Un roman pour conter une transmission de la résistance : rencontre.
De l’oral à l’écrit, c’est le travail de Nora Hamdi, écrivaine et auteure du très beau livre « La maquisarde« paru récemment aux éditions Grasset, travail de mémoire et de réconciliation. Dans ce dernier opus, cette jeune femme paisible nous offre le récit d’une expérience unique, il s’agit de la vie de sa propre mère et, à travers elle, celle de beaucoup de femmes d’apparence soumises mais tellement puissantes ! Un travail qui mérite le respect tant le témoignage recueilli est rare, sa mère enfermée dans un mutisme se met soudain à raconter ses années de résistance dans son village, comme si la disparition de sa propre mère l’obligeait à passer le témoin à sa fille, une histoire de mère en fille où l’oncle maternel joue le rôle de gardien de la mémoire. La guerre d’Algérie racontée comme dans un film, avec ses plans séquences et ses travelling dans les paysages du maquis kabyle, l’histoire d’une jeune fille de seize ans qui comprend grâce à ses rencontres dans les camps d’internement les valeurs de la résistance avec Suzanne, l’infirmière et Jacques, le curé, la trahison aussi avec les harkis qui n’hésitent pas à en rajouter dans la cruauté. Un récit apaisé et plein d’espoir à lire absolument par ces temps agités.
Nora Hamdi a déjà publié quatre romans et quand je lui demande d’où lui vient cette façon cinématographique de conter des histoires, « de la peinture » me dit-elle avec un sourire entendu ; elle a bien connu Radio Nova aussi, quand elle venait dans les années 90 voir ses copains rappeurs freestyler dans les studios. Elle adapte en 2008 pour le cinéma, son roman remarqué « Des poupée et des anges » et grâce à ses études aux Beaux-Arts manie l’art du graffiti. Nora Hamdi, vous pouvez l’écouter aussi dans l’excellent Pudding de Nicolas Errera et Jean Croc , et généreuse, elle offre ses souvenirs à Marion Armengod et surtout retrouvez son récit émouvant dans « La maquisarde » (Grasset).