètes ou soutenues : on entend ces TAMBOURS QUI PARLENT, chuchotent et résonnent, soutenant tous les styles…
Des chants calmes, plus ou moins lancinants, des mélopées chantées en canon, chœurs, solos, et toutes la gamme des cuivres : tantôt rétros Calypso, on pense aux « soundies » américains des années 40, ces vieux clips pour lancer la musique latino et les danses à la mode.
Une ambiance très soirée, gala, entre Cuba, Kingston et Trinidad : chanteurs charmeurs et fluides, qui semblent des instruments pour le solo, raconter des histoires de femmes, d’argent ou de social, en dansant sur des pas glissés, des breaks savants, des effets jazz…
NIGERIA FREEDOM SOUNDS ! Popular music and the birth of indépendant Nigeria : 1960-63, Soul Jazz Records.
Calypso, Highlife, Apala, Mambo, Juju. 23 titres + un Booklet de 45 pages avec photos, historique politique, notule pour chaque groupe et des reproductions de publicité de grosses firmes ventant l’indépendance !