Demain, nous célébrerons – ou pas – d’ailleurs l’anniversaire du premier confinement en France. Personne, si je ne me trompe, n’a songé à faire un gros gâteau en forme de Covid, même si nombre de mes confrères ont déjà commencé à emballer cet anniversaire dans du papier journal.
Je ne vous dresserai pas ce matin la liste de ce que la Covid à changé dans nos vies, de ce qu’on ne fait plus. Je ne vous répèterai pas non plus toutes ces choses non essentielles qui me manquent terriblement, qui nous manquent terriblement, je n’ai que deux minutes et quelques secondes pour cela.
Non, ce matin, je vous raconterai juste que cette année noire – pour reprendre l’expression utilisée par certains de mes collègues comme on dit à Marseille – m’évoque d’autres années noires, des années noires qui s’écrivent au pluriel, des années noires qui ont duré 10 ans et plus, des années noires qu’on a surnommées la décennie noire pour lui garder son caractère singulier de l’autre côté de la Grande Bleue.
C’était dans les années 90, en Algérie, c’était il y a plus de vingt ans, donc pas trop loin pour qu’on s’en souvienne encore, mais suffisamment quand même pour qu’on ait pris de la distance avec ses années terribles où des gamins se rendaient le matin à l’école, sans savoir s’ils seraient de retour le soir ; et si à leur retour, ils retrouveraient père et mère pour les accueillir. C’était une horreur quotidienne. Une horreur qui a occasionné 60.000 à 150.000 morts selon les sources.
C’était dans les années 90, en Algérie, c’était il y a plus de vingt ans, donc pas trop loin pour qu’on s’en souvienne encore. Étonnement, quand tu en parles avec des Algériens ou quand ils en parlent entre eux, c’est comme un trou noir dans leur vie. Ils l’ont vécu, c’est passé, ils n’en parlent plus ! Comme si leur mémoire, leur esprit occultait ces années-là. Pourtant tous ont dans leurs proches, dans leurs familles, leurs amis ou relations de travail des personnes qui sont restées sur le carreau. Tous ont été victimes directes ou collatérales de cette guerre civile. C’était leur quotidien, qu’ils soient d’un bord ou de l’autre, voire d’un troisième qui n’en avait pas grand-chose à faire de tout ça.Personne n’a vraiment oublié, mais tous pour la plupart, se souviennent que l’humour, les blagues éclairaient leur quotidien. Aujourd’hui, ils sourient encore considérant que la pandémie, le couvre-feu ne font pas réellement le poids face à la décennie noire. On en reparle dans quelques années.