La semaine dernière, on a beaucoup lu que la première sortie dans l’espace 100% féminine avait été annulée faute de combinaisons pour femme. C’est faux.
La Chronique Textile, c’est tous les jeudis dans Pour que tu rêves encore, la matinale de Nova. Vous pouvez lire celle d’aujourd’hui ci-dessous, ou bien l’écouter en podcast, ici.
Ça devait être un pas de géant pour la Femme. La première sortie spatiale 100% féminine depuis la Station spatiale internationale (ISS) a eu lieu vendredi dernier. La seconde, qui devait se faire 29 mars, a été annulée. Seule l’une des astronautes, Christina Koch, y participe finalement. La seconde, Anne McClain, a été remplacée par un homme. La raison officielle : il n’y avait pas assez de combinaisons à la taille des deux astronautes.
La plupart des médias ont crié au sexisme et se sont indignés qu’il n’y ait pas assez de combinaisons pour femme à bord de l’ISS. En réalité, il n’y a pas de combinaisons pour femme. Ni d’ailleurs de combinaison pour homme.
C’est pas tout à fait ça.
Il y a trois tailles : M, L et XL. Le problème étant qu’Anne McClain a fait une première sortie vendredi dernier, dans une combi en taille M, et qu’elle a décidé que cette taille était mieux adaptée que la taille L qu’elle avait prévu de porter pour la sortie historique du lendemain. Pour des raisons de sécurité, elle a donc décidé de demander un taille M, la même que son acolyte, Christina Koch.
The Exp 59 crew checks spacesuits and procedures before tomorrow’s spacewalk while maintaining the orbital lab and conducting space science. https://t.co/CVnqG5WSUu pic.twitter.com/VI8PvqbXhk
— Intl. Space Station (@Space_Station) March 21, 2019
Il y a bien deux combinaisons en taille M sur l’ISS, mais seule l’une d’entre elles est configurée. Il n’était pas prévu que les deux femmes aient besoin de la même taille en même temps. La préparer pour cette mission en aurait repoussé la date, un luxe que ne peut s’offrir la NASA dont le calendrier est très précis. C’est plus facile, et moins dangereux, de changer d’astronaute. Et tant pis pour l’image.
Une longue configuration
Les combinaisons sont composées de différents modules. On peut donc les utiliser en kit et adapter certaines parties, comme le torse et les jambes, à la morphologie des astronautes. Chaque pièce est testée, avec les astronautes dedans et ça prend énormément de temps. Il faut vérifier l’électronique, les fuites potentielles, l’oxygène, le système d’eau, l’équipement, la ventilation… Rien que le test de pressurisation et du circuit d’eau dure toute une journée.
Au sol, les tests sont fait en piscine. Mais ils ne sont jamais parfaitement fiables. Il y a, par exemple, une difficulté à évaluer la taille, car le corps grandit dans l’espace, de quelques centimètres. Anne McClain a d’ailleurs tweeté qu’elle avait grandi de 5cm depuis son départ de la Terre.
En plus, les combinaisons actuelles, qu’on appelle EMU, datent des années 70. Elles sont vétustes. Il n’y en a plus que 11 en activité, sur les 18 du départ. Et beaucoup sont en réparation. Elles posent plusieurs problèmes : elles sont trop lourdes (plus de 100 kilos), elles sont modulables, donc avec plein de zips, ce qui s’avère très risqué, il est difficile de bouger à l’intérieur et elles sont tout simplement difficiles à enfiler et à régler.
No ordinary battery swap & work day routine. Pics from suiting up Anne & Nick for their first spacewalk! 7 hours later, success upgrading the batteries that allow us to have power even when we’re shadowed by the Earth from the sun! Great day of teamwork both on and off the Earth. pic.twitter.com/a3R6y2jC7Q
— Christina H Koch (@Astro_Christina) March 25, 2019
À quand les combis pour Mars ?
Par ailleurs, ces combinaisons ne sont pas faites pour aller sur une lune de Mars, ou sur Mars, ce que vise maintenant la Nasa. 200 millions de dollars ont déjà été dépensés pour y remédier, mais le manque de visibilité sur les programmes spatiaux à venir rend le développement difficile. Il faudrait un prototype à tester dans l’espace avant 2024, date à laquelle la station doit s’arrêter.
Pour l’instant, on en est encore loin, d’après la Nasa elle-même. Les recherches se tournent donc vers des combis individuelles, faites à la mesure des astronautes. Anne McClain et Christina Koch font partie de la promo 2013 de la Nasa, une promo parfaitement mixte. Avec de plus en plus de femmes astronautes, on va donc pouvoir concevoir et développer des combis pour femmes et éviter ce genre de malentendu.
Visuel Twitter/ Intl. Space Station